Le président américain Donald Trump a annoncé le 20 octobre que les États-Unis se retireraient du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (TFNPI) signé avec l'URSS en 1987, citant notamment le fait que la Chine n’était pas signataire de ce traité. Le conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton, a ensuite déclaré le 22 octobre que les Etats-Unis étaient confrontés à de véritables menaces de la part de la Chine et ne voulaient pas être le seul pays à être limité par le traité.

Le TFNPI étant un traité bilatéral, il est déraisonnable que les États-Unis s’en retirent unilatéralement en prenant la Chine comme prétexte. Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré le 23 octobre que la Chine menait une politique de défense nationale de nature défensive et protégeait fermement ses intérêts légitimes nationaux et sécuritaires. « Nous n'accepterons aucune forme de chantage. J'exhorte une nouvelle fois les États-Unis à s'abstenir d’aller à l’encontre de la tendance actuelle et à réfléchir à deux fois avant de prendre des mesures dans ce dossier », a-t-elle remarqué.

La véritable raison, cependant, est d’augmenter la capacité de dissuasion nucléaire des États-Unis vis-à-vis d’autres pays et de maintenir sa domination militaire dans le monde.

Au cours de la guerre froide, la dissuasion nucléaire entre les États-Unis et l'Union soviétique mettait en péril la sécurité et la survie de l’humanité. Heureusement, la raison a fini par prévaloir et les deux pays ont signé le TFNPI qui leur donnait pour mandat d’éliminer progressivement les missiles nucléaires terrestres d’une portée de 500 à 5 500 kilomètres et de mettre en place un système de surveillance. Cet accord a été considéré comme le traité de limitation des armements le plus abouti de la guerre froide.

Aujourd’hui cependant, alors que la domination américaine décroît sur le plan économique, M. Trump a sans doute pris la décision de quitter le TFNPI parce qu’il estime que cela empêche son pays de développer leurs forces militaires afin de maintenir sa suprématie.

Ces derniers mois, la communauté internationale a accordé beaucoup d’attention à l’endiguement de l’économie chinoise par les États-Unis, M. Trump ayant lancé une guerre commerciale contre la Chine visant les industries manufacturière et de pointe du pays.

Ironiquement, davantage de capitaux étrangers ont afflué en Chine malgré les politiques économiques de M. Trump. Au cours des trois premiers trimestres de l’année, la Chine a dépassé les États-Unis pour devenir la première destination d’investissements étrangers au monde. Les investissements américains en Chine n’ont pas diminué, mais au contraire progressé de 23,6 % de janvier à août.

Malgré cela, le gouvernement de M. Trump poursuit sa politique d'endiguement à l'égard de la Chine. Pire encore, la décision ne se limite pas au domaine économique, mais elle est multidimensionnelle. M. Trump cherche également à restreindre les forces militaires chinoises, comme en témoigne le fait qu’il mentionne l’absence de la Chine dans le traité comme l’une des raisons pour le retrait du TFNPI.

La Chine maintient un très petit arsenal nucléaire et applique la politique de légitime défense et de dissuasion minimale. Le pays est également attaché au principe de non-utilisation en premier des armes nucléaires et ne pourra en aucun cas utiliser ou menacer d'utiliser des armes nucléaires contre des États non dotés d'armes nucléaires ou des zones exemptes d'armes nucléaires.

Les États-Unis sont la plus la plus grande superpuissance militaire du monde et le pays qui possède le plus grand arsenal nucléaire. De plus, comme le TFNPI ne concerne que les missiles nucléaires terrestres à portée intermédiaire, les États-Unis disposent toujours d'une importante flotte de porte-avions, de divers missiles navals et aériens, ainsi que de systèmes avancés de défense antimissile. Il a un avantage militaire écrasant sur la Chine. Il est donc ridicule que M. Bolton dise que les États-Unis font face à de réelles menaces de la part de la Chine.

Cependant, bien que la Chine ne représente aucune menace pour la sécurité américaine, ses missiles balistiques antinavires peuvent éloigner les groupes de combat de porte-avions américains de son littoral et mettre un terme à une intervention américaine. C’est ce que M. Trump ne veut pas voir.

Il est très préoccupant qu’après leur retrait du TFNPI, les États-Unis puissent également se retirer du Traité de réduction des armes stratégiques et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Cela mènera inévitablement à une nouvelle course aux armements nucléaires, alors que ce qu’il importe pour le monde est de choisir, espérons-le, une communauté de destin pour l'humanité.