Relations sino-françaises : une période à marquer d'une pierre blanche |
La visite d'État de Nicolas Sarkozy en Chine a joué un rôle considérable pour la promotion de l'établissement d'un nouveau mode de partenariat au service du développement international Liu Jiansheng (chercheur adjoint de l'Institut chinois d'étude sur les questions internationales) Du 25 au 27 novembre, le président français Nicolas Sarkozy a effectué, pour la première fois depuis sa prise de fonctions en mai dernier, une visite d'État en Chine. L'un des points d'orgues de la diplomatie française après l'entrée en scène du nouveau président, cet évènement marque le début d'une nouvelle ère pour le développement du partenariat stratégique global entre la Chine et la France, et constitue un jalon historique pour la promotion de l'établissement d'un nouveau mode de partenariat au service du développement international. La diplomatie française s'en tient à la multipolarisation mondiale et au pluralisme ethnique. Le réajustement des mesures diplomatiques du gouvernement de Nicolas Sarkozy se manifeste par la cohabitation de l'innovation et du respect de l'héritage politique. L'objectif stratégique à long terme des nouvelles initiatives diplomatiques du gouvernement de Nicolas Sarkozy est d'augmenter les intérêts commerciaux du pays et de renforcer le rôle de la France dans la mondialisation. Il est incontestable de constater que la diplomatie française continuera à considérer l'Union européenne comme son socle stratégique, à maintenir l'orientation générale de l'intégration européenne, et à valoriser le respect mutuel et le dialogue entre les différentes civilisations, afin de jouer un rôle positif et particulier pour le maintien de la paix mondiale. Apparemment, les trois atouts de l'Hexagone n'ont pas changé : État membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, grande puissance nucléaire et diplomatie indépendante. L'UE, l'Afrique, les États-Unis et l'Asie sont « quatre supports » pour la diplomatie française ; un élément important est que la diplomatie française a désormais réorienté ses initiatives en Asie du Japon vers la Chine. Le partenariat sino-français est établi sur la base de vastes consensus politiques, des intérêts économiques communs, de la compréhension mutuelle dans le domaine culturel et de la confiance réciproque croissante. La Chine et la France maintiennent une attitude identique ou similaire sur de nombreuses questions internationales de premier ordre. En mai 1997, les deux pays ont signé un accord consacré au « Partenariat global », et en 2004, lors de la visite d'État du président chinois Hu Jintao en France, ils ont signé un document relatif au « Partenariat stratégique global », ce dernier ayant considérablement promu les relations sino-françaises. La Chine et la France s'appliquent à accélérer le rythme du processus de la multipolarisation mondiale. Elles ont mis en avant le renforcement du système multilatéral, la défense de la sécurité collective, le règlement des différends internationaux à travers le dialogue et la coopération, ainsi qu'au moyen de la lutte contre la politique du plus fort et contre l'utilisation de la force ou la menace par la force. Les deux parties respectent le système commercial multilatéral, s'appliquent d'établir un ordre ouvert et juste dans le commerce international, se préoccupent des problèmes sociaux et des dommages économiques et sociaux causés par la mondialisation, et encouragent le développement d'une mondialisation fondée sur les avantages réciproques établie sur la base de l'équité commerciale. Par ailleurs, la Chine et la France s'efforcent de protéger la diversité des cultures dans un contexte de mondialisation. Elles signeront un accord concernant la popularisation de la langue française : le chinois, l'anglais et le français seront les trois langues officielles pendant les Jeux Olympiques de Beijing. Augmentation du volume des échanges commerciaux entre la Chine et la France Dans une certaine mesure, le développement rapide de la Chine pousse la France à reconsidérer l'évolution de la structure stratégique mondiale. La visite d'État de Nicolas Sarkozy en Chine vise à développer davantage les relations sino-françaises dans le cadre de leur partenariat stratégique global, et plus particulièrement de renforcer la coopération économique avec la Chine. Actuellement, parmi les pays de l'UE, la France et le deuxième plus grand partenaire de la Chine sur le plan de la coopération technique, le troisième plus grand investisseur et le quatrième plus grand partenaire commercial. Les investissements de la France en Chine se classent au dixième rang sur le plan international, au troisième rang en Europe. De nombreuses entreprises françaises sont installées en Chine pour un développement à long terme, telles qu'Alstom, EDF, Total et Airbus. Selon le dernier « Livre blanc des investissements français en Chine », le nombre des entreprises à capitaux français en Chine a atteint 850. Le commerce sino-français se développe rapidement ces dernières années ; en 2005 et en 2006, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a respectivement atteint 20,65 milliards et 25,19 milliards de dollars, et on prévoit que ce chiffre avoisinera 30 milliards de dollars en 2007. Depuis les trois dernières décennies, le renforcement de la coopération sino-française sur le plan nucléaire a apporté une grande contribution à la lutte contre le changement climatique et à la protection de la sécurité et de l'indépendance énergétique. Parallèlement, le potentiel de la coopération sino-française dans le domaine de la protection de l'environnement reste à explorer. En 2007, le Groupe français Areva a acquis deux contrats qui lui permettent de construire deux centrales nucléaires, d'une valeur de 6 milliards d'euros. La signature officielle de ces contrats constituera l'un des sommets de la visite de Nicolas Sarkozy en Chine. Comme d'autres entreprises transnationales, les entreprises françaises en Chine affrontent des risques et défis. La France n'occupe pas actuellement l'une des premières places sur le marché chinois. En 1997, elle détenait 2,8 % du marché chinois, mais ce chiffre a chuté à 1,35 % en 2004. En outre, la France se classe au quinzième rang parmi les pays exportateurs vers la Chine, loin derrière l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Le chiffre d'affaires de la plupart des entreprises françaises en Chine est inférieur à 5 %, ce qui résulte principalement des problèmes relatifs à la structure industrielle et commerciale, hormis la propriété intellectuelle et les restrictions de transfert de technologie. La France apprécie le potentiel des investissements extérieurs de la Chine. En 2006, la France a directement reçu 88,4 milliards de dollars d'investissements étrangers, se plaçant au troisième rang dans le monde. Bien que les investissements directs des entreprises chinoises ne soient pas nombreux en France, de larges perspectives de développement existent pour la coopération dans ce domaine entre les deux pays. En 2006, le groupe chinois Blue Star a successivement acheté les activités de traitement du silicium organique du groupe français Adisseo et de l'entreprise française Rhodia, en consacrant presque 1 milliard d'euros. La France, quant à elle, a également pris des mesures actives favorisant la participation des entreprises chinoises au commerce bilatéral. Le taux de l'impôt sur le revenu en France devrait passer de 60 % à 50 % en 2008. De plus, la France adoptera des mesures pour réduire ses prélèvements sur les plus-values, remplacer certains impôts par des subventions consacrées à la recherche et au développement dans les nouvelles technologies et pour simplifier les procédures pour les investissements des entreprises chinoises. Consolidation et renforcement des relations sino-françaises La consolidation et le renforcement des relations sino-françaises répondent aux intérêts communs des deux pays. Nicolas Sarkozy poursuit les politiques diplomatiques de Jacques Chirac. « La diplomatie de la France envers la Chine s'oriente favorablement », a déclaré Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères. La France se tient à la politique d'une seule Chine et s'oppose à la tenue du référendum de Taiwan sur son adhésion à l'ONU. Nicolas Sarkozy porte une certaine affection envers la Chine ; il s'est rendu trois fois en Chine, respectivement en 1991, en 1995 et en 2004. Dès la publication des résultats de l'élection présidentielle, le président chinois Hu Jintao a immédiatement envoyé un télégramme de félicitations à Nicolas Sarkozy. Lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a énoncé ses points de vue sur la diplomatie française en Chine : les relations franco-chinoises cultivées conjointement par le Général de Gaulle et la Chine revêtaient un caractère « particulier », et jouaient un rôle important pour la structure multipolaire internationale et pour le maintien de l'équilibre mondial. En outre, il a raillé l'opinion des candidats présidentiels opposés à la tenue des Jeux Olympiques de Beijing, en exprimant son désir d'assister aux Jeux Olympiques de Beijing. Le partenariat sino-français accorde une place considérable aux relations sino-européennes et au dialogue eurasiatique. La visite de Nicolas Sarkozy en Chine coïncide avec le dixième sommet des dirigeants chinois et européens, et à la veille du Sommet de l'UE, ce qui renforcera le partenariat stratégique sino-européen. Le partenariat stratégique global entre la Chine et la France offre des chances et une large voie pour la coopération sino-européenne. Depuis longtemps, la France s'efforce d'inciter, à l'intérieur de l'UE, la résiliation de l'embargo des armes envers la Chine. L'année prochaine, lors du deuxième semestre, la France assumera présidence tournante de la Commission européenne, et devrait accélérer, comme par le passé, la mise en œuvre de « L'accord sur le partenariat et la coopération », éliminer les facteurs négatifs influant sur les relations sino-européennes et renforcer davantage le développement du partenariat stratégique sino-européen. Cependant, il faut constater la nuance dans le style de la rhétorique diplomatique du gouvernement de Nicolas Sarkozy, par exemple, il ne met plus particulièrement en évidence le commerce lors de sa visite d'État ; il s'efforce d'équilibrer progressivement le commerce bilatéral en mettant l'accent sur la structure commerciale, au lieu de jouer sur la signature par étapes de grands contrats. En ce qui concerne le dialogue portant sur les droits de l'homme, il accélère activement le dialogue et la coopération judiciaire entre la Chine et l'Europe. La convention bilatérale d'extradition que la Chine et la France ont signé cette année pose les bases juridiques pour leur lutte conjointe contre le crime international. La Chine fournit sans cesse des efforts pour la ratification anticipée du « Pacte international relatif aux droits civils et politiques ». Nous sommes convaincus que la visite de Nicolas Sarkozy en Chine écrira une nouvelle page pour le renforcement du dialogue stratégique sino-français et pour la création d'un nouveau mode de relations entre les deux pays.
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