L’année 2020 marque le 25e anniversaire de la 4e Conférence mondiale sur les femmes de Beijing.

En septembre, la conférence « Les femmes et la réduction de la pauvreté au XXIe siècle » a été organisée conjointement par la Fédération nationale des femmes de Chine et ONU Femmes au Grand Palais du Peuple à Beijing.

Peng Liyuan, épouse du Président chinois Xi Jinping, a évoqué les nombreux progrès réalisés ces 25 dernières années au niveau mondial dans la promotion de la parité, le nombre croissant de plans d’autonomisation et l’amélioration du contexte social pour la vie et le développement des femmes.

À cette occasion, CHINAFRIQUE s’est entretenu avec Winnie Natala Chibesakunda, ambassadrice de Zambie en Chine et Wang Ke, ambassadrice de Chine en Tanzanie, les invitant à partager leurs points de vue sur le statut des femmes dans la société actuelle et leur rôle dans le développement social.

Encore un long chemin à parcourir

Winnie Natala Chibesakunda, ambassadrice de Zambie en Chine

Le statut des femmes en Zambie s’est relativement amélioré ces dernières années en matière d’éducation et de formation, de réduction de la pauvreté, d’emploi, d’égalité des sexes, de prise de décision et de violence sexiste. Le gouvernement zambien a mis en place de nombreuses politiques visant à garantir les progrès dans les domaines susmentionnés. Toutefois, il reste encore un long chemin à parcourir.

Concernant l’éducation et la formation, la représentation féminine a augmenté dans la prise de décision par le biais des actions positives. Le ministère de l’Éducation a mis en place plusieurs mesures de contrôle de l’accès équitable à l’éducation et un système scolaire de qualité pour tous.

Dans le domaine de l’emploi, de l’égalité des sexes et de la prise de décision, la Zambie n’a pas encore atteint l’objectif des 30 % prévu dans la déclaration de la CDAA de 1997. Cependant, des progrès constants ont été réalisés en matière de représentation féminine, notamment au niveau des ministres, des membres du parlement, des secrétaires permanents, des directeurs et des directeurs adjoints. L’objectif des 30 % sera bientôt atteint, compte tenu de l’engagement politique actuel, en plus des programmes de lobbying et de plaidoyer des ONG. Celles-ci ont intensifié leur travail de sensibilisation sur le rôle des femmes dans les processus de prise de décision.

En ce qui concerne les femmes et la pauvreté, les réalisations se sont traduites par leur inclusion dans le 7e plan de développement national et de dépenses à moyen terme, qui fournit un cadre pour la réduction de la pauvreté. Des programmes de renforcement des compétences et de soutien financier sont également proposés aux entrepreneures. À noter aussi l’intégration de la dimension d’égalité dans tous les programmes agricoles, notamment les subventions aux petits agriculteurs, surtout aux agricultrices. D’autres programmes se dédient à l’aide sociale et à la sécurité alimentaire des femmes issues de milieux défavorisés.

Pour réduire la vulnérabilité des filles, le gouvernement et les ONG ont mis au point des programmes visant à améliorer leur accès à l’éducation et à fournir des services de conseil aux victimes d’abus sexuels. En outre, les ONG sont en première ligne dans les actions visant l’abolition, voire la criminalisation, des mariages précoces.

La violence sexiste reste un sujet de préoccupation majeur, en particulier la violation des droits des filles. Priorité absolue pour la Zambie qui nécessite de nombreux programmes de sensibilisation et de plaidoyer, afin de garantir l’élimination de toute forme de violence à l’égard des femmes et des enfants. Le gouvernement y a répondu en créant l’unité des crimes sexuels, qui complétera les efforts de l’unité de soutien aux victimes des services de police zambien.

e gouvernement zambien a également reconnu la nécessité de l’égalité des droits et de la pleine participation des femmes au processus de développement à tous les niveaux, afin d’assurer un développement durable. Il est également conscient que l’amélioration du statut des femmes dépend de la mise en œuvre d’activités par diverses institutions dans les secteurs public, privé et de la société civile.

Les Zambiennes tirent parti de programmes qui conduiront à l’amélioration du statut des femmes dans le pays.

En ce qui concerne la coopération Zambie-Chine, nous savons que cette année est décisive pour que la Chine achève la construction d’une société modérément prospère dans tous ses aspects et mette fin à l’extrême pauvreté. Plus de 700 millions de personnes sont sorties de la pauvreté [en Chine], du jamais vu. On ne saurait donc trop insister sur les leçons à tirer de tels résultats de la Chine. La Zambie vise à s’en inspirer car ce sont les femmes qui sont les plus touchées par la pauvreté, en particulier dans les zones rurales.

La Zambie espère sortir sa population de la pauvreté et la faire accéder à un statut de revenu moyen supérieur d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, elle a notamment coopéré avec la Chine dans le cadre de divers programmes de réduction de la pauvreté et d’échanges culturels. C’est ainsi que 32 jeunes zambiens, dont des femmes, ont été invités en Chine pour participer à un séminaire sur le développement rural et urbain intégré et la réduction de la pauvreté en 2019.

Indispensables à l’amitié Chine-Tanzanie

Wang Ke, ambassadrice de Chine en Tanzanie

Comme le Président chinois Xi Jinping l’a souligné depuis Beijing lors de la vidéoconférence de l’ONU à l’occasion du 25e anniversaire de la 4e conférence mondiale sur les femmes le 1er octobre, les femmes sont les pionnières de la civilisation humaine et les promotrices du progrès social. Elles ont accompli des réalisations extraordinaires dans tous les domaines. Les Tanzaniennes sont d’autant plus indispensables à l’amitié Chine-Tanzanie.

Il y a 25 ans, la 4e Conférence mondiale sur les femmes de Beijing a ouvert un nouveau chapitre dans la coopération mondiale sur le développement des femmes. Gertrude Mongela, avocate et militante tanzanienne, était la secrétaire générale de la conférence. Son excellente capacité d’organisation et de coordination a été une garantie importante au succès de la conférence, et ses efforts pour établir un lien étroit entre les Chinoises et les Tanzaniennes ont grandement favorisé la coopération des femmes des deux pays.

Mme Mongela a été enthousiasmée par le dernier discours du Président Xi. Elle a loué la contribution de la Chine à la cause des femmes dans le monde et se réjouit de la coopération Tanzanie-Chine sur le long terme en faveur du développement des femmes.

Premier partenaire commercial de la Tanzanie et source d’investissement, la Chine y a créé plus de 150 000 emplois directs et indirects, permettant à de nombreux(ses) Tanzanien(ne)s de sortir de la pauvreté.

Ces cinq dernières années, la Chine a organisé des formations pour plus de 900 fonctionnaires, enseignantes et journalistes tanzaniennes en Chine. Sur les 2 000 étudiants tanzaniens ayant reçu une bourse du gouvernement chinois, plus de 30 % sont des femmes. Elles jouent un rôle de plus en plus important dans les échanges culturels et la coopération bilatérale.

J’exerce mes fonctions en Tanzanie depuis octobre 2017. En tant qu’ambassadrice, j’accorde une attention particulière aux Tanzaniennes et à la coopération entre les femmes des deux pays. Ces trois dernières années, notre ambassade a mené à bien le projet « Women’s Empowerment in Action », faisant don de 500 machines à coudre en Tanzanie et soutenant la formation professionnelle, profitant directement à plus de 5 000 femmes défavorisées et à leurs familles.

Plus de 20 projets de développement ont également été mis en œuvre, comme la subvention de la construction de dortoirs pour femmes dans des écoles primaires et secondaires, la prise en charge des femmes enceintes et des accouchées, la fourniture de services médicaux gratuits dans les zones rurales et la distribution de serviettes hygiéniques. Toutes ces actions ont directement répondu à des besoins urgents et ont joué un rôle direct dans la création d’emplois et la santé des Tanzaniennes.

Depuis la fondation de la République-Unie de Tanzanie il y a plus de 50 ans, le gouvernement a adopté une série de mesures pour faire progresser l’émancipation des femmes, le développement et l’égalité des sexes.

J’ai noué une profonde amitié avec la vice-présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, ainsi qu’avec des femmes ministres et parlementaires, et j’ai été témoin des contributions positives des Tanzaniennes au développement du pays. En plus de la vice-présidente, trois femmes ministres et huit vice-ministres font partie du gouvernement tanzanien de la 5e phase. En outre, une centaine de sièges ont été spécialement créés afin de garantir pleinement leur participation à l'élaboration et à la gestion des politiques nationales.

À l’heure actuelle, la Tanzanie compte une trentaine d’associations axées sur les femmes et les entrepreneures. Celles-ci sont pionnières en matière d’augmentation de revenus. Selon le Bureau national des statistiques de Tanzanie, le nombre d’employées dans les services gouvernementaux, les unités semi-publiques, les entreprises privées, etc., représente désormais 49 %. La proportion de femmes présentes dans l’agriculture représentent 52 % et dans la recherche scientifique plus de 30 %. La population tanzanienne vivant dans l’extrême pauvreté est passée de 34,4 % en 2006 à 26,4 % en 2018, et ce grâce à l’implication des femmes notamment.

Les Tanzaniennes sont toujours confrontées à de nombreux défis, surtout dans les zones rurales. Selon un rapport de l’ONU, la Tanzanie compte encore un grand nombre de femmes issues de milieux défavorisés subissant sous-alimentation, sous-éducation, violences et agressions sexuelles. Le statut des femmes doit donc être amélioré car sans leur émancipation, le développement et le progrès humain est impossible.

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