Aide-toi, le ciel t'aidera |
Jin Duoyou Agriculteur dans sa trentaine, Wang Dezhi a vécu son âge tendre dans les prairies de la commune de Yuejin (Mongolie intérieur). Dès son plus jeune âge, Wang Dezhi affichait une prédilection pour la lecture, malgré la relative obscurité de son logis, tandis que les amis de la famille buvaient de l'eau de vie ou jouaient aux cartes afin de tromper le temps, la saison hivernale dans la région étant traditionnellement rude et monotone. Pour les jeunes issus des régions rurales, l'université est le seul exutoire à la pauvreté et à un destin scellé dans les champs. Dès sa plus tendre enfance, Wang caressait l'ambition de venir à bout de la fatalité, en lisant régulièrement des livres afin de se préparer à l'avenir aux concours d'entrée à l'université. L'adolescence vint néanmoins brutalement anéantir ses illusions : en raison du fardeau financier qui reposait sur les épaules de la famille et de la scolarisation en école primaire de ses deux frères, Wang fut contraint de délaisser les bancs de l'école et de retourner travailler à la terre. L'annonce de cette nouvelle fut dévastatrice. Les années qui suivirent, virent ce jeune adolescent et son père sillonner les marchés de sa terre natale. Un jour tailleur de pierre à flanc de montagne, l'autre à vendre des légumes sur les étals, leurs maigres revenus couvraient à peine leurs dépenses quotidiennes. Le foyer vivait de manière très modeste. A l'approche de la vingtaine, Wang devait selon la tradition rurale prendre épouse et donner naissance à un enfant. Peu enclin à suivre la voie paternelle et à errer toute une vie dans ce hameau désert, il décida de prendre la tangente. En 1995, à l'approche de la nouvelle année, le jeune homme mit la main sur un petit butin sur l'époque : en dérobant 700 des 2 000 yuans de la vente des céréales, il trouva enfin une porte de sortie. Son larcin lui insuffla une grande confiance et il acquit un billet de train vers la capitale, attiré par les lumières de la ville. Du fait de sa scolarité prématurément écourtée, ce jeune rural n'avait aucune compétence, que ce soit sur le plan technique ou en artisanat. L'objectif de son départ, d'une candeur incommensurable, était de brûler les planches en s'adonnant au xiangsheng (forme d'art théâtral chinois, voisine du dialogue comique) dans le cadre de la soirée de gala de la Fête du Printemps de CCTV (Télévision Centrale de Chine). Le jour suivant de son arrivée à Beijing, Wang Dezhi se rendit dans les locaux CCTV avec dans ses bagages, un scénario de xiangsheng, rédigé de ses propres mains. Comme entendu, après avoir exposé ses motivations, le garde des lieux l'avait empêché de pénétrer dans l'édifice, lui prodiguant le conseil avisé suivant : « Vu que le programme de cette année a déjà été statué, tu pourras toujours retenter ta chance l'année prochaine. » Battant le pavé aux alentours de la station de télévision tout l'après-midi, il exhorta, sans succès d'autres employés à le laisser passer ni vu, ni connu. Ses espoirs anéantis, celui-ci baguenaudait alors jour après jour dans la mégalopole, jusqu'à l'épuisement de son pécule. Après ses désirs de renommée, Wang dut se résoudre à quelque de plus terre à terre, à un travail alimentaire qu'il dénicha dans un restaurant non loin de la Gare de l'ouest de Beijing. Il entreprit ensuite l'existence d'un caméléon, tour à tour cuisinier, boulanger, porteur d'eau et milles et autres métiers. Ces diverses professions lui permirent néanmoins de voir son salaire progresser de 300 yuans, il finit par gagner 1 000 yuans en l'espace d'une décennie. |