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Publié le 19/05/2008
Un esprit indestructible

Le tremblement de terre ravageur qui s'est produit dans la province du Sichuan a beau avoir emporté des milliers de vies, il a également rapproché toute une nation et a nourri les survivants d'espoir, avec l'idée que le pays pourrait surmonter toutes les tragédies.

 

Jing Xiaolei

 

Le chaos provoqué par les secousses régnait dans la ville de Dujiangyan (Sichuan). Parmi les décombres, on décèle les traces de ce qu'il n'y a que quelques jours, était encore un immeuble résidentiel. Tandis que vrombit le rugissement des grues, les soldats continuent de procéder à des excavations à un rythme frénétique et des riverains altruistes prêtent main aux opérations, ce qui a contribué à la mise au point des opérations de sauvetage. Ces derniers n'avaient qu'un objectif à cœur : sauver des vies, de manière efficace et rapide. Une équipe médicale patientait à leurs côtés.

Ce cataclysme a été provoqué par un séisme, d'une échelle de 8,0 sur l'échelle de Richter, qui a touché la province du Sichuan le 12 mai. L'épicentre du tremblement de terre fut localisé dans le district de Wenchuan, la ville de Dujiangyan se situant à proximité.

« Un homme encore en vie a été repéré. Il est à moitié enseveli sous une énorme surface de béton. Ses jambes ont subi de multiples fractures », s'exclame Liu Zheng, un officier de police d'un district voisin. Il nous a fait part du fait que les efforts de sauvetage de cet homme ont été initiés il y a à peine une demi-heure et qu'il serait question au minimum d'une demi-heure supplémentaire pour l'extirper de cet amoncellement.

« Ce ne sera pas une chose facile », a-t-il indiqué, et déclina la demande d'un journaliste de se rapprocher des lieux en raison de l'instabilité d'un édifice aux alentours, menaçant de s'écrouler. A proximité du périmètre de sécurité, M.Wang, un grutier, présente à notre journaliste les images d'un sinistré à moitié nu, qu'il avait photographié. Ces images dépeignaient un homme dans sa vingtaine revêtant un t-shirt rouge, recouvert de briques et de ciments jusqu'à la taille. Il était transi et du sang ruisselait sur son visage.

« J'espère qu'il pourra s'en sortir », a souhaité le grutier. A une poignée de mètres de là, deux infirmiers urgentistes restaient accroupis, un masque sur le visage et les yeux rivés sur le périmètre de sécurité, dans l'attente de leur intervention. L'un d'entre eux évoqua huit cadavres qui avaient été retrouvés dans ce seul bâtiment, dans la matinée du 14 mai.

De nombreux véhicules circulaient dans la ville. Des camions transportant une aide logistique et matérielle, des dépanneuses et des ambulances restaient perpétuellement sur le qui-vive.

A la bordure d'une rue principale, Chen Guiqin, cadre bancaire de 28 ans, restait accroupie, blottissant un chiot contre son corps. « Voyez-vous, je commence peu à peu à apprécier le bleu, c'est une couleur qui me rassure », a-t-elle reconnu. Derrière elle défile un long campement de tentes bleues, portant le caractère chinois « Secours aux sinistrés », qui flotte à l'horizon.

Mme Chen vivait auparavant dans la partie orientale de la ville avec sa famille, le tremblement de terre l'ayant contraint à errer dans la rue avec sa famille jusqu'au lendemain. Ils durent passer la nuit dehors, ce ne fut qu'au lendemain qu'ils trouvèrent leur nouveau « foyer » bleu, qui les protégea d'une pluie cinglante et glaciale.

« Vous ne pouvez vous imaginer à quel point je déteste passer la nuit dehors. J'estime que nous sommes extrêmement redevables des soldats qui nous ont fourni et installé cette tente », Chen s'adressait à son chiot, imaginant que celui était doué du don de compréhension. Elle narra à notre journaliste que tandis qu'elle et sa famille étaient miraculeusement sortis sains et saufs du séisme, de nombreux résidents de son immeuble étaient encore ensevelis sous les décombres.

Dans la commune de Xipu, à quelque 30 kilomètres de Dujiangyuan, trois grandes tentes avaient déjà été dressées autour du bâtiment principal de l'hôpital local, afin d'accueillir et de soigner les blessés.

« Nous avons déplacés les lits hors de l'hôpital afin d'éviter les répliques du séisme », a expliqué Gan Huashan, directeur de l'hôpital. Il poursuivit en indiquant que l'hôpital avait accueilli 96 patients victimes du séisme pour la seule journée du 14 mai et que pour près de la moitié d'entre eux, leurs jours n'étaient plus comptés, ils purent ainsi quitter l'hôpital.

Parmi les blessés abrités sous les tentes bleues, dont la plupart souffraient de traumatismes et de fractures, se trouvait un jeune garçon revêtant un t-shirt orange attrayant, qui restait paisiblement assis sur un lit. Son attention se tourna vers la nourriture qu'il tenait entre les mains et il garda la tête basse afin de ne pas attirer l'attention sur la grande cicatrice qu'il portait sur le côté droit de son visage.

« Mes camarades de classe me manquent terriblement maintenant », gémit le jeune garçon du nom de Xiong Yao, évitant de croiser les regards. Sa mère, qui se tenait à ses côtés, intervint et expliqua la raison pour laquelle son fils de 10 ans se trouvait à l'hôpital. Elle ne souhaitait pas lui faire revivre l'effroyable souvenir de cet après-midi du 12 mai.

Le petit Xiong, encore scolarisé en CM1 dans une école primaire de la ville, fut bousculé à la suite des secousses, alors que les étudiants de son école se ruaient vers les escaliers du bâtiment. Il fut si grièvement piétiné qu'il souffrit d'un choc émotionnel et perdit peu à peu connaissance.

« Les infirmières se mirent à pleurer à la vue de mon jeune fils, lorsqu'il fut transporté à l'hôpital par l'un des agents de sécurité et l'un des professeurs de sport. Elles n'avaient jamais vu un enfant si grièvement blessé. Les docteurs mirent tout leur cœur à le sauver et ils furent sans voix lorsqu'ils virent mon jeune enfant se remettre de ses blessures. C'était tout simplement un miracle », témoigna la mère de l'enfant.

Les patients hospitalisés suite au tremblement de terre reçurent un traitement et un abri gratuit de la part du gouvernement, qui leur fournit également des vivres, indiqua le directeur de l'hôpital M. Gan.

« Les docteurs et les infirmières ont été vraiment attentionnés et ils ont pris le plus grand soin à s'occuper de mon fils. Je suis tellement reconnaissante envers toutes les personnes qui nous ont aidées », reconnut la mère.

Le séisme a été le théâtre de scènes incroyables, des inconnus aidant les autres en faisant fi de leur propre personne. Une femme dans la cinquantaine du nom de Cai, qui vit dans une tente de Dujiangyan, se rappellera toujours du fait qu'un inconnu offrit des pains farcis à son petit-fils de 4 ans.

« C'était également une victime du séisme, dont les vivres étaient très peu nombreux. Il était seul et avait perdu tous les membres de sa famille lors de cette catastrophe. Il me dit que tout ce qu'il lui restait, c'était d'aider les plus jeunes », témoigna cette femme.

Dans la capitale provinciale, Chengdu, les habitants prirent les devants pour aider les sinistrés. De longues queues de dizaines de personnes se formèrent pour le don du sang, dans les unités mobiles de prélèvement de la ville. Un salarié du nom de Chen Dongliang, qui n'avait jamais donné son sang auparavant, demanda auprès de son entreprise un jour de congé pour donner sa part de contribution.

« J'ai tout de suite ressenti que je devais faire quelque chose lorsque j'ai vu les victimes au JT », a déclaré Chen, ajoutant qu'à la suite de son don, il se dirigerait vers le supermarché avec des collègues pour acheter suffisamment d'eau et de vivres, qu'ils transporteraient en voiture jusque Dujiangyan, puis rejoindre d'autres volontaires.


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