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La paix aux yeux d’un jeune Français

ALEXANDRE GUÉRY*  ·  2025-08-30  ·   Source: La Chine au présent
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La paix est un héritage fragile qu’il faut défendre chaque jour. 

Alexandre Guéry (1er d.) et ses camarades de l’École de journalisme et de communication de l’Université Tsinghua, en juin 2025

Je suis né en 1996, entre la fin de la génération des Milléniaux et le début de la Génération Z, les zoomers. En France, j’ai grandi dans un pays où les conflits armés appartiennent aux livres d’histoire ou aux images de télévision. Le bruit le plus inquiétant que j’ai entendu enfant, c’était l’alarme d’un micro-ondes, pas celle d’une sirène anti-aérienne.

À l’école, on m’a parlé de la Seconde Guerre mondiale, du 8 mai 1945, de la libération de Paris. Mais dans mon quotidien, la guerre restait abstraite, lointaine, presque théorique.

Pourtant, en allumant la télévision ou en ouvrant Twitter, j’ai toujours vu défiler des images de destructions, de bombes, de réfugiés. Ukraine, Syrie, Gaza, Yémen… la liste est longue. Alors, quand on me parle de « 80 ans de paix » depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, je me demande : vivons-nous vraiment en paix ou est-ce seulement une illusion confortable pour ceux qui, comme moi, n’ont jamais eu à fuir leur maison ?

Ce que « paix » signifie pour nous

La définition classique de la paix, c’est l’absence de guerre. Mais pour ma génération, ce n’est pas suffisant. Nous voyons la paix comme un mélange de sécurité physique, de relations internationales stables, de justice sociale et de respect mutuel. La paix, ce n’est pas seulement l’absence de coups de feu. C’est aussi pouvoir vivre sans peur, avoir confiance dans ses institutions, et croire que les tensions peuvent se résoudre sans violence.

Depuis quelques années, je vis en Chine. Ici, je ressens une paix très concrète : se promener tard le soir sans inquiétude, voyager seul dans le métro sans crainte, rencontrer des gens prêts à aider un inconnu. Le respect des autres est ancré dans le quotidien. On peut laisser son téléphone sur une table de café pour aller commander et le retrouver exactement là où on l’a laissé. Ce sentiment de sécurité et de confiance mutuelle est précieux et rare.

Mais je constate aussi un autre phénomène : la guerre des récits. Les États-Unis décrivent la Chine comme une menace, la Chine accuse l’Occident de vouloir l’affaiblir. Chacun peint l’autre en ennemi potentiel. Résultat : même sans conflit armé, les relations restent teintées de méfiance. Cela montre que la paix peut exister dans les faits, mais être absente dans les perceptions.

Certains disent : « Regardez, pas de Troisième Guerre mondiale depuis 1945, c’est la preuve que nous vivons en paix. » Oui… mais pas complètement.

D’abord, cette paix s’est construite dans un contexte particulier. La domination américaine, l’équilibre précaire de la Guerre froide et la peur constante de l’arme nucléaire ont pesé sur le monde. La dissuasion a peut-être empêché un conflit global, mais elle repose sur la menace d’anéantissement. Est-ce vraiment la paix, ou juste une trêve armée ?

Ensuite, il y a les conflits par procuration : Viet Nam, Afghanistan, Moyen-Orient, Afrique… Des millions de morts depuis 1945, même si les grandes puissances évitent de s’affronter directement.

Et puis il y a un aspect plus philosophique : le fameux Dunbar’s number, l’idée que les humains ne peuvent entretenir des relations stables qu’avec environ 150 personnes. Au-delà, la méfiance et le conflit reviennent naturellement. Si c’est vrai, alors peut-être que le conflit est une composante inévitable de notre nature sociale.


Les participants étrangers à la Conférence mondiale des jeunes pour la paix, à Beijing, le 29 juillet 2025

Utopie ou réalité ?

Je ne crois pas à une paix absolue, universelle et éternelle. Même dans un monde parfait, il y aura toujours des désaccords, des rivalités, des tensions. Mais cela ne veut pas dire que la paix est impossible. Simplement, elle n’est pas un état figé, mais un processus permanent.

On peut imaginer la paix comme un équilibre instable qui demande des ajustements constants. Un peu comme marcher sur une corde raide : on ne supprime pas le risque de chute, mais on apprend à corriger sa trajectoire pour rester debout.

Et c’est là qu’entrent en jeu les petites paix. Locales, relatives, mais bien réelles : la paix que je ressens en Chine quand je sors le soir ; la paix en Europe, où les frontières sont ouvertes ; la paix créée lorsque deux personnes d’origines différentes se rencontrent et s’écoutent vraiment.

Le rôle de notre génération

Notre génération a hérité d’un monde globalisé, connecté et, malgré tout, moins violent que le XXe siècle. Mais cet héritage est fragile. Voici ce que nous pouvons faire. Préserver la mémoire historique : comprendre que les 80 dernières années n’ont pas été un miracle spontané, mais le fruit de sacrifices et de choix politiques. Refuser la réécriture de l’histoire. Multiplier les échanges interculturels : voyages, études à l’étranger, projets communs. Rien ne remplace la rencontre réelle avec l’autre. Utiliser les réseaux sociaux intelligemment : au lieu de propager la haine ou les fausses informations, partager des récits qui rapprochent et des projets inspirants. Agir localement : bénévolat, actions communautaires, engagement environnemental. Chaque geste qui réduit la peur ou l’injustice contribue à bâtir la paix.

En 2025, 80 ans après la Seconde Guerre mondiale, nous vivons encore dans le privilège rare de la paix. Ce luxe n’est pas un dû : c’est un héritage fragile, qu’il faut défendre chaque jour.

Comme le dit ce proverbe chinois : « Le sage recherche l’harmonie, pas la victoire. » Une sagesse issue du confucianisme et du taoïsme, qui nous rappelle qu’une société stable ne se construit pas sur la domination, mais sur l’équilibre ; non pas en écrasant l’autre, mais en trouvant une voie où tous peuvent avancer.

 

*ALEXANDRE GUÉRY est étudiant à l’Université Tsinghua.

 

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