(Manuel Elías/ONU/distribution via Xinhua) 

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a présenté jeudi sa vision des efforts multilatéraux pour la paix et la sécurité à l'occasion de la publication de la note d'orientation sur le Nouvel Agenda pour la paix.

"La période de l'après-Guerre froide est terminée et nous nous dirigeons vers un nouvel ordre mondial et un monde multipolaire", a-t-il dit lors de la présentation de la note d'orientation.

Cette nouvelle ère est déjà marquée par un niveau de tensions géopolitiques et de concurrence entre grandes puissances jamais atteint depuis des décennies, a noté M. Guterres, constatant que de nombreux Etats membres de l'ONU étaient de plus en plus sceptiques quant à l'efficacité du système multilatéral.

La nouvelle note d'orientation présente un vaste et ambitieux ensemble de recommandations qui reconnaissent la nature interdépendante de nombreux défis auxquels le monde est confronté, dans le but de parvenir à une action multilatérale plus efficace pour la paix.

Citant le premier domaine prioritaire de la note, M. Guterres a souligné la nécessité de mesures fortes pour renforcer la prévention au niveau mondial, en s'attaquant aux risques stratégiques et aux divisions géopolitiques.

La note appelle les Etats membres à s'engager de toute urgence dans la quête d'un monde exempt d'armes nucléaires et à renforcer les normes mondiales contre leur utilisation et leur prolifération.

"Nous devons également intensifier la diplomatie préventive au niveau mondial face à une fragmentation qui va en s'aggravant et à l'émergence potentielle de blocs géopolitiques qui auraient chacun leurs règles commerciales, leurs chaînes d'approvisionnement, leur devise et leur Internet", a déclaré M. Guterres.

En tant que deuxième domaine prioritaire, la note définit une vision pour la prévention des conflits et de la violence et le maintien de la paix, avec des propositions comprenant un paradigme de prévention qui combat la violence sous toutes ses formes, privilégie la médiation, promeut la cohésion sociale et donne la priorité aux liens entre développement durable, action climatique et paix.

 (Manuel Elías/ONU/distribution via Xinhua) 

"Pour cela, il faut envisager le continuum de la paix dans son ensemble et adopter une approche globale, qui identifie les causes profondes des conflits et empêche les graines de la guerre de germer", a souligné le chef de l'ONU.

"Nous devons accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, en ayant conscience que la prévention et le développement durable sont interdépendants et se renforcent mutuellement", a-t-il ajouté.

Mettre à jour l'approche des opérations de maintien de la paix de l'ONU est le troisième domaine prioritaire identifié dans la note, qui appelle une réflexion sérieuse et large sur l'avenir de ces opérations. Elle exhorte également le Conseil de sécurité des Nations Unies à autoriser les actions de maintien de la paix des organisations régionales et sous-régionales.

Selon M. Guterres, le quatrième domaine prioritaire est d'empêcher la militarisation des nouveaux domaines et des nouvelles technologies et de promouvoir une innovation responsable.

La note souligne la nécessité de nouvelles stratégies nationales pour atténuer les implications de l'intelligence artificielle (IA) sur la paix et la sécurité et appelle à un processus multilatéral pour élaborer des normes, des règles et des principes concernant les applications militaires de l'IA.

Le secrétaire général s'est félicité des appels à la création d'un nouvel organisme mondial pour atténuer les risques pour la paix et la sécurité de l'IA tout en exploitant ses avantages pour accélérer le développement durable.

La cinquième priorité est la mise à jour du dispositif de sécurité collective afin d'en restaurer la légitimité et l'efficacité.

La note d'orientation recommande des réformes urgentes du Conseil de sécurité de l'ONU pour le rendre plus juste et représentatif et la démocratisation de ses procédures. Elle propose également de revitaliser les travaux de l'Assemblée générale des Nations Unies et de réformer le mécanisme de désarmement, ainsi que de renforcer le rôle de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies.