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Le 50e anniversaire de la réforme démocratique au Tibet>>> Contexte informatif
Publié le 20/03/2009
Evolution historique et grands événements du Tibet

L'homme habitait sur le plateau Qinghai-Tibet avant notre ère. Après une longue période, les tribus dispersées se sont réunies progressivement pour former l'actuel groupe ethnique tibétain.

Après avoir souffert des guerres successives au début de la dynastie des Tang (618-907), les Tibétains ont eu des relation cordiales avec la cour des Tang par les liens de mariage, et ont commencé leurs liens commerciaux avec les régions centrales sous la dynastie des Song (960-1279). Sous la dynastie des Yuan (1206-1368), la Chine a été réunifiée et les ethnies vivaient en bonne intelligence. Dès les dynasties des Ming (1368-1633) et des Qing (1644-1911), les Tibétains, avec d'autres groupes ethniques, ont été témoins des changements de l'histoire de la Chine.

La dynastie des Tubo (début du VIIe siècle -- 842)

Au début du VIIe siècle, la puissante dynastie des Tang fut fondée dans les plaines centrales de la Chine, mettant fin à une période de confusion et de division qui avait duré plus de 300 ans dans cette région. En même temps, Songtsan Gambo, célèbre héros national du Tibet, fédéra sous son autorité une dizaine de tribus et fonda la dynastie des Tubo, premier pouvoir unifié sur le plateau du Tibet. En 641, il épousa la princesse Wencheng, fille de l'empereur Taizong des Tang. Depuis lors, les Tubo resserrèrent des relations amicales avec les Tang dans les domaines politique, économique et culturel et instaurèrent l'« amitié entre la nièce et l'oncle » avec les Tang, qui dura plus de 200 ans.

En 821, le roi de Tubo, Tri Ralpachen, envoya trois fois des délégués à Chang'an, capitale de la dynastie des Tang, pour demander une alliance. Muzong, empereur des Tang, convoqua alors ses hauts fonctionnaires pour une grande cérémonie d'alliance dans la banlieue ouest de Chang'an. L'année suivante, la dynastie des Tang et le royaume de Tubo conclurent officiellement leur alliance dans la banlieue est de Lhassa. Les deux parties avaient réitéré leur relation étroite d'« amitié entre la nièce et l'oncle » et décidaient de se traiter en tant que membres d'une même famille. Cet alignement a été gravé sur trois monuments d'Alliance Tang-Tubo, dont un se dresse devant la monastère de Jokhang à Lhassa.

En 842, du fait de dissensions au sein de la famille royale, de rivalités et de guerres entre tribus et entre commandants de postes frontaliers, un grand nombre de forces locales apparurent, qui tentèrent de s'emparer du pouvoir. Ces guerres intestines se prolongèrent pendant plus de 400 ans. Nombreux étaient les Tibétains qui furent obligés de quitter leur terre natale pour vivre dispersés dans le Gansu, le Qinghai, le Sichuan et le Yunnan. Pendant trois siècles qui suivirent l'écroulement de la dynastie des Tubo, les tribus morcelèrent le territoire et s'attaquèrent l'une l'autre, ce qui entrava gravement le développement économique et culturel.

La dynastie des Yuan (1271-1368)

Au début du XIIIe siècle, Gengis Khan fonda au nord de la Chine le Khanat mongol. En 1247, le pandit Gonggar Gyaincain, de la secte Sagya, et Godan, un prince mongol, se rencontrèrent à Liangzhou (l'actuelle ville de Wuwei, dans la province du Gansu) pour discuter de la soumission pacifique du Tibet au Khanat mongol et mettre au point le texte d'un système administratif régional. C'est ainsi que fut établi le pouvoir régional de la secte Sagya. En 1271, les Khans mongols prirent comme nom de dynastie celui de Yuan, et huit ans plus tard, en 1279, réussirent à unifier la Chine. La dynastie des Yuan fit du Tibet une de ses régions administratives relevant directement du gouvernement central.

Compte tenu des particularités du Tibet dans les domaines de la tradition historique, de la situation sociale, des conditions naturelles et géographiques, de l'ethnie et de la croyance religieuse, le gouvernement de la dynastie des Yuan adopta, dans l'administration du Tibet, des politiques et mesures spéciales différentes d'autres provinces.

Premièrement, en 1270, Kubilay, empereur Shizu des Yuan, nomma Phagspa, chef religieux du Tibet et roi de la Loi du Sagya, dishi, ou tuteur religieux de l'empereur. C'était un poste suprême de clerc institué pour la première fois dans l'histoire chinoise. Le dishi devint officiellement un haut fonctionnaire du gouvernement central, nommé directement par l'empereur, qui dirigeait les affaires bouddhiques du pays et les affaires locales du Tibet.

Deuxièmement, dès sa fondation, la dynastie des Yuan établit le Conseil d'administration générale du bouddhisme (qui fut rebaptisé en 1288 Conseil des affaires de pacification), chargé des affaires militaires et politiques du Tibet et des affaires bouddhiques du pays. Les fonctions de chef de ce conseil étaient cumulées en général par le premier ministre et celles de chef adjoint étaient assumées par un moine recommandé par le dishi. Ce fut le premier organisme central chargé spécialement des affaires du Tibet dans l'histoire chinoise.

Troisièmement, le dishi fut chargé de la division administrative locale du Tibet et de la décision de l'effectif des fonctionnaires des organismes d'administration à tous les échelons.

Ensuite, le Tibet est passé sous l'autorité de la dynastie des Yuan. Bien que la Chine ait connu grandeur et décadence sous plusieurs dynasties, le Tibet est resté jusqu'à aujourd'hui sous la juridiction des autorités centrales.

La dynastie des Ming (1368-1644)

En 1368, la dynastie des Ming se substitua à celle des Yuan en Chine. Elle abolit le Conseil des affaires de pacification et le système de dishi qui devait être conféré à un moine tibétain mais en même temps établit un système particulier qui consiste à conférer les titres de chefs religieux. Selon ce système, le titre le plus élevé de chef religieux était celui de « roi de la Loi » qui différait de celui de dishi sous les Yuan ; plus précisément, les rois de la Loi ne travaillaient pas dans la capitale, n'avaient pas le pouvoir d'administrer les affaires religieuses du pays, ne possédaient pas leurs propres fiefs permanents, ils ne s'occupaient pas des affaires politiques et n'exerçaient pas de juridiction sur les fiefs, et leur titre était honorifique et différent. Les chefs religieux inférieurs au roi de la Loi possédaient leurs fiefs. Ils gouvernaient une région, ne se subordonnaient pas au chef supérieur mais relevaient directement du gouvernement central.

Les autorités centrales des Ming, suivant le système administratif des Yuan, installèrent les administrations locales au Tibet pour gouverner respectivement les affaires politiques et militaires au Tibet antérieur et postérieur et dans les préfectures de Qamdo et de Ngari.

La dynastie des Qing (1644-1911)

Après avoir remplacé en 1644 la dynastie des Ming, le gouvernement de la dynastie des Qing arrêta une série de lois et de systèmes rigoureux et efficaces concernant le contrôle du Tibet, afin d'exercer sa souveraineté sur cette région de façon plus légale et plus systématique.

Premièrement, légaliser la région administrative du Tibet. Tout en procédant à la division administrative du pays, le gouvernement central des Qing délimita législativement la région administrative du Tibet et les frontières entre le Tibet et ses voisins (Yunnan, Sichuan, Qinghai et Xinjiang). La région administrative du Tibet d'alors (aussi appelé Weizang) correspond approximativement à la région autonome du Tibet d'aujourd'hui.

Deuxièmement, définir le système politique et administratif du Tibet et la forme organisationnelle du pouvoir local du Tibet. Les « Règlements sur les affaires du Tibet approuvés par l'empereur » promulgués en 1793 et le « Recueil des codes du Grand Qing » rassemblant des lois et règlements administratifs de la dynastie des Qing stipulaient explicitement : Au Tibet, le dalaï-lama et le panchen-lama administrent les affaires religieuses et une partie des affaires administratives respectivement du Tibet antérieur et du Tibet postérieur et ne sont pas subordonnés l'un à l'autre. C'était l'envoyé impérial qui était chargé de gouverner tout le Tibet.

Troisièmement, conférer des titres aux chefs religieux du Tibet. En 1653, le gouvernement central des Qing conféra au Ve dalaï le titre de « dalaï-lama Wachilatanta-bouddha sans souci qui domine le monde le l'Ouest », et en 1713, au Ve panchen le titre « panchen erdini ». Après quoi, seuls les dalaï et les panchen qui recevraient un titre conféré par le gouvernement central seraient légaux. Cette forme de consécration fut érigée en règle.

Quatrièmement, pour éviter que les chefs religieux poursuivent des intérêts personnels en abusant de leur pouvoir ou cherchent à élargir leur sphère d'influence, le gouvernement central des Qing décida en 1793 d'établir le système du choix des successeurs du dalaï-lama et du panchen-lama par « tirage au sort au moyen de l'urne d'or » au lieu de la détermination d'un successeur par le dalaï-lama, le panchen-lama ou le grand lama lui-même. Le nouveau système exigeait que le choix des candidats du successeur du dalaï ou du panchen soit effectué sous la présidence et la surveillance de l'envoyé impérial au Tibet en recourant au « tirage au sort », et que le résultat du choix soit soumis au gouvernement central pour approbation. Ce fut l'une des mesures les plus importantes prises par le gouvernement des Qing pour renforcer le contrôle administratif des affaires religieuses du Tibet et aussi une action concrète du gouvernement central qui exerçait sa souveraineté entière sur le Tibet.

La République de Chine (1912-1949)

Puis vint la Révolution de 1911 en Chine. L'année suivante fut fondée la République de Chine réunissant les ethnies han, mandchoue, mongole, hui, tibétaine et autres. Sous le régime de la République de Chine, le pouvoir central changea de mains à plusieurs reprises, mais la politique fondamentale de l'État insistant sur l'unité, la souveraineté et l'intégrité du pays ne varia jamais.

Premièrement, sauvegarder la souveraineté de l'État sur le Tibet en recourant aux déclarations du gouvernement et à la législation. Le 11 mars 1912, la « Constitution provisoire de la République de Chine » fut arrêtée et promulguée sous la présidence du Dr Sun Yat-sen. L'article 3 de ses principes généraux stipulait que le Tibet était l'une des 22 provinces de la République. Le gouvernement de la République de Chine possédait donc légalement la souveraineté sur le Tibet. Dans la Constitution officielle promulguée plus tard, les articles concernant le Tibet insistaient aussi sur le fait que le Tibet était partie intégrante du territoire de la Chine et que le gouvernement central exerçait sa souveraineté sur lui.

Deuxièmement, établir un organisme central chargé d'administrer les régions peuplées de Tibétains et de Mongols – le Bureau des affaires mongoles et tibétaines. Ce bureau fut fondé en 1912 et relevait directement du Conseil des affaires d'État. En 1914, il changea de nom et prit celui de Conseil des affaires mongoles et tibétaines. En 1927, la République de Chine transféra sa capitale à Nanjing et constitua un gouvernement nationaliste. Le Conseil des affaires mongoles et tibétaines fut réorganisé en Comité des affaires mongoles et tibétaines. Le IXe panchen-lama et le XIIIe dalaï-lama ainsi que Gongjor Zongnyi, Zamgyia Hutogtu et Xeirab Gyamco, représentants du gouvernement local du Tibet et accrédités à Nanjing, étaient membres de ce comité, et Xeirab Gyamco, célèbre maître de bouddhisme, en était le vice-président.

Troisièmement, octroyer au dalaï-lama et au panchen-lama des titres honorifiques et présider la cérémonie d'intronisation de l'enfant-incarnation du dalaï-lama ou du panchen. Au début de la République de Chine, le XIIIe dalaï-lama, qui s'était réfugié en Inde et avait donc perdu le titre honorifique octroyé par le gouvernement des Qing, exprima son vœu de regagner le pays. Yuan Shikai lança le 28 octobre 1912 son ordre présidentiel de lui rendre le titre. Peu après, le dalaï-lama retourna au Tibet. Pour atténuer les contradictions au sein du Tibet et citer le IXe panchen-lama pour sa contribution à la sauvegarde de l'unification du pays, Yuan Shikai lança encore une fois le 1er avril 1913 un ordre présidentiel de conférer le titre honorifique au panchen.

En décembre 1933, après l'entrée dans le nirvâna du XIIIe dalaï-lama, selon la coutume historique, les autorités locales du Tibet informèrent immédiatement de cet événement le gouvernement central et ce dernier lui conféra le titre posthume de « Grand maître d'intelligence parfaite, de bienveillance immense et défenseur du pays » et envoya Huang Musong, président du Comité des affaires mongoles et tibétaines, au Tibet participer aux obsèques. En 1938, sous la présidence du tulku Razhen, régent du Tibet, on trouva, selon la règle bouddhique, au Qinghai, l'enfant-incarnation du XIIIe dalaï-lama, qui s'appelait Lhamo Toinzhub. Le 5 février 1940, le gouvernement nationaliste émit une ordonnance approuvant que « Lhamo Toinzhub, enfant du Qinghai, succède, sans tirage au sort, au XIIIe dalaï comme XIVe dalaï-lama ». Wu Zhongxin, représentant spécial du gouvernement central, et Razhen présidèrent conjointement la cérémonie d'intronisation. En décembre 1937, le IXe panchen décéda au Qinghai, en route vers le Tibet. Le gouvernement nationaliste lui conféra le titre posthume de « grand maître d'intelligence parfaite, grand sage et défenseur du pays » et envoya Dai Chuanxian, président du Conseil des examens, à Ganze honorer sa mémoire. Au début de 1949, l'envoyé spécial du gouvernement nationaliste assista à l'intronisation de l'enfant-incarnation du IXe panchen qui eut lieu au monastère de Ta'er, au Qinghai, et donna lecture d'une ordonnance selon laquelle Guangbo Cidain devenait officiellement le Xe panchen. En août de la même année, Guan Jiyu, président du Comité des affaires mongoles et tibétaines, se rendit au Qinghai pour présider, en qualité d'envoyé spécial du gouvernement nationaliste, la cérémonie d'intronisation.

Quatrièmement, admettre des personnalités religieuses et laïques de couche supérieure du Tibet dans l'administration des affaires d'État. On trouve des délégués du Tibet au parlement et à l'assemblée nationale à tous les niveaux. Par exemple, lors de la convocation de l'Assemblée nationale à Nanjing du 15 novembre au 25 décembre 1946, 17 délégués du Tibet étaient présents à la session qui adopta la Constitution.

La République populaire de Chine (depuis 1949)

En 1949, la République populaire de Chine fut proclamée.

Libération pacifique du Tibet en 1951 : Lors de la fondation de la Chine nouvelle, le 1er octobre 1949, le Xe panchen erdini, l'un des deux grands tulku de la lignée Gelug du bouddhisme tibétain envoya un télégramme au président Mao Zedong et au commandant en chef Zhu De pour exprimer son soutien au gouvernement populaire central et son vif désir que le Tibet soit libéré le plus tôt possible. Le 23 novembre, le président Mao et le commandant en chef Zhu répondirent au télégramme. Par la suite, le gouvernement populaire central réitéra plusieurs fois aux autorités locales du Tibet son appel à négocier la libération pacifique.

Mais avec l'appui d'une certaine force impérialiste, le régent Dagzhag et d'autres personnes qui contrôlaient alors le gouvernement local du Tibet concentrèrent le gros de l'armée tibétaine et la milice populaire de 8 000 personnes sur la ligne de Qamdo et le long de la rive ouest du fleuve Jinshajiang dans le but de résister à l'Armée populaire de Libération. Le 24 octobre 1950, Qamdo fut libéré. S'en tenant au principe de libération pacifique du Tibet, le Comité central du PCC et le gouvernement populaire central ordonnèrent à l'armée populaire de libération d'arrêter sa marche en attendant la négociation avec la délégation tibétaine à Beijing. Parallèlement, la commission militaire et administrative du Sud-Ouest et la région militaire du Sud-Ouest promulguèrent conjointement le « Pacte concernant la libération du Tibet en dix articles » en chinois et en tibétain. Inspiré par les politiques et les efforts du Comité central, en janvier 1951, le XIVe dalaï-lama et les autorités locales du Tibet exprimèrent leur désir relatif aux négociations de paix.

Le 29 avril 1951, les représentants plénipotentiaires du gouvernement populaire central et du gouvernement local du Tibet commencèrent à négocier à Beijing. Après avoir abouti à un accord sur tous les problèmes importants, le 23 mai 1951, une cérémonie solennelle de signature de l'« Accord entre le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet sur les mesures concernant la libération pacifique du Tibet » (en abréviation l'accord en 17 articles) eut lieu à Zhongnanhai. Ensuite, le dalaï-lama adressa au président Mao Zedong un télégramme dans lequel il disait, quant à l'accord sur les mesures concernant la libération pacifique du Tibet, que « le gouvernement local, les clercs et la population laïque du Tibet le soutiennent à l'unanimité. Sous la direction du président Mao et du gouvernement populaire central, ils apportent une aide active à l'armée populaire de Libération entrée au Tibet pour consolider la défense nationale, chasser les forces impérialistes et sauvegarder l'unité territoriale et la souveraineté du pays. »

Le panchen erdini adressa également au président Mao Zedong un télégramme pour témoigner son soutien à cet « Accord en 17 articles » afin de sauvegarder l'unité et la souveraineté de la patrie.

Selon l'accord, le 26 octobre de la même année, l'Armée populaire de Libération entra sans encombre à Lhassa, gagnant l'accueil chaleureux des fonctionnaires, clercs et laïques locaux, soit plus de 20 000 personnes. Par la suite, elle pénétrera successivement les lieux importants d'inspection des frontières comme Nagqu, Ngari, Zayu, Gyangze, Xigaze et Yadong. Jusqu'ici, le Tibet était libéré pacifiquement.

En 1954, le dalaï-lama et le panchen erdini se rendirent à Beijing pour participer à la Première Assemblée populaire nationale. Au cours de cette session, le dalaï-lama fut élu vice-président du Comité permanent, et le panchen, membre du Comité permanent.

Réforme démocratique en 1959

Le système social ancien fut maintenu malgré la libération pacifique du Tibet. Pourtant, pour faire progresser la société tibétaine et améliorer la vie du peuple, la réforme démocratique fut l'une des questions qui intéressaient le gouvernement central. Du fait que les conditions n'étaient pas mûres pour une réforme, le 17 février 1957, lors d'une réunion des affaires nationales, le président Mao a fait le rapport intitulé « Quelques questions concernant le traitement correct des contradictions internes du peuple » pour exposer le principe que « la réforme n'aurait pas lieu avant six ans ». En réalité, le gouvernement central cédait encore une fois à la couche supérieure du Tibet, dans l'espoir que le délai permettrait d'éveiller la conscience des autorités du Tibet, afin que se réalise fructueusement la réforme démocratique.

La clique réactionnaire au sein de la couche supérieure du Tibet déchira publiquement l'« Accord en 17 articles » le 10 mars 1959 et déclara l'« indépendance du Tibet ». Elle ordonna aux armées du Tibet d'encercler la région militaire du Tibet et les organes du gouvernement central au Tibet et de lancer une attaque générale le 20 mars au petit matin. Pour sauvegarder l'unité de la patrie, le gouvernement central assigna l'ordre de réprimer la révolte, ordonna de dissoudre les autorités locales du Tibet dont la plupart des fonctionnaires participèrent à la rébellion et déclara que le comité préparatoire de la région autonome du Tibet exercerait les fonctions du gouvernement local du Tibet. Le Tibet entra dans une nouvelle période : étouffer la révolte et pratiquer la réforme démocratique.

Le Comité préparatoire de la région autonome du Tibet adopta en juillet 1959 la « Résolution sur la réforme démocratique », décidant qu'il faut réprimer à fond la révolte, mobiliser pleinement les masses et pratiquer la réforme démocratique dans la région tibétaine. Ainsi, s'opposer à la révolte, au système de corvée et d'esclavage, ainsi que lancer le mouvement de réduction du fermage et du taux d'intérêt constituèrent le premier pas de la réforme. Les serfs et esclaves réveillés organisèrent leur propre institution dirigeante – association de paysans, formant le centre du pouvoir. Depuis lors, des associations de paysans furent établies en quelques mois dans les régions où ils lancèrent la réforme démocratique.

Conformément aux politiques, à l'égard des terres des propriétaires de serfs qui avaient pris part à la rébellion, « qui fait les semailles fait la moisson » ; pour les propriétaires de serfs qui n'avaient pas participé à la révolte, 80 % des produits agricoles de leur terre appartiendraient aux serfs, le reste, aux propriétaires de serfs. Toutes les dettes contractées par les serfs envers les « trois seigneurs » avant 1958 furent abrogées, et quant aux emprunts faits en 1959 aux seigneurs qui ne s'étaient pas mêlés à la révolte, l'intérêt mensuel fut réduit à 1 %. De 1959 à 1960, lors de l'achèvement de la réforme dans l'ensemble, tous les prêts usuraires abrogés (y compris les céréales et l'argent) fut converti en plus de 400 000 tonnes de céréales, brisant les lourdes chaînes des serfs.

La troisième réunion plénière du comité préparatoire de la région autonome du Tibet tenue en septembre 1959 adopta la « Résolution sur l'abolition de la propriété foncière des propriétaires de serfs et l'application de la propriété foncière des paysans » pour satisfaire la juste demande d'un million de serfs.

La réforme agraire dans la région agricole se déroula de l'hiver 1959 au printemps 1960. Les terres et autres moyens de production des propriétaires de serfs rebelles et de leurs régents furent confisqués. À la fin de 1960, les terres distribuées aux serfs et aux esclaves atteignirent 186 000 hectares, soit 0,23 ha par personne.

Et on pratiqua la politique de rachat parmi les propriétaires de serfs non engagés dans la rébellion et de leurs régents. Plus de 60 000 ha de terre agricole, 820 000 têtes de bétail (seulement dans les régions rurales), 20 000 ensembles d'instruments aratoires et 64 200 pièces d'habitation excédentaires furent rachetés au prix du marché moyen et seraient payés dans huit à treize ans par le gouvernement. Jusqu'en septembre 1961, quelque 2 000 foyers réglèrent le certificat de rachat et reçurent le premier versement. On fournit du travail aux progressistes patriotes ; quelques-uns assumèrent des fonctions au comité préparatoire de la région autonome.

La réforme démocratique a renversé radicalement le servage féodal réactionnaire et arriéré, émancipé un million de serfs et d'esclaves du joug et de l'opposition des propriétaires de serfs et obtenu le droit à la liberté personnelle. Cet événement a fondamentalement changé les conditions de droits humains du peuple tibétain et ouvert une voie en faveur du développement de la société tibétaine.

Fondation de la région autonome du Tibet en 1965

L'autonomie régionale est pratiquée au Tibet en vertu de la Constitution chinoise. Selon la Constitution et les lois, l'État garantit les droits politiques des divers groupes ethniques de participer, sur un pied d'égalité, à la gestion des affaires de l'État et d'administrer de façon indépendante les affaires de leur propre région et de leur propre ethnie. Ces droits concernent la politique, l'économie, la culture et tous les domaines du progrès social. En fonction des circonstances spécifiques de l'histoire et des facteurs politiques, économiques, religieux, culturels et autres, tout en pratiquant l'autonomie régionale, on a pris quelques mesures souples, particulières et différentes de celles des autres régions autonomes du pays.

Le 9 mars 1955, la 7e séance élargie du Conseil des affaires d'État, présidée par le premier ministre Zhou Enlai, a examiné et adopté la « Décision sur l'établissement du Comité préparatoire de la région autonome du Tibet », stipulant que sous la direction du Conseil des affaires d'État, le Comité préparatoire est un organe politique chargé de la fondation de la région autonome du Tibet. Sa tâche principale consiste à préparer l'application de l'autonomie régionale au Tibet en vertu de la Constitution, de l'Accord en 17 articles et de la situation spécifique locale. Le Conseil des affaires d'État a désigné le dalaï-lama comme le directeur-membre du comité, le panchen comme premier directeur adjoint et membre, et Zhang Guohua, comme deuxième directeur adjoint et membre. Le 22 avril 1956, l'assemblée constitutive du Comité préparatoire s'est tenue solennellement dans la grande salle de Lhassa nouvellement ouverte.

Au cours de la répression de la révolte et de la réforme démocratique en 1959, le servage féodal a été aboli et un million de serfs et esclaves ont été émancipés ; ils n'ont été plus vendus, transférés, échangés pour payer une dette en nature comme biens privés des propriétaires de serfs, ainsi forcés à travailler. Dès lors, ils ont obtenu la liberté individuelle et sont devenus les maîtres de la société. Pendant cette période, on a établi le pouvoir politique populaire local aux divers échelons. À partir de la situation réelle tibétaine, en juillet 1959, le Comité préparatoire a adopté les « Règlements organisationnels des associations paysannes à l'échelon de district, de préfecture et de canton du Tibet », stipulant que les associations paysannes au niveau de préfecture et de canton exercent les fonctions à la place du pouvoir politique local. Jusqu'en avril 1960, les autorités populaires de sept commissariats préfectoraux, d'une ville, de 72 districts, de 20 préfectures et 300 cantons ont été établies. En mars 1962, le Comité préparatoire a distribué les « directives concernant les élections aux échelons de base dans la région autonome du Tibet (projet) ». En juillet et août 1965, 1 359 cantons, bourgs ont accompli l'élection de base, 567 autres cantons et bourgs ont organisé la réunion populaire locale, remplaçant les fonctions de l'assemblée populaire, soit 92 % des cantons et bourgs du Tibet. De plus, 54 districts ont convoqué la première session de l'assemblée populaire locale, élu les chefs de district, et établi la commission populaire au niveau de district et choisi 301 députés pour assister à l'assemblée populaire de la région autonome du Tibet.

Approuvée par le gouvernement central, la première session de la première Assemblée populaire de la région autonome du Tibet s'est tenue du 1er au 9 septembre 1965 à Lhassa. La région autonome du Tibet a déclaré sa fondation à cette occasion et Ngapoi Ngawang Jigmei a été élu président.

 

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