Le gouvernement américain, qui semble adorer les « murs », a finalement pu en construire un, non pas à la frontière du pays, mais au centre de sa vie politique. Selon CNN, après les manifestations à grande échelle, les services concernés ont commencé à partir du 2 juin à construire autour de la Maison Blanche un mur grillagé de deux mètres de haut sur un périmètre de 3 kilomètres. Ils ont également renforcé le dispositif de blocs de béton pour empêcher le passage de véhicules. La Maison Blanche, connue sous le nom de « Palais du Peuple », n’est désormais plus ouverte au public. Une métaphore de la coupure avec le peuple.

Il est normal que la Maison Blanche, noyau du pouvoir exécutif américain, renforce sa sécurité. Cependant, après deux semaines de manifestations suite à la mort de George Floyd, au lieu de répondre aux questions de discrimination raciale, le gouvernement américain a construit une barrière de sécurité, ce qui a provoqué de nombreuses critiques. Muriel Bowser, maire de Washington, a déclaré que la décision d’isoler la Maison Blanche du peuple était « triste ». Le sénateur démocrate Patrick Leahy a comparé cette barrière de sécurité au mur toujours en travaux à la frontière avec le Mexique, affirmant que « ce sont les contribuables américains et non les contribuables mexicains qui doivent une nouvelle fois payer le mur ».

La construction d’une barrière qui sécurise la Maison Blanche est un signe de la fracture au sein de la société américaine. Confronté à une vague de protestation et à des manifestations de plus en plus sérieuses, Donald Trump a qualifié les manifestants de « voyous », de « racailles » et de « déchets ». Il a affirmé qu’il utiliserait « toutes les ressources possibles » pour réprimer les émeutes et que les médias avaient diffusé des bobards. Le sénateur républicain Tom Cotton a fait savoir sur les réseaux sociaux qu’il mobiliserait la 101e division aéroportée pour réprimer les manifestants. Ces paroles et ces actes ont apporté du carburant à la flamme. Les politiciens de la Maison Blanche, qui sont plus préoccupés par leur propre sécurité, manquent d’un minimum d’empathie pour la population, surtout pour les minorités frappées par l’épidémie, la récession économique et la discrimination raciale. Ils sont occupés à construire des murs et des espaces sécurisés, mais combien de temps ce sentiment de sécurité « imaginaire » pourra-t-il perdurer ?