Je suis étudiant à l'université de Tsinghua et je souhaitais vous demander, que pensez-vous de la période post-olympique, en ce qui concerne une possible période de crise économique ? Car comme on a vu jusqu'à maintenant dans chaque pays, à chaque fois qu'on a pu témoigner des Jeux olympiques, il y a toujours un moment où l'on assiste au contraire d'un boom du point de vue économique. La Chine qui va recevoir pour la première fois de son histoire les Jeux Olympiques peut-elle se préparer une telle situation ?

Réponse de Wu Jianmin : Soyez le bienvenu en Chine. L'ambassade de Chine en France a insisté sur la nécessité d'envoyer des étudiants chinois en France. La Chine a connu une croissance continue pendant 29 ans, qui a démenti tous les pronostics occidentaux. Certains Jeux Olympiques tels que ceux de Séoul en 1988 ou de Tokyo en 1964, ont vu ce type de phénomènes se produire. La Chine, c'est la Chine. Quels sont les moteurs de la croissance chinoise ?

L'exportation, les investissements et la consommation. On pourrait assister à un renversement de la crise américaine, bien que la croissance enregistrée en 2008 sera inférieure à celle enregistrée en 2007. Pour la consommation et l'investissement il reste beaucoup d'espace de croissance. Sur le plan de l'urbanisation, la Chine se situe à 43 %, tandis que la moyenne mondiale s'élève à 50 %. La Chine est confrontée à des problèmes d'investissement, beaucoup d'investissements pourraient en découler.

Après les Jeux Olympiques, il est possible que nous assistions à des ralentissements et non pas à une crise. Les économistes chinois affirment que la croissance de la Chine devrait se poursuivre durant de nombreuses années.

L'Ambassadeur d'Espagne en Chine :

Merci de m'avoir donné la parole. Je suis moi-même dans le milieu sportif depuis mon jeune âge. Dans les années 1970, quand on parlait de Jeux Olympiques, les grands auteurs spécialistes des Jeux parlaient déjà de spectacle, de théâtralisation, de drogues, de prestige et de profits commerciaux. Ma question est simple. Pensez-vous que les Jeux Olympiques de Beijing, avec tout ce qu'on voit autour ont atteint un degré de gigantisme capable d'anéantir certaines priorités ? Je vous remercie.

Wu Jianmin : Merci monsieur l'Ambassadeur pour cette excellente question. Je pense que c'est un risque que nous avons tous intérêt à éviter. Les valeurs les plus importantes des Jeux Olympiques ne doivent pas être submergées par le gigantisme.

L'Ambassadeur d'Espagne en Chine :

C'est une question pour l'administration, pour le gouvernement. Dans le même temps je me demande, au-delà des opportunités et des risques que vous avez mentionné dans votre excellent exposé, si les Jeux Olympiques ne représentent pas un défi pour la société chinoise, je ne parle pas seulement de ceux qui veulent pratiquer, améliorer ou maîtriser leur langues étrangères ou les propriétaires des voitures à Beijing ?

Wu Jianmin : Merci Monsieur l'Ambassadeur. Bien sûr, c'est un défi. Les Jeux Olympiques sont un défi redoutable que les Chinois sont appelés à relever et nous faisons beaucoup d'efforts dans ce domaine. Moi-même j'ai dit ça aux organisateurs. Nous n'avons pas de souci au niveau du « hardware », les installations, les facilités, et bien, elles seront là.

Ce que nous devrons améliorer c'est « le software », c'est à dire de comprendre le comportement des autres. Vous savez que la Chine est un pays qui a été humiliée pendant plus d'un siècle, cela marque parfois la mentalité des Chinois. Quand on voit de temps en temps des reportages sur les télévisions et quand dans l'avion une hôtesse de l'air a demandé à un Chinois de céder la place à un Européen, un Occidental, il a réagi avec force. Pourquoi ? Pour ne pas céder sa place à cet Européen, à cet étranger, c'est un peu ça. Donc là il est en train d'apprendre, parce que les Jeux Olympiques offrent une opportunité de s'ouvrir au monde extérieur. Aussi l'opportunité porte tout droit pour regarder le monde extérieur.