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Publié le 30/04/2008
BAC : Les derniers ne seront pas des moindres

La BAC est la dernière du « quatuor » des quatre grandes banques commerciales détenues par l'Etat à subir une restructuration. Le chemin sera long.

Lan Xinzhen

La Banque Agricole de Chine (BAC) a formé un nouveau comité interne le 24 mars afin de promouvoir le travail financier relatif aux agriculteurs, à l'agriculture et aux zones rurales. Cette mesure fut la dernière d'une série d'initiatives entreprises par la banque à capitaux étatiques afin de poursuivre la restructuration financière, partie intégrante de son programme de reconversion, évoluant d'une banque gérée par les autorités gouvernementales à celle d'une société cotée en bourse, régie par le système de l'actionnariat.

« Cela constitue une étape importante dans le processus de réforme de l'actionnariat de la BAC, synonyme d'entrée dans une nouvelle ère pour la réforme de notre banque », a déclaré Xiang Junbo, gouverneur de la BAC, dans un communiqué publié à la suite de la formation du comité.

La BAC est la dernière du « quatuor » des banques commerciales de propriétés étatiques à connaître une réorganisation intégrale, en préparation d'une prochaine cotation dans la Bourse de Shanghai. Le trio restant — la Banque Industrielle et Commerciale de Chine (BICC), la Banque de Chine (BDC) et la Banque de Construction de Chine (BCC) — ont déjà achevé sa réorganisation et ces sociétés sont d'ores et déjà cotées en bourse. La BAC n'a pas encore établi de date butoir pour l'achèvement de son conversion à l'actionnariat.

En termes d'actifs financiers, la BAC se classe la troisième des quatre banques commerciales du pays. Ses actifs financiers s'élevaient au total à 5,35 trillions de yuans (770 milliards de dollars) au terme de l'année 2006, date à laquelle furent publiés les derniers résultats en la matière. A titre de comparaison, ceux de la BICC s'élevaient à 7,5 trillions de yuans (1,07 trillion de dollars), ceux de la BCC à 5,45 trillions de yuans (779 milliards de dollars) tandis que ces chiffres pour la BDC atteignaient 5,3 trillions de yuans (757 milliards de dollars).

Une restructuration en quatre étapes

Une fois la restructuration de la BAC achevée, celle-ci deviendra une société cotée en bourse, régie par le système de l'actionnariat. Afin de parvenir à cet objectif, la Banque a décidé de poursuivre une démarche en quatre étapes, dont une réorganisation financière, une réforme du système d'actionnariat, l'entrée d'investisseurs stratégiques et la cotation dans la Bourse de Shanghai au moment opportun. Le ministère Finances et la SA d'investissement Central Huijin ont prévu de placer des capitaux au sein de l'entreprise, lorsque sa restructuration financière sera terminée.

La réorganisation financière de la BAC avait débuté en 2007. Jusqu'à présent, la banque avait délimité la qualité de ses prêts et des ses actifs non-prestataires, détaché les prêts de soutien à l'agriculture et régler les créances douteuses.

« Le dessein de ce remaniement financier est d'habiliter la BAC pour une cotation publique, qui est la mère de toutes les réformes », a indiqué un consultant collaborant avec le programme de réforme de l'actionnariat. « C'est pourquoi, la banque et le gouvernement sont extrêmement préoccupés par le remaniement ».

Pour cette banque, l'étape décisive de la restructuration financière se rapproche. A la suite d'une enquête minutieuse relative aux actifs de la BAC, les services gouvernementaux concernés ont formulé trois propositions afin de mettre en vente les créances douteuses, mais ces derniers ne sont pas encore parvenus à un accord sur le sujet. Un programme de réforme de l'actionnariat de la BAC avait été initié par la banque en 2007, au cours duquel celle-ci examina la manière d'établir une nouvelle structure de gestion par sa nature d'entité juridique et un plan de supervision. Parallèlement, elle entama la formation de diverses équipes professionnelles afin de contrôler le reclassement des ressources humaines, les audits externes, les affaires juridiques, le rachat des créances douteuses et l'entrée d'investisseurs stratégiques. Jusqu'à aujourd'hui, les équipes ont mené sans encombres le plan de réforme de la BAC.

Un développement tardif

Partie intégrante de l'accord de la Chine pour son adhésion à l'Organisation mondiale du Commerce, le pays devait ouvrir ses marchés financiers à la concurrence internationale à la fin de l'année 2006. Toutes les institutions financières détenues par l'Etat doivent pour ce faire prendre la forme d'entreprises régies par le système de l'actionnariat afin de se confronter à la concurrence sur les marchés internationaux. Selon l'ordre du jour du gouvernement chinois, la Banque chinoise de développement (BCD), l'une des trois plus grandes banques gouvernementales du pays qui lève des fonds pour les grands projets infrastructurels, devrait également débuter un programme de réforme de l'actionnariat cette année. Par ailleurs, plus de 200 banques locales, à capitaux étatiques nécessitent l'ouverture de programmes similaires.

Dans le cas de la BAC, sa réforme de l'actionnariat a un contexte plus compliqué par rapport aux trois autres grandes banques commerciales et son application requiert davantage de temps. Celle-ci reste la seule à devoir achever sa réforme et à devoir s'inscrire par cotation à la Bourse de Shanghai depuis que le gouvernement a entrepris ses premières mesures de réforme du secteur bancaire en 2002. Cette banque a également connu des difficultés que n'ont pas entrevues les anciennes banques commerciales appartenant à l'Etat. Il s'agit d'une banque commerciale, mais celle-ci doit assumer des responsabilités à caractère social en soutenant le développement agricole. Pour cette dernière, le principal obstacle qui se présentera sur sa route sera de parvenir à un équilibre entre les affaires commerciales et ses activités de soutien au développement agricole.

Wang Songqi, chercheur à l'Institut des finances de l'Académie des sciences sociales, nous a indiqué diverses raisons qui expliquent la position de la BAC, à la traîne par rapport à d'autres banques. Premièrement, elle possède le plus grand effectif des quatre grandes banques commerciales, avec 450 000 employés, a-t-il précisé. Elle détient également le plus grand nombre d'agences, au nombre de 41 000, ce qui constitue son plus grand fardeau et à l‘origine d'opérations des plus complexes. Cette banque a pris en charge la responsabilité de fournir des services financiers à l'appui du développement agricole selon la politique d'Etat et a accordé des prêts à des entreprises agricoles qui ne pouvaient générer de profits, ce qui a occasionné bon nombre de créances douteuses, a dévoilé ce dernier.

En outre, le nombre total de clients aptes à recevoir un prêt auprès de cette banque n'est pas aussi élevé que celui observé dans les trois autres plus grandes banques commerciales du pays, car la plupart de sa clientèle sont des foyers d'agriculteurs et des petites entreprises agricoles, qui pêchent par leur manque de garanties financières. Ce qui selon M. Wang implique que la BAC reste à la traîne par rapport à ses homologues, en termes d'efficacité de gestion.

Pendant de nombreuses années, le gouvernement avait eu tendance à coupler la réforme de la BAC avec la réforme intégrale du système financier rural, et les avait placé à la même hauteur lors de la formulation de propositions de réformes de cette banque agricole, nous a-t-il fait part. La réforme du système financier rural étant encore à un stade embryonnaire, la BAC a été abandonnée tandis que les réformes étaient entreprises pour les trois autres banques, a-t-il ajouté.

Bien que la réforme de l'actionnariat de la BAC ait été entamée en 2007, l'examen de sa candidature pour une cotation à la Bourse de Shanghai devrait nécessiter plusieurs années, avant d'être acceptée, a poursuivi M. Wang. Les trois banques commerciales auparavant propriétés de l'Etat, qui sont cotées sur cette place boursière, ont dû attendre trois ans avant de mener à bien leurs réformes de l'actionnariat. Il suffirait que la BAC nécessite le même laps de temps pour qu'elle puisse être cotée au plus tôt en 2010, a-t-il précisé.

Enfin notre spécialiste a indiqué que le programme intégral de réforme serait bien plus onéreux que celui de la BICC, celui de la BCC et de la BDC. La réforme de la BAC serait l'un des plus grands défis dans l'histoire du secteur bancaire chinois, a-t-il déclaré.

Des projets ambitieux

Au début du mois de mars, Xiang Junbo a déclaré aux médias que dans la foulée de la session annuelle de l'Assemblée Populaire Nationale (APN), la BAC avait prévu de devenir une banque intégrée fournissant des services financiers de haute qualité à une large gamme de clients. Il a poursuivi en réaffirmant que la banque s'efforcerait d'être au service des agriculteurs, de l'agriculture et des zones rurales, de relier les zones rurales et urbaines, de rejoindre le marché financier international et de couvrir complètement des opérations bancaires.

Malgré tous ces obstacles, M. Xiang a indiqué qu'il restait optimiste quant à la restructuration de la BAC et que son entreprise détenait des avantages comparés par rapport à ses concurrents. En effet, sa banque est la dernière du « quator » des banques commerciales dont le réseau s'étend à chaque district et bourg de Chine, a-t-il rappelé. Ce qui était auparavant considéré comme un fardeau pour cette banque agricole est maintenu devenu une carte maîtresse pour les activités de l'entreprise, car elle est la seule dans ce pays à posséder un tel avantage, a-t-il résumé.

Le président de cette banque agricole a également déclaré que son entreprise pourrait tirer pleinement profit de son vaste réseau en développant des activités financières dans les zones urbaines comme d'autres banques commerciales, au même titre que dans des services financiers ruraux pour les agriculteurs et les autres secteurs agricoles. Les autres acteurs du marché bancaire ne possèdent que très rarement de tels réseaux dans les régions rurales, a-t-il précisé.

A l'heure actuelle, la BAC possède le plus grand réseau de banque en ligne et le plus importante clientèle. Elle possède plus de 31 000 guichets, plus de 400 millions de comptes individuels de dépôt et plus des 600 000 clients pour des prêts à des entités juridiques à travers le pays.

Quant aux institutions financières internationales, la réforme de l'actionnariat de la BAC devrait leur fournir une occasion de taille d'étudier de plus près le marché chinois.

D'après le plan de restructuration de la banque, le ministère des Finances et la SA China Investment, le fonds souverain national, devraient placer des capitaux dans la banque et agir en tant qu'actionnaires d'Etat après que la BAC ait terminé son remaniement financier. Ces deux entités n'ont pas précisé le montant qu'elles avaient prévu d'investir pour y remédier. Parallèlement, des investisseurs stratégiques devraient faire leur entrée dans le capital de la banque.

Les investisseurs étrangers ont déjà affiché leur convoitise pour les marchés ruraux de Chine. Depuis l'ouverture des marchés financiers ruraux aux investisseurs étrangers à la fin de 2006, la SA HSBC Holdings est devenu la première banque transnationale à faire son entrée dans les zones rurales du pays. Elle a depuis fait des émules. Ce mouvement a tout d'abord commencé par la fourniture de services financiers dans les entreprises du secteur agricole de la ville de Suizhou, dans la province du Hubei, pour s'étendre ensuite à d'autres zones rurales. La banque China Standard Chartered a lancé au début de l'année un programme pilote afin d'accorder des prêts de micro-crédit à des agriculteurs de la préfecture d'Akesu, dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang.

Inciter les investisseurs étrangers stratégiques aptes à participer à la restructuration du secteur bancaire national est devenu l'une des mesures préconisées par les réformateurs du secteur. Il n'existe aucun obstacle qui n'empêche les entités étrangères de réaliser des investissements de capitaux dans la BAC. En terme d'actionnariat, les institutions financières étrangères devraient être en mesure d'acquérir plus de 25 % des parts totales. Afin d'attirer davantage de capitaux étrangers, la Commission de supervision bancaire de Chine avait déjà indiqué au début de cette année que les investisseurs étrangers seraient autorisés à acquérir plus de 25 % des parts des banques nationales.

La BAC espère par ce moyen que l'entrée des investisseurs étrangers lui permette d'améliorer ses opérations de gestion, ses méthodes de contrôle des risques, de partager les techniques de R&D sur de nouveaux produits financiers dans l'espoir de relancer la valeur de marché et la compétitivité de la banque et de garantir un bon retour sur investissement pour les investisseurs, a déclaré M. Xiang lors de la session de l'APN en mars dernier. Cependant, cette banque agricole ne sera autorisée à accueillir les investisseurs étrangers que lorsqu'elle sera devenue une société commerciale, a-t-il précisé.

D'après M. Xiang, la BAC possède des conditions suffisamment bonnes pour lui permettre d'être en mesure d'accueillir ses investisseurs stratégiques. Ceux-ci devront être des organismes internationaux d'investissement de premier ordre, ayant enregistré une rentabilité continue lors des années passées. Ils devront également forger un partenariat stratégique avec la BAC et non uniquement investir des capitaux ou se dédier à la spéculation.



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