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Publié le 01/02/2009
Charles de Gaulle et la Chine

Dans un monde menacé par des diverses formes de désordre, les forces constructives françaises et chinoises sont très utiles de manière indépendante — de l'ONU au marchés financiers, des laboratoires aux université — leur efforts conjoints de coopération sont indispensables.

David Gosset

(l'auteur est directeur d'Academia Sinica Europaea à la China Europe International Business School, à Shanghai, et a crée le Forum Euro-China)

De nombreuses personnes ont à l'envi attribué à l'empereur français Napoléon une déclaration que ce dernier n'a probablement jamais prononcé et qui est progressivement devenu un vulgaire cliché « Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera ». Lors d'une conférence de presse organisée le 9 septembre 1965, le président français Charles de Gaulle fit part d'une opinion bien moins tranchée et plus précise « Tout indique que le mouvement va se poursuivre, parce qu'on voit bien qu'il y a tout un ensemble de faits, d'une immense portée qui disons est à l'œuvre, actuellement pour repétrir l'univers. Il y a la profonde gestation qui se produit dans l'énorme Chine et qui la destine à un rôle mondial de premier plan », avait-il indiqué. Il est indéniable que la résurgence de la Chine modifie l'échiquier mondial des pouvoirs de manière progressive et pacifique, ce qui ne découle pas sur une brusque interruption, ni de violents bouleversements.

La Chine n'est pas une nation, ni un Etat-nation, il s'agit avant tout d'une civilisation « très particulière et très profonde. » -- Charles de Gaulle

Le 27 janvier, nous avons célébré le 45e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la République populaire de la Chine (RPC). D'un point de vue français, la reconnaissance à part entière de la RPC, fut après tout, une décision de M. de Gaulle, l'un des plus brillants chefs d'Etat de la République française et l'une des grandes figures de la politique mondiale du 20e siècle.

Dans le contexte géopolitique des années 1960, la vision de M. de Gaulle fut tout simplement visionnaire et constitue une parfaite illustration de sa capacité à discerner les tendances historiques fondamentales à partir d'évènements plus spectaculaires mais moins prépondérants.

Son exceptionnelle sagacité et son sens de la stratégie furent non seulement à l'origine de la relation spécifique entre Paris et Beijing, mais par ailleurs l'esprit de sa décision révolutionnaire reste une référence pour aiguiller la coopération sino-française. Cet événement devrait certainement être perçu comme une source d'inspiration pour surmonter la tension sino-française qui a caractérisé l'année 2008.

Seuls les membres du camp soviétique reconnurent immédiatement le nouveau régime chinois en 1949. Bien que la Suède, le Danemark et la Suisse établirent des relations diplomatiques un an après que Mao Zedong ait proclamé la naissance de la RPC, la France fut la première des grandes puissances occidentales à décider d'instaurer des relations diplomatiques avec la Chine en consentant à des échanges d'ambassadeurs.

Cependant, lorsque M. Lucien Paye, qui avait officié en tant que ministre de l'Education, fut nommé par de Gaulle en tant que premier ambassadeur de France en Chine, la RPC, du haut de ses quinze ans, était non seulement aux prises à une lutte idéologique avec le monde occidental, mené par les Etats-Unis mais était également en conflit avec ses deux gigantesques voisins, l'Inde et l'URSS.

Lucien Paye (à gauche), premier ambassadeur de France en Chine, présente ses lettres de créance au président de la RPC, Liu Shaoqi, le 31 mars 1964.

Eus égards à la domination des Etats-Unis après la Seconde guerre mondiale, l'ouverture du président de Richard M. Nixon à Beijing en 1970 fut un tournant géopolitique de prime importance. De nombreux analystes m'ont souvent fait part de leurs théories quant à la diplomatie triangulaire des Etats-Unis qui exploita la rivalité entre Beijing et Moscou, un emploi ironique de leur part de la stratégie chinoise de « contrôler les Barbares par les Barbares ». Henry Kissinger, conseiller pour les affaires de la sécurité nationale conçu et orchestra de main de maître ce tournant diplomatique, mais reconnut également la clairvoyance du Général de Gaulle. « Fait intéressant, le dirigeant qui fut le premier à percevoir les opportunités provoquées par la rupture sino-russe fut l'un des piliers de la diplomatie européenne, de Gaulle », écrivit Kissinger dans son livre Diplomatie, publié en 1994.

Dans les années 1960, isolée sur la scène internationale, la Chine fut également aux prises avec une crise interne d'une importance non négligeable. En 1958, le gouvernement central souhait accélérer le rythme d'industrialisation du pays à travers le « Grand bond en avant ». Cela fut un retentissant désastre économique.

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