Discours du Président de la République française Nicolas Sarkozy à l'Université Qinghua |
QUESTION – Monsieur le Président, accepteriez-vous que je vous donne ce journal où l'on parle de vous ? LE PRESIDENT – Merci de m'avoir donné ce journal, je vous promets de regarder les images. Je ne suis pas sûr de pouvoir le lire dans le texte, mais enfin, je me le ferai traduire. En tout cas, je n'oublierai pas ce joli sourire et ce merveilleux journal. QUESTION – Bonjour, Monsieur le Président, je suis étudiante en médecine. Chacun sait que les problèmes de l'environnement sont devenus des gros problèmes, que tout le monde y travaille, mais soit ces politiques ne sont pas très efficaces, soit ce sont des politiques incompatibles avec les politiques de développement économique. Pourriez-vous nous dire, en France, quelles politiques sont utilisées pour combiner protection de l'environnement et développement économique ? Je vous remercie. LE PRESIDENT – Nous avons décidé un changement capital en France qui n'a pas été facile à prendre. C'est que, désormais, avant tout choix d'un investissement majeur, nous intégrerons le coût écologique d'un investissement qui ne correspondrait pas au développement durable. Jusqu'à présent, lorsque l'on décidait d'une route, d'un train, d'une réalisation, d'un service publique, on comparait le coût de cet investissement et on n'intégrait pas son impact sur la pollution. Désormais, nous intégrerons l'impact sur la pollution et nous choisirons systématiquement l'équipement qui respectera le développement durable. Pourquoi, Madame, vous qui êtes étudiante en médecine, parce que je suis le chef d'un Etat démocratique, où les responsables doivent rendre des comptes. Je ne veux pas qu'un jour, on vienne me dire, « par la faute d'une décision que vous avez prise, mon enfant a le cancer ». Nous avons en France à gérer les conséquences d'un véritable scandale sanitaire qui est celui de la présence de l'amiante dans un certain nombre de bâtiments, puisqu'au lendemain de la guerre, tous les bâtiments étaient construits avec de l'amiante. Lequel d'entre vous accepterait pour lui ou pour sa famille de travailler dans un bâtiment où il sait qu'il y a de l'amiante et que l'amiante donne le cancer ? Lequel l'accepterait ? Personne. Et bien, nous avons décidé une véritable révolution, celle d'intégrer ce coût écologique pour prendre la bonne décision. Et dans le gouvernement que j'ai constitué autour du Premier ministre, François FILLON, le numéro 2 du gouvernement et seul ministre d'Etat, c'est le ministre du Développement durable. Jusqu'à présent, le ministre en charge du développement durable était l'un des derniers du gouvernement, simplement une petite touche de couleur verte, pour faire bien. Désormais, il est, dans l'ordre protocolaire, le premier des ministres. Quand nous avions une décision à prendre en matière industrielle, on tenait compte des impératifs économiques. Désormais, nous tenons compte du développement durable. Comprenez-moi bien, il y a trop de chômage dans mon pays. Nous avons, comme vous, besoin de croissance, mais nous voulons une croissance propre, nous ne voulons pas d'une croissance sale. Nous voulons une croissance qui protège notre pays et l'avenir de la planète. Nous ne voulons pas d'une croissance qui détruise la planète, car si la planète est détruite, que restera-t-il pour vous et pour vos enfants ? Et dans 30 ou 40 ans, vos enfants se tournerons vers vous et vous dirons : « qu'avez-vous fait ? » Et vous ne pourrez pas répondre « je savais et je n'ai rien fait ». Vous savez maintenant, vous devez faire et ce ne sont pas vos enfants qui doivent faire, c'est vous qui devez prendre la décision. C'est nous qui devons agir tout de suite, maintenant, parce que demain il sera trop tard. Et le regard des générations qui nous suivront, sur vous, sur nous, sera très cruel si nous les mettons dans une situation irréversible. Et croyez bien que je n'exagère pas. Tout ce que je dis, les 2.500 scientifiques mondiaux l'ont affirmé. Maintenant, vous savez vous aussi, en Chine. Vous pouvez et vous savez. La question maintenant c'est est-ce que vous voulez ? Vous pouvez et vous savez. Dites au monde que vous voulez. Voilà ce que le monde attend de la Grande Chine éternelle. |