Ann Hui, première femme lauréate du Prix de la culture asiatique de Fukuoka |
Frédéric Lepape La réalisatrice Ann Hui, native de la ville de Anshan, dans la province nord-orientale du Liaoning, vient de recevoir le prestigieux grand prix de cette ville japonaise. Parrainé par la municipalité de Fukuoka et la fondation Yokatopia (organisatrice depuis 1989 de l'Exposition Asie-Pacifique dans l'agglomération), ce prix récompense l'apport exceptionnel à la préservation, la création et la diversité des cultures asiatiques. La cinéaste s'est distinguée depuis plusieurs années par ses œuvres exigeantes qui firent d'elles l'une des plus grandes représentantes de la Nouvelle vague hongkongaise, aux côtés notamment de Wong-Kar Wai. Née dans le Nord-Est chinois de père chinois et de mère japonaise, Hui vit dans la cité du Port parfumé depuis l'âge de cinq ans. Diplômée en littérature comparée à l'Université de Hong-Kong celle-ci poursuivit sa formation dans la prestigieuse Ecole internationale du film de Londres, l'une des plus anciennes du Vieux continent, qui vit éclore des réalisateurs célèbres tels que le Britannique Mike Leigh ou l'Américain, Michael Mann. Ses débuts professionnels eurent tout d'abord lieu sur le petit écran, pour la production de nombreux documentaires, dont le remarquable The Boy from Vietnam pour la radiotélévision hongkongaise en 1978, qui sera par la suite complété par deux longs métrages autour du même sujet. La reconnaissance ne vint à tarder avec son premier opus Le Secret, un drame inspiré d'un faits divers de meurtre, dans lequel joua la célèbre actrice Sylvia Chang, opus unanimement salué par la critique. Avec L'histoire de Woo-Viet et Boat People : passeport pour l'enfer, tous deux réalisés au début des années 1980, celle-ci examina les difficultés des réfugiés vietnamiens. Après l'adaptation de plusieurs romans de l'écrivaine Eileen Chang et de romans chinois de cape et d'épée, celle-ci signa une de ses œuvres les plus touchantes, Le Chant de l'exil, qui aborde diverses questions telles que le déracinement, la perte de repères d'une mère en exil, pour lequel certains critiques avaient pu voir un parallèle avec sa vie personnelle. Cet opus lui conféra ses lettres de noblesse. Son dernier film, Notre manière d'être, qui retrace la vie d'une personne âgée et de sa famille confrontées à des difficultés financières a bénéficié d'un écho positif lors du dernier Festival international du Film de Hongkong. Après trois décennies derrière la caméra, Ann Hui est devenue la première femme auréolée du Prix de la Culture Asiatique de Fukuoka. Nul doute que cette passionnée de littérature chinoise et japonaise, saura y voir un symbole sur les terres natales de sa mère, formant ainsi une nouvelle passerelle d'échanges entre les deux pays.
Beijing Information
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