Regard sur la politique diplomatique du gouvernement Obama envers la Chine |
Quatre facteurs d'instabilité Premièrement, il s'agit du revirement éventuel de l'équipe Obama. Bien que les relations sino-américaines aient presque dépassé la phase où un changement du camp gouvernemental puisse engendrer de grands changements politiques, la victoire présidentielle de Barack Obama revêt une signification historique sans précédent pour la société et la politique des Etats-Unis. Son point de vue envers la Chine reste difficile à percevoir. L'ex-président américain Bill Clinton, qui comprend parfaitement la véritable signification des relations américano-chinoises, encourage activement la coopération et l'établissement des relations de partenariat stratégique constructif entre les deux pays. C'est pourquoi, il semble naturel qu'Hillary Clinton connaisse profondément l'importance des relations américano-chinoises. Elle les avait décrit comme « les relations bilatérales les plus importantes du 21e siècle », dans un article qu'elle avait écrit pour le magazine Diplomatie. Bien entendu, elle a visé à sortir de l'ombre de son mari. Le vice-président Joe Biden joue un rôle tout aussi particulier. Célèbre figure politique à Washington, sa riche expérience diplomatique est bien appréciée par Obama. Ainsi on estimait que son rôle dans la diplomatie américaine serait similaire à celui de Richard Bruce Cheney. Cependant, l'irruption à mi-chemin de Hillary Clinton démonte cette estimation, car elle semble plus forte et intransigeante. Le niveau de sincérité et de cohésion de ces trois personnes est une condition préalable pour analyser les relations extérieures américaines des prochaines années. Deuxièmement, attachons-nous au changement de la structure gouvernementale des Etats-Unis. Cette édition de la campagne présidentielle marque non seulement la victoire individuelle de Barack Obama, mais surtout la victoire du Parti démocrate. En effet, celui-ci est parvenu à obtenir les clés de la Maison Blanche par une supériorité écrasante, remportant dans la volée le Sénat et la Chambre des représentants. Cette structure est à double tranchant pour les relations sino-américaines : si le gouvernement américain veut renforcer les relations des deux pays, ils rencontreront moins d'obstacles ; sinon, si le Congrès veut créer intentionnellement des difficultés à la Chine sur quelques questions, peu de choses le restreindra. Revenons sur les querelles intestines entre les services importants du gouvernement américain concernant la Chine. Il existe depuis toujours des disputes pour la domination entre le Département d'Etat, le Département de la Défense et le Conseil de la sécurité nationale. Dès le 21e siècle, les rôles des Départements du Trésor, du Commerce, de l'Energie, de la sécurité intérieure et des différentes agences de renseignement sont de plus en plus importants. Du fait de la nomination d'Hillary Clinton, il semble que le Département d'Etat jouerait un rôle plus grand que celui du Conseil de la sécurité nationale, dès l'investiture du nouveau président. La dispute pour maîtriser le dossier chinois entre le Département d'Etat et le Conseil de la sécurité nationale et le Département du trésor sera un bon indicateur pour observer les changements de la structure gouvernementale des Etats-Unis. Troisièmement, il faut prêter attention au changement du contexte social des Etats-Unis. La société américaine connaît de nouveau une nouvelle vague, celle du retour du libéralisme, au détriment du conservatisme. La victoire de M. Obama et du Parti démocrate est dans un certain sens le produit du choc de deux lignes politiques et de deux courants d'opinion. Ce changement patent résulte non seulement de la grande erreur stratégique de G.. W. Bush et de la perte de la base sociale de la ligne conservatrice du Parti républicain, mais également de l'évolution historique de la société américaine ces dernières années. La proportion des personnes de couleur dans la population américaine s'accroît : de 23 % il y a dix ans à 34% aujourd'hui ; la génération du « baby boom », qui est dans son grand ensemble proche de l'âge de retraite, imposera au gouvernement une plus grande pression économique ; une dizaine de millions d'immigrés clandestins revendiquent ensemble une place dans cette société et la possibilité de défendre leurs droits et intérêts, devenant un des facteurs d'instabilité de la société. Tout cela montre que les forces sociales dans les zones de l'industrie manufacturière augmentent leur influence, que les voix appelant au protectionnisme commercial connaissent un plus grand écho, et que la population demandant plus de bien-être social et de protection gouvernementale se fait davantage étendre, ce qui pourrait avoir des effets défavorables aux relations sino-américaines. Bien qu'il refuse qu'on lui colle l'étiquette de protectionniste, M. Obama sera contraint d'agir au gré des changements de la condition intérieure. Quatrièmement, il s'agit du changement du contexte international. Au regard de la situation actuelle, la porte de sortie reste encore assez éloignée pour la crise financière de Wall Street, qui a frappé non seulement le domaine financier, mais fait souffrir également l'économie substantielle et l'économie mondiale. Ainsi le redressement de l'économie sera une affaire des plus importantes pour le gouvernement Obama. Si la Chine peut favoriser la réussite de cette mission, M. Obama sera très content de promouvoir davantage les relations américano-chinoises ; sinon, les relations des deux pays pourraient voir se profiler des défis sans précédent. Par ailleurs, sur des questions internationales comme le changement climatique et la protection de l'énergie, M. Obama montrera certainement une attitude intransigeante. En effet, en raison de la négligence du gouvernement Bush sur ces problèmes, qui fait fréquemment l'objet de critiques de la part de l'Europe, l'image internationale des Etats-Unis s'est détériorée. M. Obama veut reprendre le thème du climat et de l'énergie et faire valoir la capacité d'action du Parti démocrate en la matière, afin de regagner le droit à la parole. En cette matière, son espoir envers la Chine augmentera relativement. |