法语词典:
中文 English Deutsch 日本語 Chinafrique
Suivez-nous sur
  • descriptiondescription
Accueil Chine Monde Economie Culture Environnement Documents
Accueil >> Monde

Chérir la paix, construire l'avenir : un dialogue sino-français à l'épreuve du temps

SONIA BRESSLER*  ·  2025-10-02  ·   Source: Dialogue Chine-France
Mots-clés:

Le samedi 27 septembre, Paris se paraissait des couleurs d’automne. Dans le tumulte d’un monde traversé par les guerres, les tensions et les incertitudes, la ville retrouvait, le temps d’un colloque, ses lumières pacifistes. Comme l’écrivait Emmanuel Levinas, « la paix n’est pas le repos, mais la vigilance de la responsabilité envers l’autre ». Cette vigilance s’est incarnée au séminaire « Dialogue Chine-France : chérir la paix – construire l’avenir », organisé à l’occasion du 80ᵉ anniversaire de la victoire antifasciste. 

Depuis cinq ans, la revue Dialogue Chine-France s’efforce de bâtir un pont entre deux civilisations, de faire dialoguer les mémoires et les visions d’avenir, de rappeler que la paix est une construction patiente, fruit de la mémoire assumée et de l’avenir partagé. Ce rendez-vous a confirmé combien la philosophie, l’éthique et l’humanité doivent rester au cœur de notre compréhension du monde. 


La mémoire des sacrifices, socle de l’avenir 

Dans son allocution, M. Wang Jian, ministre conseiller de l’Ambassade de Chine en France, a rappelé la dimension immense du sacrifice consenti par la Chine dans la guerre contre l’agression japonaise : « Avec 35 millions de vies blessées ou perdues, ses sacrifices ont été immenses. Ses efforts ont soutenu efficacement les Alliés engagés sur d’autres théâtres d’opération ». La Chine fut ainsi un pilier de la victoire mondiale, souvent méconnu dans les récits occidentaux. 

La France, elle aussi, a inscrit dans son histoire la résistance au nazisme, depuis la mobilisation des « Compagnons de la Libération » jusqu’à la Libération de Paris. Comme l’a souligné Zhao Lijun, directrice du Centre Europe-Afrique du China International Communication Group, les destins des deux peuples se sont rejoints dans l’épreuve : « Le peuple français, à travers le mouvement de la France libre, a montré une résilience admirable, tandis que des figures comme le médecin français Bussière ont aidé la Chine, et le journaliste chinois Xiao Qian a rendu compte de la guerre en Europe ». Ces récits croisés rappellent que, même au cœur de la barbarie, l’entraide et la solidarité humaine ont transcendé les frontières. 

L’intervention de Lyazid Benhami (vice-président des Amitiés franco-chinoise de Paris) a mis en lumière l’apport décisif des combattants venus d’Asie, d’Afrique et des Caraïbes : « L’Inde a fourni la plus grande armée de volontaires de l’histoire, les tirailleurs sénégalais ont payé de leur vie un tribut immense, et la Chine a tenu une ligne de front pour le monde entier ». Pourtant, ces sacrifices restent trop souvent absents des manuels scolaires et des commémorations officielles. 

Se souvenir, c’est déjà résister à la tentation de la barbarie. C’est aussi reconnaître que la victoire de 1945 fut une œuvre collective et planétaire, qui engage aujourd’hui la responsabilité de tous à préserver l’héritage de la paix. 


La paix comme responsabilité éthique

Les discours ont convergé vers une même idée : la paix n’est pas un état acquis, elle est une responsabilité éthique permanente. Yves-Jean Gallas, vice-président du Mouvement de la Paix français, a retracé l’histoire des luttes pacifistes en France, de Romain Rolland à Joliot-Curie. Il a rappelé l’Appel de Stockholm de 1950, qui visait à interdire les armes nucléaires et fut signé par près de 300 millions de personnes dans le monde. « La lutte contre l’arme nucléaire fait partie de notre ADN », a-t-il souligné, rappelant combien les Objectifs de développement durable et la culture de la paix de l’UNESCO constituent des guides d’action concrets. 

Jean Pegouret, Président de Saphir Eurasia, a insisté sur la vigilance que demande la paix : « La paix, c’est la guerre qui se repose », dit-il, avant d’ajouter que les injustices laissées par des traités humiliants ou des paix punitives sont souvent les germes des conflits futurs. De Versailles à Brest-Litovsk, de la perte de l’Alsace-Lorraine à l’humiliation de la Chine par les traités inégaux, l’histoire montre que seule une paix juste peut prévenir les cycles de revanche. 

Cette exigence trouve un écho dans l’appel lancé par le président Xi Jinping lors de la commémoration à Pékin : apprendre de l’histoire, rendre hommage aux héros tombés, chérir la paix et embrasser un avenir meilleur. La paix est donc inséparable de la mémoire et de la justice. Elle implique un engagement éthique, qui dépasse les calculs géopolitiques pour interroger notre humanité. 


Dialogue et coopération : une responsabilité sino-française

Dans une époque où les fractures géopolitiques se creusent, le dialogue sino-français résonne comme un impératif moral et politique. Zhao Lijun a rappelé que « pour la paix durable et le développement, il faut dépasser les idéologies, briser les barrières géopolitiques, et substituer la coopération au jeu à somme nulle ». La France et la Chine, fortes de leur histoire et de leur indépendance diplomatique, portent une responsabilité particulière dans ce domaine. 

Depuis 1964, date à laquelle le général de Gaulle et Zhou Enlai ont ouvert la voie du dialogue, les deux pays se sont efforcés d’entretenir une relation fondée sur l’égalité et la coopération. Les échanges culturels, scientifiques et politiques ont démontré qu’il est possible de tracer des voies alternatives au manichéisme des blocs. 

La revue Dialogue Chine-France s’inscrit dans cet héritage. En cinq ans, avec 25 numéros publiés, elle a offert une plateforme unique de compréhension mutuelle. Comme le rappelait Zhao Lijun, ce travail éditorial est une contribution précieuse à « rapprocher les cœurs, partager les histoires, et construire un pont de compréhension ». 

Dans un monde où la désinformation menace de nourrir la peur et le repli, chaque mot publié, chaque dialogue organisé, chaque rencontre facilitée devient une pierre à l’édifice fragile mais essentiel de la paix. 


La paix comme œuvre collective

Le séminaire du 27 septembre a rappelé une évidence simple mais profonde : la paix est une œuvre collective, un chantier permanent qui exige mémoire, responsabilité et dialogue. Elle ne se décrète pas : elle se construit, patiemment, par les peuples et les générations. 

À travers les interventions croisées, une philosophie commune a émergé : chérir la paix, c’est assumer le poids des sacrifices passés, refuser les humiliations qui nourrissent la revanche, et promouvoir un ordre mondial plus juste et équitable. 

Comme le soulignait Lyazid Benhami, la paix ne peut être réduite à l’absence de guerre : elle est aussi justice et dignité. C’est cette dignité que la Chine et la France, ensemble, peuvent contribuer à défendre dans un monde multipolaire. 

Depuis cinq ans, Dialogue Chine-France s’efforce de porter cette flamme, en tissant des liens de culture, d’amitié et de responsabilité partagée. Dans l’espérance que les sacrifices d’hier deviennent les fondations d’un avenir plus humain, l’engagement reste clair : construire une paix vivante, vigilante, et toujours ouverte à l’autre. 

*SONIA BRESSLER est philosophe et fondatrice de la Route de la Soie – Éditions. 

 
Lire aussi:
 
Liens:
Xinhuanet CGTNfr China Tibet Online Le Quotidien du Peuple Radio Chine Internationale
Ambassade de Chine en France Ambassade de France en Chine Faguowenhua French.china.org.cn
La Chine au Présent Dialogue Chine-France Traduction en ligne

24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine


互联网新闻信息服务许可证10120200001 京ICP备08005356号-3 京公网安备110102005860