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Publié le 13/12/2007
Mémorial du massacre de Nanjing : commémorer l'histoire pour que resurgisse la paix

Miao Xiaoyang

Le Mémorial du massacre de Nanjing récemment restauré a été réouvert ses portes au public le 13 décembre 2007, au moment opportun alors que le 70e anniversaire du massacre de Nanjing est célébré. Le 13 décembre 1937, l'armée japonaise occupa la ville de Nanjing et se livra au massacre de centaines de milliers de civils inoffensifs, les six mois qui suivirent la prise de la cité méridionale de Chine.

Situé dans la ville de Nanjing, ce nouveau musée s'étend sur une surface de 6,7 hectares, soit presque le triple de la surface occupée par l'ancien musée. Hormis la Cloche de la paix et la Place de la paix, le nouveau musée abrite également un Mémorial de la paix et un Parc du même nom d'une superficie de 3,3 hectares. Ce musée fait ressurgir chez les visiteurs un chapitre tragique de l'histoire, et fait significatif, rappelle à tous ces derniers de cultiver la paix. De nombreux objets présentés en ces lieux sont associés à cette thématique, renseignant les amateurs à propos des marches pour la paix qui ont été organisées ces dernières années au sein du musée, des prières pour la paix, des déclarations annuelles pacifiques, des activités à l'initiative des combattants internationaux pour la paix et des recherches autour de ce thème.

Disposant désormais d'une plus grande surface d'exposition, de davantage d'objets et de techniques avancées de présentation tranchant avec celles de l'ancien musée, le musée qui vient d'être inauguré devrait présenter aux visiteurs un tableau plus saisissant de cette histoire marquée par la brutalité. « Les universitaires et académiciens chinois fondent leur pensée à la lecture de faits historiques et ont exprimé leurs opinions avec retenue. Lors de ma visite au Mémorial du massacre de Nanjing, j'ai pu bénéficier sous mes yeux des nombreuses archives historiques qui sont exposées, dont les comptes-rendus de la presse japonaise de l'époque. Les nombreux témoignages historiques que j'ai pu observer sont véritablement persuasifs. » L'un de mes amis de nationalité japonaise qui nous a accompagné lors de nos entretiens nous a fait part des sentiments qu'il avait ressenti lorsqu'il avait franchi la porte du musée, « Le son émis par la sonnerie de la Cloche de la paix résonnait au cœur de mes oreilles, nous remémorant de manière cinglante que nous ne pouvons effacer l'histoire et que dans le même temps, nous devons appeler à la paix. De la part de nos parents, nous avons hérité du fardeau de la guerre, nous devons donc à l'avenir pour nos enfants et nos petits enfants léguer les cartes de la paix. »

Si le musée avait disposé d'un plus grand espace et d'effectifs supplémentaires pour accueillir les visiteurs, nous aurions exposé davantage d'objets, a déclaré Zhu Chengshan, conservateur du musée. « De plus en plus de preuves ont été décelées aux États-Unis, en Europe et dans d'autres zones de Chine et du Japon. Bien que cet événement ait été observé sous différentes perspectives et à l'appui de détails de niveaux divers, toutes ces pièces d'archive prouvent la réalité du massacre de Nanjing en tant qu'événement historique », nous a confié Zhang Sheng lors d'un entretien exclusif. Zhang est un professeur responsable de l'enseignement du doctorat au sein du Département d'Études historiques de l'Université de Nanjing, et officie également en tant que chef adjoint de l'Institut de recherche du massacre de Nanjing.

« Le massacre de Nanjing constitue un chapitre important de l'histoire contemporaine de notre nation, celui-ci ne saurait être réduit à une courte liste de concepts et de noms », s'est exprimé Bu Ping lors de la cérémonie célébrant la publication des volumes 29 à 55 de la Collection des pièces historiques relatives au massacre de Nanjing, le 3 décembre dernier. Bu est chercheur et directeur de l'Institut d'histoire moderne à l'Académie chinoise des sciences sociales. Bu nous confiait son optimisme quant au fait que la nouvelle édition de cette Collection devrait nous transmettre une « chronique plus précise et plus vivante du massacre de Nanjing. » Le professeur Zhang Xianwen, rédacteur en chef de l'ouvrage en question a fait observer, « Le massacre de Nanjing est un événement historique, et ne devrait faire l'objet de débats incessants. L'idée de placer le massacre de Nanjing au cœur du débat brûlant qui enflamme les communautés universitaires et d'orienter les relations sino-japonaises autour de celui-ci serait une véritable tragédie pour l'avenir des relations entre les deux pays. »

Le massacre de Nanjing est décrit non seulement dans les écrits mais également commémoré dans les musées. Pour des rescapés tels que Mu Xifu, un homme de 84 ans, cette acte de barbarie a laissé de nombreuses cicatrices dans leurs vies. « Le 13 décembre 1937, dans la soirée, les coups de feu, les hurlements et les cris envahirent Nanjing. Le lendemain, dans la matinée, la ville était emplie de calme. Je sortis alors et fut terrassé par la vue des corps inertes tout le long des routes et de la rivière. » Mu Xifu expliqua les scènes horribles dont il fut le témoin. Mu se réfugia par la suite dans la maison de John Rabe. Rabe était un citoyen allemand qui résidait à Nanjing alors que se produisait le massacre.

La maison de Mu Xifu située sur la route Guangzhoulu (route de Canton) par un heureux concours de circonstance se trouvait à côté de la maison de John Rabe, dans la zone internationale de sécurité. Mu et sa famille s'enfuirent pour rejoindre la résidence de Rabe. « Rabe avait étendu sur toute la surface de son toit un grand drapeau allemand, dont la superficie dépassait largement celle des étendards habituels, afin de permettre que lorsque les soldats japonais l'apercevaient en survolant la zone, ces derniers ne pourraient bombarder sa maison. Sa maison était un endroit sûr et constituait un refuge pour plus de 600 réfugiés. M. Rabe déployait une énergie si conséquente à prendre soin de nous, qu'il ne trouvait pas le temps de se raser », se souvient Mu Xifu, ajoutant, « Les 53 membres de ma famille resteront éternellement reconnaissant envers M. Rabe. S'il n'avait pas été là, nous n'aurions jamais pu survivre. »

Kiyoshi Sakakura, du haut de ses 87 ans, ne pourra jamais effacer de sa mémoire les atrocités auxquelles se sont livrés les soldats japonais. Sakakura officia dans la 59e division de l'armée impériale japonaise, et fut envoyé dans la province du Shandong, au mois de décembre 1940, où son entraînement consista à apprendre à tuer des hommes à l'aide de fusils ou d'épées. Il combattit sur les terres chinoises pendant cinq ans. À la suite de la défaite du Japon, Sakakura fut incarcéré dans des installations prévues pour l'interrogation des prisonniers de guerre dans la ville de Fushun, dans la province du Liaoning. Il fut ultérieurement relâché et revint sur ses terres natales. Il intégra l'Association des vétérans rescapés de la campagne de Chine et depuis de nombreuses décennies promeut activement les relations amicales avec la Chine.

S'adressant au public lors d'un discours effectué à Nanjing, le 5 décembre 2007 dans l'après-midi, Sakakura communiqua ses remords pour les crimes dont il fut l'un des acteurs : « Le fardeau que je porte pour les crimes que j'ai commis envers le peuple chinois, des meurtres, des incendies criminels, des pillages… est très lourd », « La négation de l'existence du massacre de Nanjing est impardonnable. Jusqu'à ma mort, je promouvrai l'amitié entre le peuple chinois et le peuple japonais afin d'expier mes pêchés. »

Xia Shuqin témoigna de l'ignominie dont elle fut la victime lors du massacre de Nanjing. Après avoir écouté son intervention, Ogawa, un lycéen fraîchement diplômé originaire du Japon, déclara : « Je ressens profondément la douleur que le massacre de Nanjing a infligé au peuple chinois. J'envisage d'étudier la loi et de défendre les femmes de réconfort. » Ogawa fut également très impressionné par l'affluence enregistrée pour le discours de M. Sakakura : « Des centaines d'étudiants se sont regroupés dans cette salle de conférence, une affluence si spectaculaire ne connaît pas d'équivalent au Japon. Les jeunes japonais n'ont pas encore consacré suffisamment d'attention à la Chine et n'appréhendent pas encore assez ce pays. Dès mon retour au Japon, je présenterai la culture chinoise et son histoire avec dynamisme, et promouvrai les échanges amicaux entre les jeunes chinois et japonais. »

 



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