Valeur des avoirs de Lehman en Chine

Yang Zhizhong, PDG de l'agence gérant les activités de Lehman Brothers en Chine, avait exprimé aux médias le 15 septembre que l'entreprise parlementait à présent avec d'autres investisseurs éventuels qui avaient montré une volonté d'acheter les avoirs de l'entreprise des actifs productifs en Chine, qui avaient affiché une très bonne santé. Cela sembla apaiser certains investisseurs chinois qui détiennent des parts dans de tels actifs. M. Yang déclara également que les activités de Lehman seraient scindées, mais dédaigna révéler le nom des acquéreurs éventuels.

La Société de gestion de fonds Hua An n'est pas la seule entreprise à être entraînée par la chute du géant américain de la finance. Lehman Brothers inaugura ses activités sur le marché chinois en 1993. Le 30 juin 2008, elle possédait une part de 16 % dans l'entreprise China Investment Funds Co. Ltd, pour une valeur estimée à 90 millions de dollars, 35 % de la société de gestion de titres Sunac China Holdings Ltd., pour une valeur d'environ 200 millions de dollars ; ainsi qu'une part à hauteur de 20 millions de dollars dans l'entreprise productrice de tubes de cuivre Golden Dragon Precise Copper Tube Group Inc. ; et enfin une part de 10 millions de dollars dans Qunar.com, un moteur national de recherche touristique.

Qui plus est, Lehman Brothers détient 3,46 % de l'entreprise de services Ctrip.com International Ltd. et constitue l'un des 10 premiers investisseurs institutionnels de ce prestataire de services touristiques côté au NASDAQ. L'entreprise américaine fait également partie des 10 principaux actionnaires de baidu.com, premier moteur de recherche de langue chinoise. Des documents publics en provenance de Hong Kong Exchanges and Clearing Ltd. ont également mis en lumière le fait que Lehman Bros détient également un nombre considérable d'actions d'entreprise de la partie continentale de la Chine, telles que Lenovo, China Telecom, China Netcom, China Mobile et China Unicom.

Sur les marchés financiers, les investisseurs chinois qui détiennent des avoirs imbriqués avec le géant financier américain s'inquiètent du fait que le prix de ces derniers risques de plonger si Lehman les revend en vertu de la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Les entreprises ayant recours au chapitre 11 de cette loi aux Etats-Unis peuvent poursuivre leurs activités, cependant leurs créanciers et le tribunal doivent se mettre d'accord sur un plan qui leur permet de renflouer leurs dettes.

En dehors des turbulences sur le marché financier, les entreprises ayant bénéficié de l'investissement de Lehman Brothers pourraient être assaillies de nombreuses autres difficultés. La nuit où le mastodonte américain de la finance annonça sa mise en faillite, Sunac China organisa une réunion de crise de ses dirigeants afin d'aborder l'ampleur des répercussions de la banqueroute de Lehman sur l'entreprise. Les cadres de l'entreprise étaient persuadés que l'entreprise américaine leur revendrait ses parts. Si Sunac ne rachetait pas ses propres parts par l'intermédiaire de la banque d'investissement, elle devrait avoir recours à de nouveaux investisseurs.

« S'il s'agit d'investisseurs de qualité, Sunac serait très reconnaissante envers ces derniers », déclara Chen Hengliu, directeur adjoint de Sunac. « Il reste à savoir quelle partie prendra en charge l'héritage de Lehman au sein de l'entreprise. »

Certains économistes estimèrent que des entreprises à l'instar de Sunac China ne devaient pas se montrer si soucieux des possibles recoupements entre la faillite de Lehman et leurs entreprises.

« En réalité, la plupart des activités en Chine de cette entreprise américaine se portent bien. », renchérit He Liping, professeur d'économie à l'Université normale de Beijing. « Je recommanderais aux entreprises nationales de prêter une grande attention à l'évolution de la situation et de racheter les actifs si les conditions le permettent, lorsque Lehman revendra ses actifs en Chine. »

Le 18 septembre, Hua An déclara dans un communiqué publié sur son site Internet qu'elle garantirait les obligations structurées comprises dans son fonds QDII ; ce qui laisse entendre que l'entreprise de gestion de fonds puisse racheter les actifs de Lehman sur le marché chinois.

Les entreprises chinoises possédant des actifs de la société américaine ont toutes précisées qu'elles s'engageraient à reprendre les parts de leurs entreprises détenues par Lehman. He Liping estime que leur visée est de passer au travers des troubles économiques.