Des bases solides pour les relations bilatérales

Bien que le Maroc et la Chine aient choisi des systèmes politiques et des modèles de développement différents, leurs échanges politiques ont toujours été caractérisés par la transparence et la confiance mutuelle qui s’est instaurée entre les deux pays, ce qui fait des relations bilatérales un modèle pour les pays Sud-Sud. Il ressort des échanges entre les dirigeants et les gouvernements que les deux pays ont toujours adhéré au principe de développer une coopération bilatérale mutuellement avantageuse avec pour objectif la réalisation de l’indépendance économique et au principe fondamental de l’adhésion à l’intégrité territoriale nationale, au respect mutuel et à la non-ingérence dans les affaires intérieures.

Sur la base de la visite amicale en Chine de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en mai 2016 et de la signature avec Son Excellence le président Xi Jinping d’un accord de partenariat stratégique, nous fûmes tous conscients que le temps était venu pour une nouvelle ère de coopération qui place l’investissement, le transfert de connaissance et les échanges culturels au centre d’un avenir commun sino-africain et sino-arabe où le Maroc est l’acteur principal et le pilier dans la mise en place d’un partenariat durable et mutuellement bénéfique.

Afin de s’adapter au nouveau contexte du développement mondial, le Maroc et la Chine ont modernisé leur mécanisme de coopération commerciale mis en place depuis l’établissement des relations diplomatiques. La relation de coopération économique et commerciale entre le Maroc et la Chine, qui a commencé à se moderniser en 1995, a généré, après dix ans d’élaboration, un mécanisme de coopération complet. Ce nouveau mécanisme inclut, en plus de la signature des accords économiques et commerciaux, une nouvelle série d’accords qui comprennent la protection des investissements, la justice, l’environnement et le tourisme pour promouvoir un meilleur développement du commerce bilatéral.

Ces dernières années, les relations économiques et commerciales entre la Chine et le Maroc se sont développées sans heurts et la coopération pragmatique entre les deux parties a obtenu des résultats remarquables. Le commerce bilatéral a montré une bonne tendance de développement et la Chine est devenue le troisième partenaire commercial du Maroc. Quelques dates clés nous aideront à mieux comprendre la tendance croissante des relations bilatérales :

Le 5 janvier 2022, le Maroc est devenu le premier pays d’Afrique du Nord à signer un plan de coopération pour la construction conjointe de « la Ceinture et la Route ». Le plan vise à promouvoir la coopération dans les domaines des infrastructures, du commerce, de l’investissement, de l’industrie, de l’agriculture et bien d’autres domaines, et à mieux promouvoir l’arrimage des stratégies de développement des deux pays ; le 30 novembre 2022, le Maroc et la Chine ont signé un mémorandum d’entente sur la création d’un groupe de travail sur le commerce sans entrave, ce qui reflète l’approfondissement et le perfectionnement continus de la coopération économique et commerciale et démontre la détermination et l’engagement pour promouvoir efficacement cette coopération ; du 2 au 4 juillet 2023, le ministre chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales, Tang Renjian, s’est rendu au Maroc et a signé un protocole d’accord sur la coopération agricole, favorisant les échanges économiques et commerciaux agricoles pour réaliser des bénéfices tangibles pour les deux peuples.

Tang Renjian, ministre chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales, signe un mémorandum d’accord sur la coopération agricole entre la Chine et le Maroc au cours de sa visite au Maroc, du 2 au 4 juillet 2023. 

Exemple de coopération fructueuse

Les efforts des deux pays ont créé des conditions favorables au développement d’une coopération étroite. En même temps et en raison des solides fondements de la coopération politique entre le Maroc et la Chine, la coopération commerciale s’est naturellement consolidée et a créé des opportunités dans divers domaines.

En termes d’investissement et d’économie et de commerce, la coopération politique entre le Maroc et la Chine a permis de déclencher une vague d’entreprises chinoises investissant au Maroc, parmi eux : le projet de fabrication de pièces de voiture de CITIC Dicastal, qui est devenu « le » modèle pour les entreprises chinoises désirant s’implanter au Maroc. CITIC Dicastal a également révélé à d’autres entreprises manufacturières chinoises les opportunités commerciales dans l’industrie automobile marocaine, en particulier pour les entreprises chinoises ciblant les marchés européens et africains.

Dans le cadre des activités de promotion des opportunités d’investissement menées par notre association, l’Association de Coopération Afrique-Chine pour le Développement (ACCAD), grâce à un travail d’étude de marché local intensif et à la collaboration d’une multitude d’acteurs économiques locaux, nous avons réussi à mettre en œuvre des projets de grande envergure tels que le dessalement de l’eau de mer, l’agriculture oasienne du désert et l’exploration minière et bien d’autres domaines d’ordre stratégique pour le Maroc.

Prenons l’exemple de notre projet de dessalement de l’eau de mer. Ces dernières années, le Maroc et les pays environnants en Afrique du Nord et au Sahel ont connu une sécheresse sans précédent, qui a gravement affecté la production agricole et industrielle et le quotidien des populations locales. À cette fin, et suite aux incitations de notre association, une coentreprise entre une société chinoise spécialisée dans le dessalement d’eau de mer à Suzhou et une entreprise marocaine, dont l’objectif majeur est d’introduire une nouvelle approche qui satisfait les besoins locaux en matière de coût de production et de durée d’implémentation, a été créée. Ce partenariat à travers des solutions innovantes développées en Chine et adaptées aux conditions locales, a rapidement gagné la confiance des clients au Maroc, une collaboration qui a le vent en poupe.

Aujourd’hui, nous sommes sollicités par une multitude de pays voisins pour les aider à assurer leur souveraineté hydrique et je pense que cela reflète parfaitement l’engagement du Maroc dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route » comme étant un pont stratégique entre l’Afrique, les pays arabes et l’Europe.

Perspectives d’avenir

Dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », la future coopération entre la Chine et le Maroc regorge de nouvelles opportunités. La Chine dispose d’une technologie mature, d’équipements de pointe, de talents et de professionnels de qualité dans de nombreux domaines industriels en plus des avantages concurrentiels évidents ; pour sa part, le Maroc possède des avantages géographiques uniques, de riches ressources naturelles et une structure de ressources humaines bien diversifiées et multidimensionnelles. Il constitue une tête de pont et un tremplin pour les entreprises et les investisseurs chinois qui souhaitent s’élargir en profondeur et intégrer les marchés africains, arabes, européens et même d’Amérique grâce aux accords de libre-échange signés par le royaume.

Entre le Maroc et la Chine, deux pays tournés vers l’avenir, il existe un grand potentiel de développement de la coopération économique. La Chine est un grand marché de consommation quantitatif et qualitatif et le Maroc dispose de ressources humaines et naturelles abondantes et d’une situation géographique stratégique sur le plan international. Des efforts inlassables à tous les niveaux doivent être déployés pour concrétiser cette complémentarité en vue d’une coopération plus soutenue et durable.

*NASSER BOUCHIBA est président de l’Association de Coopération Afrique-Chine pour le Développement (ACCAD).