Le Rwanda et la Chine ne comptent pas en rester là, bien au contraire.

James Kimonyo (COURTOISIE)

L’année 2021 marque le 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la République du Rwanda et la République populaire de Chine (RPC). Le monde était très différent en 1971 lors de l’établissement des premiers liens diplomatiques entre nos pays. Le Rwanda avait acquis son indépendance depuis moins de 10 ans et son économie était très fragile. La Chine n’était pas encore la puissance politique et économique qu’elle est aujourd’hui.

Sous de nombreux aspects, l’évolution de nos pays respectifs reflète les changements de la scène internationale et l’essor de la coopération Sud-Sud. Le Rwanda et la Chine ont d’abord établi des relations diplomatiques dans un monde où les pays non occidentaux occupaient une position faible dans l’économie mondiale.

La croissance économique sans précédent de la Chine, associée à ses réalisations exceptionnelles en matière d’éradication de la pauvreté, a inspiré les États africains et contribué au développement économique mondial.

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Étudiantes africaines en plein essayage de tenues chinoises traditionnelles lors d’une activité pour célébrer le cinquantenaire des relations diplomatiques Chine-Rwanda à l’Université du Rwanda, le 10 novembre. (XINHUA)

Le Rwanda a connu une trajectoire de développement remarquable après le génocide et est largement acclamé pour sa croissance économique, ses taux d’éradication de la pauvreté et sa sécurité publique.

De nombreux Rwandais bénéficient des progrès nationaux, notamment grâce à l’augmentation des revenus agricoles, à l’expansion des emplois non agricoles et à des programmes de protection sociale efficaces. Les conditions de vie se sont améliorées grâce au développement des infrastructures et des services publics dans tout le pays.

À la suite des réformes économiques et de l’industrialisation des années 1980, la Chine a connu une croissance économique ininterrompue, qui a entraîné un développement économique sans précédent, une grande amélioration des conditions de vie de la population et une influence sur le reste du monde.

En seulement 40 ans, 850 millions de Chinois ont pu sortir de l’extrême pauvreté. Bien qu’étant une nation en développement, elle est aujourd’hui la deuxième plus grande économie : plaque tournante mondiale de la fabrication, plus grand exportateur de biens, marché de consommation qui connaît la croissance la plus rapide et plus grande nation commerciale du monde.

L’approche de transformation chinoise était basée sur ses propres réalités, ses valeurs culturelles et ses traditions. Le pays n’a pas suivi les soi-disant meilleurs modèles des autres parties du monde. Il a réussi à prendre le contrôle du processus d’élaboration des politiques tout en recevant une aide et des prêts supplémentaires de sources extérieures. De même, la stratégie rwandaise se concentre sur la préservation de l’autonomie politique et de la souveraineté nationale tout en utilisant toutes les ressources étrangères disponibles.

Notre modeste reprise est le résultat d’une prise de conscience politique. Les dirigeants de l’après-génocide ont fait de la bonne gouvernance et de la transformation sociale et économique du pays leur priorité absolue en mettant en œuvre des solutions locales. Le Rwanda a utilisé ces solutions adaptées à ses réalités locales, à son éthique, à ses valeurs culturelles et à son histoire pour mettre en œuvre son modèle de développement.

Compréhension mutuelle

Les relations entre le Rwanda et la Chine n’ont cessé de se renforcer au fil des ans et ont été cimentées par la visite du Président chinois Xi Jinping en juillet 2018, au cours de laquelle il a signé 15 accords de coopération bilatérale avec le Président rwandais Paul Kagame. Ceux-ci portaient sur le renforcement des investissements mutuels dans les infrastructures, l’e-commerce, l’application de la loi, le développement des ressources humaines, la coopération en matière de transport aérien civil, l’étude géologique, la politique d’exemption de visa et la Route de la soie, etc.

La Chine comprend et soutient la vision et la transformation du Rwanda, en offrant un appui dans des domaines clés pour atteindre l’un de nos objectifs centraux, l’autonomie économique et l’abandon de l’aide étrangère, qui s’élève actuellement à près de 20 %.

En outre, le Rwanda a trouvé de précieux débouchés commerciaux en Chine en fournissant des produits agricoles spécialisés tels que piments, thé et café de haute qualité. Cette relation bénéfique a été rendue possible grâce aux réformes du gouvernement rwandais, adoptant des politiques favorables aux entreprises pour attirer les investisseurs étrangers. Aujourd’hui, le Rwanda est classé numéro 1 en Afrique de l’Est, numéro 2 en Afrique et 38e au niveau mondial dans le rapport Doing Business 2020 de la Banque mondiale.

La paix et la stabilité du Rwanda offrent aussi des opportunités économiques aux nombreuses entreprises et entrepreneurs chinois, qui investissent de plus en plus dans l’immobilier, les télécoms, la fabrication, etc. Ces entreprises bénéficient d’un accès au marché de la Communauté d’Afrique de l’Est, au COMESA, à la CEPGL, à la CEEAC et à l’Europe. L’investissement étranger direct de la Chine au Rwanda a actuellement dépassé le milliard de dollars.

Les 50 prochaines années

La Chine a fixé deux objectifs centenaires à atteindre d’ici 2021 et 2049, marquant respectivement les centenaires du PCC et de la RPC. D’ici fin 2021, elle vise à construire une société modérément prospère à tous égards, en mettant l’accent sur des mesures ciblées d’éradication et d’atténuation de la pauvreté. D’ici 2049, son objectif sera de construire un pays socialiste moderne, prospère, fort, démocratique, culturellement avancé et harmonieux. Ces réalisations façonneront ses plans économiques à long terme et détermineront l’approche du pays dans tous les domaines, des questions géopolitiques aux problèmes de changement climatique.

Le Rwanda a pour sa part défini une stratégie de développement à long terme visant à transformer le pays en un pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2035 et en une nation à revenu élevé d’ici 2050. Les objectifs primordiaux de ces deux visions stratégiques sont la croissance économique, la prospérité et un niveau de vie élevé pour les Rwandais.

La relation de la Chine avec le Rwanda et l’Afrique, le continent le plus jeune et à la croissance la plus rapide au monde, sera au centre des changements qui se produiront dans les décennies à venir. Avant sa visite au Rwanda, le Président Xi avait publié un article intitulé Rwanda-Chine : une amitié plus haute que les montagnes, dans lequel il affirmait que « l’amitié entre les deux pays était l’incarnation de l’amitié entre la Chine et l’Afrique ».

Comme a récemment indiqué le Président Kagame lors de l’EECSA, « notre ferme intention est d’approfondir encore davantage nos relations au cours du demi-siècle de coopération à venir. » Je suis fermement convaincu que notre coopération au cours des 50 prochaines années sera beaucoup plus forte et bénéfique pour nos deux peuples.

L’auteur est ambassadeur du Rwanda en Chine.

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