J'ai trouvé ma ville |
Murale de vie et culture Lisa Carducci Depuis le début de mon séjour au Xinjiang, je taquine mes parents et amis en leur disant que je vais me déplacer définitivement ici. En fait, ce n'est pas une décision mais l'expression de ma satisfaction dans cette région. Les miens trouvent qu'à Beijing je suis déjà assez loin d'eux. Il ne faut que trois heures de plus pour arriver au Xinjiang en avion. Partout je peux me servir du téléphone cellulaire et de l'internet sans fil, ce qui me permet de garder contact avec le monde et d'effectuer ponctuellement mon travail. Bien que je n'aie pas fini (qui le pourrait?) d'explorer la culture des Han tout en vivant dans la capitale depuis seize ans et en voyageant énormément à travers le pays, je suis tellement fascinée par les multiples facettes de la culture multicolore du Xinjiang et de son histoire qu'on n'aurait pas à me prier longtemps pour que j'accepte de me lancer dans la recherche et de me spécialiser dans l'étude de cette merveilleuse région. C'est pourquoi tout en poursuivant mon voyage d'investigation pour l'ouvrage que vous tenez entre vos mains, je « cherche » donc mon pied à terre éventuel ici et j'évalue les mérites de chaque endroit. Jusqu'ici, aucune ville, district ou village ne m'a déplu.
Promenade et baignade Je me trouve depuis quelques jours dans le département autonome mongol de Bayangol dont le chef-lieu est Korla. On connaît Korla en Australie, au Canada et aux États-Unis pour ses poires savoureuses. J'ai goûté hier ce que je croyais les prémices de la saison mais on m'a dit que c'était la production de l'an dernier; les poires de 2007 seront à point en septembre seulement. Korla est une ville jeune, érigée il y a un peu plus de cinquante ans, très moderne, ouverte et belle. Elle a été nommée par l'Unesco « ville charmante de Chine », un titre bien mérité. Il est difficile de penser que Korla a été tirée du néant, du désert de Taklamakan, le deuxième du monde en superficie après le Sahara. Au pied du côté sud de la chaîne des monts Tianshan, elle fait partie du Nanjiang ou Xinjiang du Sud. C'est en fait une oasis dans le désert, créée sur les bases d'un très ancien royaume. Korla est un mot ouigour qui signifie « voir très loin » autant jusqu'à l'horizon que jusque dans l'avenir. C'est justement l'impression que j'ai eue en arrivant : mon regard s'étirait jusqu'à l'infini et je ressentais la vastitude sans restriction. Hôtel Kongquehe ou rivière des Paons Korla, dont la population est de 438 000 habitants, abrite vingt-trois ethnies dont les Han, les Hui et les Mongols sont les plus nombreux. Son paysage est varié, des monts enneigés au désert de sable, des lacs immenses aux vastes prairies et steppes. Ce qui a fait pencher ma balance en faveur de Korla, c'est d'apprendre que son hiver ne connaît pas la neige, qu'il ne dure que trois mois et d'un tricot de laine ou une veste de cuir suffit. S'il y fait chaud l'été, je ne m'en plaindrai jamais. Traversée par la rivière des Paons (Kongquehe), elle dégage une impression de fraîcheur. La rivière fait la joie des enfants comme des adultes qui s'y baignent, et ses rives récemment aménagées permettent un peu de romantisme aux amoureux et la contemplation d'œuvres d'artistes significatives aux promeneurs solitaires. Différent le jour et le soir, son ambiance est magnifique en tout temps. Habiter au bord de l'eau est un rêve possible à un prix raisonnable. Les rues ont été tracées en prévision de l'avènement de la voiture privée et ne connaissent pas d'embouteillage. Le commerce et l'industrie de Korla progressent rapidement et sainement, On y trouve tous les produits des autres grandes villes du monde. Remarquablement propre, Korla est renommée pour sa protection de l'environnement. En outre – ce qui n'est pas à négliger –, ses habitants sont particulièrement sympathiques.
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