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Un agrume qui rapporte

Faustine Ngila  ·  2020-10-21  ·   Source: Chinafrique
Mots-clés: agrume; orange; Kenya

Des productrices d’oranges du Kenya gagnent en autonomie en cultivant des fruits qui optimisent leurs revenus.

Il fait beau en ce milieu de matinée, lorsque nous arrivons à la ferme fruitière de Lillian Kimanthi dans le village de Muthyoi, dans le comté de Makueni, situé à 135 km au sud-est de Nairobi, au Kenya.

On nous informe que la propriétaire des lieux est partie pomper de l’eau de son forage situé à 500 mètres de là, au milieu d’un grand verger.

En nous dirigeant vers le bruit sourd du générateur de la pompe, nous sommes accueillis par la vue et le parfum époustouflants des orangers qui portent beaucoup de fruits. Sous le chemin recouvert de gravier, la terre rouge semble sèche et poussiéreuse.

Au loin, sept jeunes ouvriers agricoles chargent des sacs remplis d’oranges sur trois camions, qui seront acheminés vers les grandes villes, dont Nairobi et Mombasa, pour y être vendus.

Transmission des connaissances

Mme Kimanthi, 38 ans, mère de trois enfants, explique que lorsqu’elle s’est lancée dans l’agroalimentaire il y a 15 ans, elle n’aurait jamais pensé prospérer autant.

« Je n’étais qu’une simple paysanne qui cultivait du maïs et des haricots sur un sol infertile. Mais lors d’un séminaire sur l’agriculture auquel j’ai participé, j’ai réalisé que la topographie de mes terres était optimale pour la culture des oranges. J’ai donc tenté l’aventure avec quelques plants », confie-t-elle à CHINAFRIQUE.

Elle a persévéré dans cette voie, apprenant de ses expériences et de ses erreurs. En 2011, seuls quelques orangers matures avaient réussi à pousser sur son exploitation.

« Seule, j’ai été en mesure de planter mes orangers sur 0,4 hectare seulement, mais quand mon mari a compris les avantages potentiels de cette culture, il a décidé de m’aider à en planter sur l’ensemble de mes deux hectares de terre », se souvient-elle.

Cinq ans plus tard, elle est considérée comme le « gourou » local de la culture de l’orange et commence à transmettre ses connaissances à d’autres femmes, les accompagnant tout au long du processus agricole, de la plantation à la maturité et de la récolte à la commercialisation.

Elle cultive maintenant différentes variétés d’agrumes, mais c’est une variété bien particulière qui l’a rendue célèbre et a forcé l’admiration de cultivateurs venus d’aussi loin qu’Arusha, en Tanzanie.

« Au cours de mes recherches continues, j’ai toujours voulu planter des oranges pour le marché de l’exportation. Je savais que je donnerai du pouvoir à toute une génération en enseignant à d’autres femmes comment les cultiver et en leur fournissant des plants. »

Des opportunités juteuses

Normalement, la culture de l’orange, de la graine à la récolte des fruits, peut prendre jusqu'à 15 ans, mais en greffant des variétés améliorées d’orange sur des plants de citron, seuls trois ans sont nécessaires pour récolter le premier rendement sans pépins.

Elle a eu la chance d’obtenir des plants de la variété d’orange la plus rentable, la variété Pixie, un croisement entre l’orange et la mandarine originaire de Californie (États-Unis).

« Cette nouvelle variété est appelée Pixie ou encore Clanor. C’est un fruit rond parfait, sans pépins, de couleur jaune-orange et à la peau rugueuse. Le fruit est charnu, juteux et facile à peler. Il domine le marché en raison de ces qualités. Résistants à la sécheresse, les fruits mûrs peuvent rester plusieurs semaines sans être attaqués par les parasites. »

Et c’est cette variété d’orange qui a incité des dizaines de femmes du comté de Makueni à abandonner la culture non rentable du maïs et du niébé. Au total, 23 femmes cultivent désormais des oranges sur leurs propres exploitations.

« Auparavant, nous avions du mal à boucler les fins de mois et à payer les frais de scolarité de nos enfants. La pénurie de nourriture était la norme et nous vivions dans des maisons traditionnelles insalubres. Maintenant, je suis en mesure de subvenir aux besoins de ma famille grâce au soutien de Lillian Kimanthi », déclare Angeline Kioko, une des voisines reconvertie à la culture de l’orange.

Les 700 arbres du verger de Mme Kimanthi sont une source d’inspiration non seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes : parmi ceux partis travailler à la capitale jusqu’à présent, la plupart se décident actuellement à rentrer au comté de Makueni pour y aider leurs femmes et augmenter leurs revenus.

« Je travaillais comme contremaître dans une usine à Nairobi, mais j’ai démissionné quand ma femme m’a annoncé que la culture de l’orange s’avérait être très rentable. Nous travaillons maintenant ensemble à la ferme », explique Benjamin Mutua, producteur rentré depuis peu.

Alors qu’une orange ordinaire se vend au détail à 0,10 dollar pièce au Kenya, la variété Pixie se vend à 0,40 dollar pièce : le comté de Makueni envisage de développer l’exportation des oranges à plus grande échelle.

Une activité profitable

Bien que la variété Pixie ne soit vendue que d’août à octobre, les revenus engrangés par les agriculteurs du village de Muthyoi pendant cette période leur suffisent à subvenir aux besoins de toute l’année, en réalisant même des bénéfices.

Au cours des trois derniers mois, Mme Kimanthi a vendu plus de 10 tonnes d’oranges Pixie, ce qui lui a rapporté 12 000 dollars.

Mme Kioko n’est pas loin derrière. « Mes bénéfices nets s’élèvent à 8 000 dollars par an. Je suis actuellement à la recherche de terres pour développer mon activité. » Elle a pu vendre ses premiers rendements il y a cinq ans.

Les agriculteurs peuvent désormais se permettre d’acheter des camions et se sont également lancés dans le transport de fruits, générant ainsi des revenus supplémentaires. Leur niveau de vie s’est considérablement amélioré.

Mais même les oranges les plus résistantes n’arriveraient pas à maturité sans eau. Une fois de plus, la générosité de Mme Kimanthi a été mise en avant : elle n’a pas hésité à approvisionner ses voisines en eau à un prix abordable, grâce à son forage, pour irriguer leurs cultures. Elle a également pris le temps de leur enseigner les techniques d’irrigation au goutte-à-goutte.

Les productrices d’oranges du village de Muthyoi soutiennent les producteurs de maïs et de haricots de la région. En effet, depuis qu’elles ont cessé de cultiver leur propre maïs au profit des oranges, elles achètent désormais le maïs et les haricots, produits de base de leur alimentation quotidienne, à d’autres agriculteurs.

Mme Kioko précise que leur situation est bien meilleure qu’au temps du maïs et des haricots, cultures vivrières dont ils ne tiraient aucun bénéfice après consommation.

Le comté de Makueni fait partie des 23 comtés du Kenya classés par le gouvernement comme arides ou semi-arides, avec de longues périodes de sécheresse et des pluies irrégulières.

Néanmoins, son exposition à la lumière est exactement celle recommandée pour la maturation des oranges. L’ensemble du pays dépend désormais de ce comté en termes d’approvisionnement de ce fruit, espoir d’un avenir meilleur.

(Reportage du Kenya)

Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn

 

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