Modifier la taille du texte

Modifier la taille du texte

Imprimer cet article

Commenter cet article

BEIJING INFORMATION
CULTURE Vidéos ÉDUCATION ET SCIENCES Panorama du Tibet VOYAGE E-MAIL
À LA UNE
Publié le 03/04/2008
Les réformes donnent un nouveau souffle au réseau électrique chinois

Les récentes tempêtes de neige qui ont momentanément paralysé le réseau électrique de Chine méridionale, ont également encouragé les dirigeants politiques chinois à procéder à une réforme des mécanismes de distribution et d'approvisionnement d'énergie.

Lan Xinzhen

« Les stratégies et les plans concernant le secteur de l'électricité ne sont pas en phase avec le rythme du changement climatique », a déclaré Wu Zhonghu, directeur du Centre de recherche national sur les énergies.

Wu poursuivit en indiquant qu'il regrettait amèrement les énormes pertes matérielles occasionnées par les fortes tempêtes de Chine qui ont accablé la partie méridionale de la Chine. Cependant, sa perception réside dans le fait que les tempêtes de neige puissent devenir un facteur de promotion des mécanismes de distribution et d'approvisionnement d'énergie. L'un des points fondamentaux de la réforme serait de supprimer les monopoles concernant les réseaux d'électricité.

Estomper les erreurs du passé

Les catastrophes naturelles, telles que les tempêtes de neige sont généralement faciles à gérer. Cependant la réforme du secteur de l'électricité et la suppression du système monopolistique seront une autre paire de manches. Il y a cinq ans, la réforme du secteur de l'énergie fut entreprise avec l'objectif affiché de « supprimer les monopoles et d'instaurer un système de libre concurrence ». Cinq années plus tard, cette réforme se solda par une tendance au déséquilibre de développement, certains projets de construction de centrales électriques dans certaines zones furent privilégiés tandis que la distribution de l'électricité de certaines contrées fut passablement placée sur la touche.

« Les générateurs d'électricité connaissent un progrès de plus en plus manifeste », a reconnu M.Wu.

Avant la réforme, les centrales électriques et les lignes à haute tension relevaient de la compétence de State Power Corp (Electricité de Chine). Afin de rompre avec le système monopolistique, la gestion des centrales électriques fut dissociée de celle des lignes à haute tension. Dans le domaine de la production d'électricité, on procéda à la création de cinq entreprises à savoir China Huaneng Group, China Datang Corp., China Huadian Corp., China Guodian Corp. ainsi que China Power Investment Corp. Chacune de ces entreprises de production et de distribution d'électricité détient environ 20 % des parts du marché national. Au niveau du transport de l'énergie électrique, deux autres entreprises furent établies : State Grid Corp of China (SGCC, Régie nationale du transport électrique) ainsi que China Southern Power Grid Co. Ltd (CSG, SARL de Régie de Chine méridionale de transport électrique), qui possèdent respectivement, 79,56 % ainsi que 20,44 % des parts de marché.

Selon la même source, au cours des cinq années précédentes, l'exploitation du marché s'est effectuée progressivement dans le secteur de la production d'énergie, la concurrence entre les différentes entreprises concernées se renforce et des capitaux d'origine diverse ont été injectés dans le système. Hormis ces cinq entreprises de production d'électricité, propriétés de l'Etat, des projets de centrales nucléaires, hydroélectriques et de champs d'éoliennes ont été développés. Les entreprises locales d'investissement énergétique coopèrent avec les administrations locales afin de concevoir des projets d'infrastructures de production d'électricité. Parallèlement, les capitaux étrangers, telles que les sociétés de participation financière CLP Holdings Ltds ou China Ressources, tout deux des établissements hongkongais, qui se sont disputés une part du gâteau du marché de production énergétique.

À l'approche de l'année 2008, la puissance brute totale en Chine a dépassé 700 millions de kW. Parmi les quatre entreprises publiques de production d'électricité, chacune disposait d'une capacité génératrice dépassant 60 millions de kW, soit l'équivalent de la capacité génératrice totale de la République de Corée. Inversement à la situation à laquelle on peut assister dans le domaine de la construction de centrales électriques, le marché des lignes à haute tension est toujours régi par un système monopolistique. L'investissement nécessaire à l'élaboration de lignes à haute tension connaît des restrictions, et c'est particulièrement ce domaine qui a pâti d'un retard considérable dans le secteur de l'énergie.

De récentes statistiques de la Commission nationale pour le développement et la réforme (CNDR) ont révélé que ces cinq dernières années, les investissements consacrés à la construction de lignes à haute tension étaient inférieurs de 35 % à ceux alloués à la construction de centrales électriques. Si l'on s'attache à la situation internationale, les investissements injectés dans la construction de lignes à haute tension constituent une part de 50 à 55 % de la totalité des investissements dans le secteur des énergies. « Administrer un marché d'une telle ampleur, et faire reposer les activités sur les épaules de ces deux seules entreprises, semble révéler une certaine défaillance », a témoigné M.Wu.

D'après ce dernier, l'accent qui a été mis sur les centrales électriques en faisant fi du développement des lignes à haute tension témoigne de l'extrême fragilité de ces dernières jusqu'à présent. Précédemment aux tempêtes de neige qui ont balayé le pays, de nombreuses coupures de courant d'une échelle réduite en raison de vents violents et de fortes chutes de neige. Du fait du retard considérable accumulé par la construction de lignes électriques, l'énergie électrique générée dans certaines localités ne put pas être transmise aux endroits réclamant son utilisation.

Les investissements inadéquats pour la construction de lignes électriques ont suscité toute l'attention du gouvernement et des entreprises publiques dédiées à ces activités. Depuis deux ans, ces deux acteurs uniques du marché ont considérablement augmenté l'investissement en relation à l'exploitation de leur activité. Pour la seule année 2006, les nouveaux investissements consacrés à la construction de lignes électriques ont atteint la rondelette somme de 210, 58 milliards de yuans (19,31 milliards d'euros), multipliant par deux les chiffres enregistrés en 2005. Cependant, les problèmes qui se sont agglomérés au fil du temps ne sauront être résolus au simple moyen de l'investissement à court terme.

Quel est le type de lignes électriques qui fait défaut ?

M.Wu estime que le secteur de la construction des lignes électriques en Chine nécessite une réforme minutieuse.

Il a également rappelé que selon les dernières prévisions, les missions principales de la réforme des mécanismes de distribution et d'approvisionnement d'énergie seront les suivantes : séparer les activités des centrales électriques et des entreprises de gestion du parc de lignes électriques et réorganiser la structure des entreprises productrices d'électricité et créatrices de lignes électriques ; établir un système d'appel d'offres pour les centrales électriques au même titre que la rédaction d'une réglementation d'exploitation du marché et des mécanismes de régulation gouvernementaux ; mettre sur pied en premier plan un marché régional concurrentiel et ouvert et dresser un nouveau mécanisme de régulation des prix de l'énergie. Cependant, les réformes ont ultérieurement pris un chemin différent des objectifs auxquels elles avaient été assignées, a concédé M.Wu. La SGCC, qui est ensuite devenue State Power Corp. (Electricité de Chine), a échoué dans sa noble tentative de renverser le système monopolistique et le modèle administratif et hiérarchique.

« La prochaine initiative que nous allons appliquer devra mettre l'accent sur la rupture des monopoles de gestion du parc électrique » a révélé M.Wu. Tout d'abord, la distribution et le transport de l'énergie électrique devraient être séparés afin d'attirer une plus grande clientèle pour les centrales électriques, non seulement les usagers de la SGCC ou de la CSG, un système de régulation des prix devra être adopté par les distributeurs et les producteurs d'énergie ».

Les propositions de M.Wu vont dans le même sens que celles de Yang Mingzhou, directeur du Centre d'information de la Commission nationale de régulation de production d'énergie électrique.

Selon ce dernier, les entreprises exploitant les lignes électriques sont handicapées par de lourdes dettes et de faibles bénéfices. Leurs actifs représentent pour le moment le quart des profits réalisés par les entreprises publiques du secteur de l'énergie. Bien que les prix de l'électricité aient connu une hausse, leurs profits annuels ne s'élèvent qu'à 20 milliards de yuans (1,83 milliard d'euros), le taux de retour sur investissement stagnant aux alentours de 1 %, soit un niveau en deçà du taux d'intérêt des prêts bancaires et qui tranche singulièrement avec le retours sur investissement de 9 à 11 % des industries de l'énergie dans les pays les plus industrialisés.

M.Yang envisage que le marché de l'énergie saura tirer des enseignements bénéfiques des diverses réformes qui se sont opérées dans l'industrie des télécommunications, qui était une industrie régie par un système monopolistique, qui finit par un modèle fondé sur la séparation des prestataires de services.

« Si l'on regarde avec précision la structure du secteur, les entreprises gérant le parc de lignes électriques sont détenues par l'Etat et fonctionnent sous l'aval du mode de régulation des dépenses publiques, bénéficiant d'une maintenance somme toutes assez basique et recevant des moyens de gestion rudimentaires », a précisé M.Yang. « Parallèlement, de nombreuses entreprises d'exploitation du parc électrique seront fondées au travers des mécanismes de marché, notamment de la distribution d'électricité depuis les centrales électriques jusqu'aux clients. »

Cette nouvelle pratique devrait inciter à rompre le monopole naturel des entreprises s'occupant de la gestion des lignes électriques et promouvoir une compétition vertueuse entre les entrepreneurs.

Toujours d'après M.Yang, au sein du Catalogue industriel d'orientation des investissements étrangers, qui a été officiellement publié depuis le 1er décembre 2007, le gouvernement chinois, pour la première fois, a répertorié la construction et l'exploitation des lignes électriques dans le catalogue des industries où un investissement étranger restreint est autorisé. Cela signifie que l'investissement étranger sera possible dans le domaine de l'exploitation des lignes électriques, qui était depuis de nombreuses années soumis à un système de monopole, à condition que les investisseurs chinois constituent les actionnaires majoritaires. Pour les entreprises de gestion du réseau électrique, cette réforme devrait constituer un tournant.

Coordination des secteurs houiller et électrique

En dehors du réseau électrique, un autre problème qui fut mis à jour par les tempêtes de neige fut la manière de garantir la distribution au moment opportun des centrales électriques.

Avant que ne se produisent les tempêtes de neige, de nombreuses centrales électriques ne disposaient de réserves de charbon cinq ou six jours, certaines étaient même limitées à un ou deux jours de réserve. Dix sept provinces et municipalités furent contraintes de stopper l'alimentation électrique durant les tempêtes de neige.

Les désagréments du trafic engendrés par les tempêtes constituèrent l'un des raisons pour lesquelles la houille ne put être acheminée vers les centrales électriques, cependant il faut reconnaître que la responsabilité principale est endossée par les cours élevés du charbon. En Chine, les prix de la houille sont déterminés par le marché, tandis que les prix de l'électricité subissent le contrôle de la CNDR, ce qui implique que les centrales électriques ne peuvent pas réguler le prix de l'énergie. Au cours des deux années précédentes, les prix de la houille ont connu une hausse, tandis que les prix de l'électricité vendue aux réseaux électriques n'ont pas évolué. Sous l'emprise de telles circonstances, les centrales électriques sont confrontées à des coûts qui s'envolent et qui représentent un véritable fardeau.

D'après l'analyse de M.Yang, étant donné que l'électricité produite par tous types de centrales est identique, la concurrence qui s'opère entre le commerce de différentes matières premières ne peut être pratiquée. En raison des investissements colossaux injectés dans l'édification du réseau électrique, l'Etat pourrait permettre à certaines entreprises de gestion du réseau à exercer la concurrence dans une zone afin de réduire les coûts. Ici réside l'explication des fins changements qu'a connu la relation entre les centrales électriques et les entreprises de gestion du réseau électrique.

Tandis que les centrales électriques sont confrontées à une concurrence acharnée en raison de la similitude des produits, les entreprises de gestion du réseau électrique sont dispensées de concurrence en raison de la nature monopolistique des entreprises publiques. Lorsque les coûts des centrales électriques augmentent, les entreprises chargées du réseau refusent d'augmenter les prix d'achat de l'électricité. Ceci a pour incidence que les centrales électriques doivent assumer la pression exercée par la hausse des coûts tandis que les fournisseurs de houille ne cessent d'exiger des prix en hausse.

« Les entreprises à qui ont été confiées la gestion du réseau refusent de supporter la pression exercée par les coûts en hausse des centrales électriques, qui à leur tour, doivent exiger de la part de l'Etat de réguler les prix de la houille car ces derniers ne peuvent absorber les coûts de leurs propres moyens », a reconnu Yang. « Cela constitue la justification principale de l'échec des tentatives de réaction en chaîne entre les cours de la houille et de l'électricité durant ces dernières années ».

Le fiasco de cette réforme représente également un frein à la réforme des mécanismes de distribution et d'approvisionnement d'énergie.

Il s'avère que les entreprises du secteur de l'énergie devraient se réjouir des tempêtes de neige, car la paralysie énergétique qui a été occasionnée par ce fléau naturel a accéléré la détermination du gouvernement chinois à promouvoir la réforme de l'industrie de l'énergie. Wang Yeping, vice-directeur de la Commission nationale de régulation de production d'énergie électrique, a révélé que cette réforme intégrale devrait être inaugurée cette année lors du premier semestre, et que les premières applications expérimentales de la réforme devraient être menées dans la partie méridionale de la Chine, qui a payé un prix très lourd en raison des tempêtes de neige.



Beijing Information
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine
Edition française: Tél: 68996274 Fax: 68326628