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Vent debout contre le rejet des eaux de Fukushima

SUDESHNA SARKAR  ·  2023-10-10  ·   Source: La Chine au présent
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Tenant des pancartes disant « ne rejetez pas d’eau radioactive dans la mer », des manifestants se rassemblent devant le siège de TEPCO pour protester contre le rejet des eaux contaminées de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi dans l’océan Pacifique, le 24 août 2023. 

Le 1er septembre occupe une place particulière dans le calendrier japonais et cette année, cette journée a été observée avec encore plus d’intensité. Elle marque en effet le centenaire du grand tremblement de terre du Kanto sur l’île de Honshu en 1923, qui avait fait plus de 100 000 personnes et englouti plus d’un tiers du PIB japonais.

Depuis lors, la Journée de prévention des catastrophes commémore cette catastrophe au Japon, le cabinet japonais participant à des exercices d’urgence et à une campagne nationale visant à bâtir des infrastructures plus résistantes aux tremblements de terre.

C’est là que réside l’ironie, sachant que le 24 août, le Japon a déclenché ce qui pourrait être la plus grande catastrophe maritime du siècle en rejetant des eaux usées radioactives dans l’océan Pacifique, une décision qui se poursuivra pendant trois décennies, malgré de nombreuses protestations.

Un rappel des faits

Le problème a commencé avec un tremblement de terre de magnitude 9,0 qui a frappé le Japon en mars 2011. Il a déclenché un tsunami dévastateur qui a inondé les réacteurs de la centrale nucléaire de la ville d’Okuma, dans la préfecture de Fukushima, provoquant une fuite nucléaire, que l’on considère comme la plus grave catastrophe nucléaire après celle de Tchernobyl en 1986, dans l’ex-Union soviétique. La catastrophe de Fukushima a pris une nouvelle dimension lorsque Tokyo Electric Power Company (TEPCO), qui exploite la centrale, a annoncé le déversement dans le Pacifique de cette eau radioactive qui a servi à refroidir les réacteurs.

TEPCO a affirmé que les eaux usées, dont le volume total dépasse le contenu de 500 piscines olympiques, ont été traitées chimiquement pour les rendre sûres. Leur impact sur l’environnement, les organismes marins et les humains serait donc « infime ». Le gouvernement japonais, qui réfléchissait depuis près de deux ans à l’idée d’un déversement dans l’océan, a donné le feu vert en juillet lorsque l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a approuvé le plan, affirmant que les eaux usées traitées répondaient aux normes internationales et auraient un impact négligeable.

Grâce à ce soutien international, TEPCO a commencé à déverser ces eaux dans le Pacifique dès le 24 août, malgré les protestations des pays voisins et les inquiétudes généralisées de la communauté scientifique.

Pourquoi les protestations et les inquiétudes persistent-elles malgré les affirmations de TEPCO et le soutien apparent de l’AIEA ? L’une des principales raisons est l’histoire passée de TEPCO et son manque de transparence. Après la catastrophe de Fukushima, la Diète japonaise avait formé une commission d’enquête. Elle avait signalé que les causes de la catastrophe étaient prévisibles et que TEPCO n’avait pas respecté certaines normes fondamentales de sécurité. TEPCO avait reconnu ses manquements, affirmant que cela était dû à la crainte de faire face à des poursuites judiciaires et à des protestations publiques.

À l’époque, l’AIEA avait critiqué le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, affirmant qu’il avait fait preuve de laxisme dans la supervision. En outre, le ministère avait agi à la fois en tant que régulateur et promoteur de l’industrie électronucléaire. Il y avait donc un conflit d’intérêts.

Avant de commencer à rejeter les eaux contaminées, TEPCO avait promis d’effectuer une analyse de sécurité « chaque jour au cours du prochain mois [mois de septembre] ». Mais après le premier jour, aucun rapport des médias n’a fait état de résultats étayés par des données. En revanche, en mai, bien avant le début des rejets, des rapports ont révélé que des poissons pris à proximité de la centrale contenaient des éléments radioactifs dépassant la limite de sécurité nationale.

La Chine, qui réclamait d’autres moyens pour éliminer les eaux usées radioactives, a interdit l’importation de tous les produits aquatiques japonais sur la partie continentale. Hong Kong a interdit ces importations en provenance de dix régions japonaises. Une décision forte, sachant que Hong Kong et la partie continentale de la Chine constituaient le plus grand marché d’importations de produits de la mer en provenance du Japon.

 

Vue aérienne des réservoirs utilisés pour le stockage des eaux contaminées de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, le 14 février 2021 

La réponse du Japon

La réponse du Japon aux préoccupations légitimes des pays voisins a été celle d’évitement et de diversion. Le pays a d’abord prétendu recevoir des milliers d’appels téléphoniques de harcèlement en provenance de Chine et que des pierres avaient été lancées sur l’ambassade et les consulats du Japon en Chine ainsi que sur les écoles japonaises. Ces allégations ne sont cependant pas étayées.

En termes de communication officielle, une vidéo a montré le Premier ministre japonais Fumio Kishida en train de manger du poisson de Fukushima pour apaiser les craintes selon lesquelles il était dangereux. Puis, Rahm Emanuel, l’ambassadeur des États-Unis au Japon, est apparu sur une vidéo à Fukushima pour afficher son soutien et aurait mangé des fruits de mer locaux avec des responsables japonais.

C’est un exemple classique du dicton selon lequel « la politique crée de drôles de couples ». Le Japon se présente comme la victime des bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki pendant la Seconde Guerre mondiale, détournant ainsi l’attention des atrocités perpétrées pendant la guerre. L’ironie de l’histoire, c’est que les deux bombes atomiques que les États-Unis ont larguées vengeaient l’attaque japonaise contre Pearl Harbor, mais cette inimitié historique a apparemment été mise au vestiaire au nom de l’opportunisme politique.

L’envoyé américain a qualifié l’interdiction chinoise de « politique » et a mis en parallèle la gestion japonaise du problème des eaux usées à la gestion chinoise du COVID-19, qualifiant la première de scientifique et transparente.

Comment ne pas y voir là aussi une certaine ironie, sachant que les États-Unis et le Japon sont tous deux des maîtres en matière de politisation afin de se faire passer pour des victimes plutôt que comme des agresseurs. Le grand tremblement de terre du Kanto en est un exemple qui incite à la réflexion. Selon les médias japonais, parmi les victimes de la catastrophe figuraient également des Coréens et des Chinois, qui ont été « tués par l’armée, la police et des groupes d’autodéfense en raison de rumeurs selon lesquelles ils envisageaient d’organiser un soulèvement ou, dans le cas des Coréens, d’empoisonner des puits ». Mais le gouvernement japonais, fidèle à sa conduite, n’a ni indemnisé les proches des victimes ni présenté d’excuses pour ces brutalités, invoquant « le manque de dossiers ». C’est la même excuse qu’il a invoquée pour se soustraire à sa responsabilité dans la souffrance et l’humiliation des « femmes de réconfort » au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Une opposition ferme

Il y a par ailleurs eu des réactions au déversement des eaux contaminées contraires au narratif japonais. Le biologiste marin Bob Richmond de l’Université d’Hawaï a déclaré à la station de radio américaine NPR que la réponse du Japon a été « de la diversion jusqu’au déni ». Il a remarqué que le site autour de la centrale de Fukushima aurait pu être utilisé pour le déversement. « Nous devons cesser d’utiliser l’océan comme ultime dépotoir pour tout ce dont nous ne voulons pas sur le sol. »

En ce qui concerne les explications de l’AIEA, M. Richmond estime que lui et ses collègues n’ont pas été convaincus. « Nous estimons que puisque nous sommes des scientifiques et que nous nous basons sur des données, il n’y a pas suffisamment de données pour que nous puissions être rassurés. Le travail de l’AIEA est de veiller à ce que le plan respecte les normes, et adhérer aux normes n’est pas la même chose que garantir la sécurité. »

Certaines de ses préoccupations spécifiques concernent le fait que les eaux contaminées ne resteraient pas sur le territoire japonais mais se propageraient dans tout le Pacifique via les courants océaniques et les organismes. « Nous supposons que tout se passera bien. Si vous regardez l’histoire de la façon dont nous en sommes arrivés là, je pense que l’hypothèse selon laquelle tout se déroulera comme prévu doit être clairement évaluée. »

Concernant l’interdiction imposée par la Chine, il l’a qualifiée d’initiative appropriée malgré la menace que le Japon laisse entendre d’en appeler à l’Organisation mondiale du commerce. « Je me base sur les données. Cela est censé durer plus de 30 ans. Il s’agit donc non seulement d’une question transfrontalière, mais également d’une question concernant plusieurs générations. C’est préoccupant car de nombreux problèmes n’apparaissent pas immédiatement. Et une fois qu’ils apparaissent, on ne peut plus revenir en arrière. Alors, faut-il s’inquiéter ? Absolument… En tant que biologiste environnemental, j’adhère fermement à ce qu’on appelle le principe de précaution. En l’absence de données démontrant que quelque chose est sûr, vous ne devez pas présumer que c’est sûr. Vous préférez mettre en place des mesures de protection pour être très prudent. »

Un récent rapport du groupe de réflexion chinois Global Governance Institution affirme que le déversement des eaux usées aura un impact sur la santé et l’environnement de tous. Il propose de considérer des poursuites judiciaires à l’encontre du Japon pour « écocide ». Ce n’est pas la première fois que le Japon suscite de nombreuses préoccupations environnementales. Dans le passé, plus de 200 groupes et personnes de plus de 45 pays avaient protesté contre ce qu’ils avaient appelé la tentative du Japon d’établir des « colonies de déchets » en Asie, en faisant importer des déchets toxiques dans le cadre de traités bilatéraux de commerce et d’investissement promettant une aide au développement et des investissements.

L’approche de la Chine

Les actions environnementales de la Chine apportent un contraste saisissant. La voie chinoise de la modernisation comporte des plans détaillés pour créer une civilisation écologique, qui garantira l’harmonie entre l’humanité et la nature. « Nous ne devons absolument pas répéter l’erreur de “polluer d’abord et nettoyer ensuite” des pays occidentaux dans le processus d’industrialisation. Nous protégerons la nature et l’environnement tout comme nous le faisons pour notre propre vie et assurerons le développement durable de la nation chinoise », dit spécifiquement une directive en matière de lutte contre la pollution.

Le XIVe plan quinquennal (2021-2025) comprend une initiative appelée « Beautiful Bay » dans le cadre de la campagne d’écologie marine et de protection de l’environnement, précisant que d’ici à 2035, plus de 1 400 baies que compte la Chine seront protégées, nettoyées et embellies.

Ce n’est pas une promesse vide. Les données communiquées par le ministère de l’Écologie et de l’Environnement en août indiquent une amélioration considérable de l’écosystème marin chinois et de la qualité générale de l’eau de mer en 2022. Plus de 97 % de la zone maritime sous juridiction chinoise a signalé une qualité de l’eau de mer de catégorie I, la meilleure dans une échelle qui en compte quatre.

Les inquiétudes de la Chine concernant le déversement des eaux usées du Japon ont une raison légitime, d’autant plus qu’il s’agit d’un pays voisin. En 2018, la Chine a signé un accord de partenariat océanique unique avec l’Union européenne, dont les objectifs incluent la lutte contre la pollution marine. Il est à remarquer que l’ONU n’a pas encore tenté d’infléchir le déversement, étant donné que le Japon l’a effectué pendant la Décennie des sciences océaniques au service du développement durable, proclamée par l’ONU pour inverser le déclin de la santé des océans, une initiative qui se poursuivra jusqu’en 2030.

 

SUDESHNA SARKAR est une journaliste et rédactrice basée à Beijing.

 

 

 

 

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