Jin Duoyou

Le premier février, à 6h40, Microsoft a sorti l'artillerie lourde avec une offre de rachat du célèbre portail américain Yahoo pour 44,6 milliards de dollars. La valeur unitaire de l'action Yahoo s'étant perchée à hauteur de 31 dollars, cette offre a occasionné une prime de 62 % sur le cours de clôture du titre du géant américain du moteur de recherche et contenu web jeudi soir.

A peine la présentation de cette nouvelle retentissante, l'information a suscité un tremblement de terre à la Bourse. Ce jour-là, le prix d'action de Google ayant dégringolé de 6,7 %, celui de Microsoft est tombé 4,36 % et celui de Yahoo a augmenté brusquement de 52 %.

Si cette offre de rachat venait à être acceptée par Yahoo, le prix total dépasserait celui du rachat de First Data par KKR, qui avait atteint 26 milliards de dollars, et constituerait un record d'acquisition dans le domaine technologique. Ce rachat pourrait donner un nouveau visage au réseau Internet et entraîner une concurrence vigoureuse entre la nouvelle armada constituée par Microsoft face à Google.

Un contexte propice au développement du titan du logiciel propriétaire

De nos jours, les moteurs de recherche représentent autre chose qu'un simple outil destiné exclusivement à la recherche d'informations, mais aussi un moyen inévitable au cours des divers processus de travail, alliant l'Internet et le web mobile. La prédominance de Google sur le marché du moteur de recherche l'amènera à l'avenir à prendre une plus grande part du gâteau. Sa valeur commerciale devrait prochainement dépasser celle des profits engrangés par Microsoft par la vente de logiciels tels que Windows et Office. Cette tendance a fait vaciller le magnat des utilitaires.

Selon Comscore, Google s'est emparé de 77 % des parts de marché du moteur de recherche, cette proportion a poursuivi sa vertigineuse ascension tout au long de l'année qui vient de s'écouler. Quant à Yahoo et Microsoft, leurs parts de marchés s'élevaient respectivement à 12 % et 3,7 %.

En créant un contrepoids à l'avantage stratégique de Google, Microsoft espère évidemment acquérir Yahoo qui stagnait à une position plutôt morose. Ce renversement de la balance, souhaité par la puissance de feu américaine, vise à concurrencer le titan mondial du moteur de recherche, Google, en combinant sa position de leader incontesté de l'environnement de travail à la créativité de l'entreprise de la Silicon Valley .

D'autre part, le développement plutôt morne des activités de Yahoo a fourni à Microsoft l'occasion rêvée d'acquérir l'un des anciens fleurons de la recherche en ligne. Au cours des dernières années, la part de marché de Yahoo n'a eu cesse de s'éroder, les profits de l'entreprise battent de l'aile. Selon les dernières données communiquées récemment par la maison-mère de Yahoo, l'entreprise a réalisé un bénéfice de 206 millions de dollars au quatrième trimestre de l'année qui vient de s'achever, soit une baisse de 23 % par rapport au bénéfice de 269 millions de dollars de la même période en 2006. La proposition de rachat serait plus qu'alléchante aux yeux des actionnaires de Yahoo.

En outre, Microsoft espère faire son entrée sur le marché asiatique en profitant de la bonne image de marque de Yahoo. Pendant des années récentes, Microsoft a résolument fermé ses fenêtres aux attaques lancées par les contrefaçons sur le marché oriental, ce qui a indubitablement influencé son image de marque. Contrairement à cette main de fer, la coopération entre Yahoo et Alibaba (la plus grande entreprise de commerce en ligne de Chine) fait figure de gant de velours, et celle entre Yahoo Japan et G-market, Yahoo jouit d'une certaine aura dans le cœur des internautes asiatiques.