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Publié le 03/11/2008
Réponse à la crise

Coexistence du défi et de l'opportunité

Sous la pression de la crise financière américaine, la Corée du Sud est désireuse d'intensifier la coopération financière en Asie de l'Est et de démarrer au plus vite le plan de fonds de devises avec la Chine et le Japon.

L'idée de créer le fond de devises est née lors de la Xe réunion des ministres des Finances ASEAN+3 (Chine, Japon et Corée du Sud) à Tokyo en mai 2007. Les ministres ont proposé de changer en mécanisme multilatéral l'initiative de Chiang Mai, qui vise à remédier au manque de fonds de devises en se basant sur un mécanisme bilatéral de conversion de monnaie. En mai 2008, lors de leur XIe réunion annuelle à Madrid, ils se sont mis d'accord sur l'envergure de fonds de devises. Sur 80 milliards de dollars au total, 80% seront versés par la Chine, le Japon et la Corée du Sud, et le reste sera à la charge des pays de l'ASEAN. Cette somme sera destinée à aider certains pays à court de devises et de préserver le système financier de la région de l'attaque des capitaux spéculatifs.

Il semble que l'établissement du fonds, qui est prévu l'année prochaine, a besoin d'être anticipé, en dépit du fait que certains problèmes en matière technique ne soient pas encore résolus. Pour les pays de l'Asie de l'Est, le plus grand défi résulte de leurs différentes vues sur la politique financière, de l'imperfection de leur système financier et de l'absence d'un mécanisme de régulation financière régional.

La bourrasque financière qui avait frappé l'Asie en 1997 a directement motivé la coopération financière des pays de l'Asie de l'Est. Le Fonds Monétaire International a souvent attaché des conditions dures à son aide aux pays victimes de la crise, ce qui les a poussé à compter sur leurs propres forces. Dans leur réunion tenue à Chiang Mai en Thaïlande en mai 2000, les ministres des Finances de l'ASEAN, de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud étaient unanimes à adopter l'« Initiative de Chiang Mai ». Outre l'élargissement du réseau d'échanges de monnaies, les ministres ont invité les pays de l'ASEAN à signer des accords d'échange bilatéraux avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud selon le principe du libre consentement. Dans le cadre de cet arrangement, quand la balance de paiements d'un pays est déséquilibrée, d'autres pays lui fourniront des fonds de secours afin de stabiliser le marché financier de la région. Cet arrangement bilatéral est le prototype du mécanisme multilatéral du Fonds de devises d'Asie orientale actuellement en discussion. Dans le cadre de l'« Initiative de Chiang Mai », les pays concernés ont également accepté de créer un système de support fiable pour surveiller leur situation financière. Aujourd'hui, les efforts d'établissement de ce système sont encore concentrés sur le « renforcement du mécanisme existant d'évaluation économique et de dialogue politique ».

En fait, l'« Initiative de Chiang Mai » vise principalement à atténuer le ravage causé par l'argent chaud aux PME et à empêcher des réactions en chaîne dans la région. L'une des principales caractéristiques de la crise financière asiatique en 1997 est que les spéculateurs internationaux ont amplifié l'explosion de la bulle économique en Thaïlande, produisant un effet domino dans la région.

L'entraide régionale au niveau de devises étrangères pourrait contribuer à neutraliser l'effet d'amplification. Mais on s'interroge sur l'adaptabilité de cette approche à la crise financière mondiale d'aujourd'hui. Pour les pays de l'Asie de l'Est, la principale menace de la crise financière américaine est la destruction de leur économie substantielle due à la récession du marché d'exportation. Ils doivent se mettre en garde contre les répercussions économiques potentielles. Quant à la Corée du Sud, le problème est que ses forces économiques ne parvenant pas à soutenir l'ouverture excessive de son système financier, la résolution de ses problèmes institutionnels devient donc la première tâche du pays.

A en juger par le rebond considérable du dollar en dépit de la détérioration croissante de la situation financière aux Etats-Unis, il se peut que les capitaux flottants commencent à se retirer du marché d'outre-mer. Les fluctuations de taux de change résultant de vastes mouvements de capitaux sont difficiles à atténuer simplement par l'aide financière régionale.

Une coopération à long terme

Les besoins internes remplaceront tôt ou tard les facteurs externes pour devenir la force motrice de la coopération financière en Asie de l'Est. Actuellement, le principal sujet de discussion est l'effet stimulant de la crise financière asiatique et de l'affaiblissement du dollar sur la coopération financière en Asie de l'Est et l'effet catalyseur de la crise financière américaine. Mais le motif réel du rôle central du dollar dans la stabilité financière de l'Asie de l'Est est l'imperfection structurelle de l'économie régionale en matière de concurrence interne et de dépendance extérieure.

Changer l'économie orientée ver l'exportation en celle conduite par la demande intérieure est loin d'être suffisant pour résoudre ce dilemme structurel. Les pays de l'Asie de l'Est devront mettre en place un mécanisme de coopération régionale dans divers domaines tels que la mise au point des produits et technologies, ainsi que la circulation des fonds de production, afin de créer une synergie régionale. Le lancement du fonds de devises est seulement un prélude à une plus large et profonde coopération financière régionale. Pour prévenir radicalement la crise, les pays concernés devront renforcer leur coopération en matière de contrôle du marché financier et de construction du marché de capitaux régional. Il sera impossible d'atténuer l'impact du mouvement des capitaux internationaux avant que l'investissement mutuel au sein de la région n'occupe la position prédominante. De plus, il faudra entamer la coopération financière régionale dans le cadre de l'intégration de l'économie régionale, et en faire un propulseur du processus d'intégration.

 

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