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Publié le 12/07/2007
Les banques étrangères pourront délivrer des cartes bancaires en RMB

Des cibles haut de gamme

Les citoyens chinois sont les premiers propriétaires de cartes bancaires au monde. Les banques ont délivré plus de 1,1 milliard de cartes de débit ainsi que 50 millions de cartes de crédit, selon les chiffres communiqués par la Banque populaire de Chine.

Ce chiffre qui fait rêver, ne permet toutefois pas saisir l'ampleur de l'engouement de la population chinoise pour les cartes de retrait. La banque centrale a observé que 80 % des transactions de détail pour les nécessités quotidiennes étaient encore effectués par le biais d'argent liquide, tandis les 20 % restants étaient effectués par d'autres moyens. Cette tendance s'inverse dans les pays industrialisés, où les transactions effectuées au moyen d'argent liquide représentent une part très faible. Aux États-Unis, par exemple, celles-ci ne représentent que 20 % du total des transactions de détail.

« C'est un véritable indicateur du potentiel énorme de croissance du marché des cartes bancaires, et constitue un attrait majeur pour les banques étrangères », s'est enthousiasmé Shen Minggao, économiste en chef au sein de Citigroup, à Beijing.

« Les banques étrangères bénéficient d'avantages au niveau technologique et en matière de services à valeur ajoutée par rapport aux banques chinoises, et la marge de croissance du marché des cartes bancaires est encore très importante », a précisé l'expert du secteur bancaire Guo Tianyong.

D'après Tianyong, la concurrence sur le marché des cartes bancaires entre les banques chinoises et les banques étrangères portera avant tout sur le maintien d'une clientèle haut de gamme, car les banques étrangères ne sont pas en mesure de couvrir tous les segments du marché et se concentreront prioritairement sur les villes les plus développées et sur une clientèle haut de gamme. Il estime que les banques étrangères tireront principalement leur épingle du jeu par une présence accrue dans le domaine des crédits à la consommation, de la banque privée et des services de gestion financière.

Shen prévoit également que cette nouvelle politique ait vraisemblablement pour conséquence un exode des clients des banques chinoises car les banques étrangères bénéficient d'avantages manifestes sur le marché des cartes de crédit, plus particulièrement pour l'évaluation du crédit et la gestion du risque de crédit.

« Dans une certaine mesure, les banques étrangères proposeront à leurs clients des services à forte valeur ajoutée bien qu'ils facturent ces mêmes services plus lourdement », a analysé Shen. « Dans le fond, les clients haut de gamme accordent moins d'importance aux frais imputables aux cartes bancaires qu'à la qualité du service. »

De manière générale, les banques étrangères facturent leurs services bien plus lourdement que les banques chinoises sur les comptes peu importants. Bank of East Asia, par exemple, facturent ses clients importants possédant des actifs quotidiens supérieurs à 5 000 yuans et ne dépassant pas 200 000 yuans par des cotisations annuelles de 200 yuans. En ce qui concerne ses clients ordinaires, dont les actifs quotidiens ne dépassent pas 5 000 yuans, une cotisation mensuelle de 10 yuans est demandée.

La Banque industrielle et commerciale de Chine (BICC), à l'inverse facture les comptes dont les actifs quotidiens sont inférieurs à 300 yuans, seulement 3 yuans par trimestre.

Shen prévoit que les banques chinoises perdront tout d'abord leurs clients étrangers, et, dans un deuxième temps, leur clientèle chinoise haut de gamme.

Profits partagés

Étant donné qu'ils ciblent une clientèle différente, les banques chinoises et étrangères ne se livreront pas un combat à mort au sujet de leurs clients après que le marché des cartes bancaires ne soit formellement ouvert aux banques étrangères.

Guo estime que les banques chinoises n'ont pas de capacités inférieures à celles des banques étrangères en matière d'expérience, de solutions et d'équipement dédiées au techniques de l'information pour le moment, car leur avance est considérable par rapport à leurs rivaux étrangers pour l'exploitation du marché des cartes bancaires en Chine. De plus, le nombre d'agences des banques étrangères est restreint et si elles souhaitent se mesurer aux banques nationales dans ce domaine, la tâche sera relativement ardue.

Li Weiping, à la tête du Centre de la carte pivoine de la BICC, a également exprimé ses doutes quant à la capacité des banques étrangères à rivaliser avec les banques chinoises ces prochains mois.

« Nous possédons de nombreux avantages écrasants, parmi lesquels le nombre de cartes délivrées, le nombre de clients. L'efficacité de notre canal de vente est avérée et nous avons une bonne connaissance des habitudes de consommation nationales », a expliqué Li. « Jusqu'au mois de mai dernier, la BICC a délivré près de 15 millions de cartes. En outre, notre clientèle s'élève à 190 millions de personnes et quasiment 20 000 agences dans tout le pays, et le nombre de nos clients utilisant nos services de banque électronique a atteint 25 millions de personnes ».

Cependant, les clients restent sceptiques par rapport à la conviction des banques chinoises car les services proposés par ces derniers ont souvent par le passé fait l'objet de réclamations. Le Quotidien du peuple en ligne a récemment mené une enquête de terrain dans 113 agences des banques chinoises les plus importantes dans le centre-ville de Beijing, et ont constaté que seulement 7,1 % d'entre elles disposent de cabinets de toilette, que les clients devaient attendre dans de longues files dans les agences de la BICC et de la China Construction Bank. De plus, ce rapport a montré que 6,2 % d'entre elles avaient reçu des réclamations relatives à la qualité de leurs services et que la moitié de ces établissements bancaires ne disposaient pas d'équipements tels que des bonbonnes d'eau potable, ni de présentoirs à journaux.

Li Jin, un journaliste de Beijing, s'est plaint du manque d'efficacité des banques chinoises à Beijing Review. « La file s'élève tout le temps à 100 personnes dans chaque guichet principal, et même dans ce cas de figure, ceux-ci ne fonctionnent pas à pleine capacité, car de nombreux guichets sont fermés », a déclaré Li. « Si vous devez effectuer des transactions dans plusieurs banques, vous passerez quasiment toute la journée à faire la queue. »

Ding Zhijie, professeur à la Faculté des finances de l'Université des relations économiques et commerciales avec l'étranger, a précisé que le monopole préférentiel dont les banques chinoises ont bénéficié depuis longtemps est responsable de nombreux problèmes qu'elles connaissent encore aujourd'hui.

« Sur le long terme, l'ouverture du marché des cartes bancaires aux banques étrangères facilite le développement de ce marché malgré certaines répercussions inévitables sur le marché chinois », a nuancé Ding. « Les banques chinoises et étrangères ont des atouts différents sur ce marché, et il semble que la coopération aussi bien que la compétition soient bénéfiques pour que les deux parties puissent gravir de nouveaux échelons dans leur développement.

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