Esquiver la crise |
La crise financière qui frappe actuellement les Etats-Unis n'épargne pas la Chine de ses effets négatifs, mais lui offre certaines opportunités ainsi que l'occasion de tirer des enseignements pour le pays. Lan Xinzhen La crise financière américaine fut le sujet brûlant de la réunion d'été du Forum économique mondial, organisée fin septembre dans la ville portuaire chinoise de Tianjin. Plus d'un millier de participants ont ainsi pu discuter de ce que serait le rôle de la Chine dans la direction de l'économie mondiale dans les années à venir, ainsi que du développement économique du pays. A la lumière des récents évènements, les entreprises chinoises, tout comme d'autres entreprises internationales, se préparent à faire face aux défis occasionnés afin de pouvoir assumer dans le futur un rôle prépondérant au niveau de la sphère économique mondiale. Comment gérer les risques qu'implique cette crise, fut la question au centre de toutes les discussions lors de cette réunion annuelle des nouveaux champions économiques, également connue sous le nom du deuxième Forum d'été de Davos.
Liu Mingkang En tirer le meilleur parti La crise financière secouant les Etats-Unis affecte directement l'industrie bancaire de la Chine. Beaucoup de banques chinoises sont en affaires avec les établissements financiers américains, et la Chine considère en outre le marché financier américain comme un modèle pour mener sa réforme financière. Liu Mingkang, président de la Commission de supervision bancaire de Chine (CBRC) et l'un des intervenants lors de ce forum, a affirmé le 27 septembre qu'en dépit de la tourmente financière actuelle, la Chine saisirait cette occasion pour améliorer son système de partage d'information. Il a ajouté que la CBRC avait d'ores et déjà coopéré avec les régulateurs bancaires de différents pays et signé 32 protocoles d'entente en matière de coopération. « Dès le début de ce tumulte financier, nous avons fourni un certain nombre d'informations capitales, et fait part de notre opinion aux régulateurs financiers des autres pays en toute amitié, mais également en toute franchise », explique Liu. Ce dernier a par ailleurs confié que la CBRC adopterait des mesures pour protéger plus efficacement les déposants et leur éviter des pertes dues à la crise financière, sans toutefois en préciser les détails. Le 16 septembre, jour où Lehman Brothers Holdings Inc. a annoncé son dépôt de bilan, la Banque populaire de Chine (la banque centrale chinoise), a décidé de baisser les taux d'intérêt des prêts ainsi que le taux de réserves obligatoires des banques afin de favoriser la circulation des liquidités sur le marché. Il s'agit là d'une action parmi d'autres décidée par la banque centrale pour desserrer la stricte politique monétaire en vigueur depuis plus d'un an dans le pays. Lors des premières manifestations de la crise américaine, certains économistes chinois ont suggéré l'achat par les institutions financières chinoises, de valeurs financières américaines. Toutefois Jiang Jianqing, président du Conseil d'administration de la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC), a affirmé quant à lui lors d'une réunion organisée dans le cadre du forum le 27 septembre, que sa banque ne mettrait pas la main à la poche et s'abstiendrait d'acquérir des titres financiers américains dépréciés. « Nous souhaitons poursuivre nos investissements dans le cadre d'une stratégie, non pas en fonction de la situation financière », commentait ainsi Jiang. Liu a par ailleurs ajouté que l'industrie bancaire chinoise était tout à fait disposée à s'attacher les services des talents de Wall Street ayant perdu leur emploi. |