Le nouveau mécène de la Banque mondiale |
Quelle est votre impression au regard de la coopération entre la Chine et la Banque mondiale ces 20 dernières années ? Quels types d'expériences pourraient être utilisées pour servir d'enseignement aux autres pays en développement ? La Chine a été l'un des plus remarquables clients de la Banque mondiale. A titre d'explication, on peut affirmer, qu'en général, le gouvernement central tout comme les administrations locales de la Chine ont montré leur intérêt pour l'apprentissage fondé sur les expériences de pays tiers, et la Banque mondiale en a fait sa spécialité. La Chine possède un talent indéniable pour s'inspirer de ces initiatives et les adapter à son environnement local. La Banque mondiale amène des propositions similaires. Certains pays en développement ne sont pas en mesure en quelque sorte de s'y adapter. Ils s'y résignent. Dans le cas de la Chine, d'après mon expérience, je tire la conclusion que les gouvernements à quelque niveau que ce soit, n'accueillent jamais à bras ouverts les idées en provenance de l'extérieur, pas plus qu'ils ne les rejettent. Il existe également un certain nombre de pays qui déclinent quelque idée que ce soit en provenance de l'étranger. Ceux-là ne pourront jamais tirer le moindre enseignement. Il y a également bon nombre de pays qui acceptent les idées d'où et comme elles viennent, et ceux-ci ne tirent pas non plus la contrepartie souhaitée. La Chine peut s'enorgueillir d'enseignements salutaires sur la manière d'établir des stratégies de développement, de recevoir des idées extérieures, et de les appliquer à son pays afin que ceux-ci aient un impact positif. Vous venez de souligner que la Chine émerge comme l'une des économies stratégiques au niveau international. Quel type de contributions estimez-vous que la Chine a apporté à l'économie mondiale ? L'année dernière, pour la première fois de son histoire, la contribution de la Chine à la croissance a été sans équivalent, sans rival au plan international. Cela devrait se poursuivre temporairement durant les prochaines années. La Chine deviendra le principal moteur de la croissance mondiale. Cela est très gratifiant pour la population chinoise, mais également pour l'ensemble de l'économie mondiale. L'économie diffère singulièrement des autres moyens de développement. C'est ce que nous appelons le jeu du « gagnant-gagnant ». Si la Chine connaît une plus grande croissance, cela n'implique pas nécessairement que les autres pays connaissent une croissance au ralenti, mais l'inverse. La Chine possède un talent inestimable pour la production d'une montagne de produits manufacturés, mais c'est un pays qui est avant tout dépourvu de ressources naturelles. La croissance de la Chine provoque une augmentation des prix pour bon nombre de produits. Cela a un effet positif pour les pays en développement en ce qui concerne l'exportation de minerais et d'une gamme diverse de produits alimentaires. Dans le secteur des services, la Chine a réalisé quelques progrès, mais sans aucune mesure avec ceux auxquels elle est parvenue dans le domaine de l'industrie. La Chine importe également une multitude de services. La croissance de la Chine a un effet d'émulation pour de nombreux pays industrialisés, où le secteur des services constitue la véritable épine dorsale de l'économie. La communauté internationale regretterait le ralentissement de la croissance de la Chine. |