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par Benard Ayieko · 2018-08-08 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: yuan; Kenya |
Des employées de la Banque nationale du Kenya, à Nairobi, montrent un billet chinois et un billet kényan, le 22 juillet.
Aujourd'hui, les partenaires de la Chine ont besoin plus que jamais, que la plus grande économie manufacturière et le plus grand exportateur de marchandises au monde joue un rôle proactif dans l'internationalisation de sa devise. Cet appel à l'internationalisation du yuan a mis en lumière le débat sur la nécessité pour cette devise d'assumer un rôle mondial plus important, que ce soit en tant que devise de réserve ou comme moyen d'échange dans le commerce international. Ces efforts ont pris une tournure positive en 2016, lorsque le yuan a rejoint le panier de devises de réserves du FMI. La devise chinoise est ainsi devenue une part majeure des réserves constituant les droits de tirage spéciaux (DTS), un actif de réserve alternatif au dollar américain. Elle a ainsi rejoint de manière effective le dollar, l'euro, le yen et la livre britannique dans ce panier, qui détermine les devises qu'un pays peut recevoir dans le cadre de prêts proposés par le FMI.
Alors que l'économie mondiale a adopté une approche attentiste, les pays africains, qui ont récemment bénéficié de subventions et de prêts de la Chine pour construire leurs infrastructures, ont accueilli favorablement l'adoption par le FMI du yuan en tant que devise de réserve.
Rencontre des leaders financiers d'Afrique
Du fait de l'augmentation des échanges commerciaux avec la Chine, ainsi que des subventions et des prêts chinois aux pays africains, l'Afrique s'est retrouvée aux avant-postes pour évaluer la possibilité d'adopter le yuan en tant que devise de réserve, c'est-à-dire une devise détenue par un pays en quantités significatives par rapport à l'ensemble de ses devises étrangères et utilisée pour les transactions internationales, les investissements internationaux et tous les aspects de l'économie mondiale.
Au cours de la dernière décennie, l'Afrique s'est associée à la Chine dans les échanges de biens et de services et le développement infrastructurel, un facteur qui a grandement influencé l'organisation en mai dernier à Harare (Zimbabwe) d'une rencontre entre quatorze nations africaines, afin de discuter de la possibilité et de la viabilité d'utiliser le yuan en tant que devise de réserve. Cette rencontre sur le thème « Tendances dans la gestion des réserves souveraines » a attiré une participation de haut niveau de la part des dirigeants des banques centrales des pays africains, d'officiels de la Banque africaine de développement et de délégués des ministères des Finances africains. Les pays participants ont inclus le Kenya, le Lesotho, la Namibie, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.
Au moment où se déroulait la rencontre à Harare, les données du FMI indiquaient que la part du dollar américain dans son panier de DTS avait chuté au premier trimestre 2018 à son niveau le plus bas en quatre ans, tandis que les parts des réserves en euros, en yuans et en livres sterling avaient augmenté. Les relations commerciales croissantes des économies africaines avec la Chine ont largement contribué à la nécessité pour elles de détenir des réserves en yuans.
La Chine reste le plus grand partenaire commercial de l'Afrique et de nombreuses entreprises chinoises ont fortement investi dans la construction, la production manufacturière, les services, l'agriculture et les infrastructures sur le continent africain. Aujourd'hui plus que jamais, le yuan est en train d'apparaître comme une devise de plus en plus légitime. Certains pays d'Afrique, comme l'Angola et le Zimbabwe, ont déjà adopté le yuan comme devise de réserve. Le Nigéria, qui est l'une des plus grandes économies d'Afrique, possède près de 10 % de ses réserves de change en yuans. Ainsi, il est possible de convertir les devises locales directement en yuans, sans avoir à les convertir tout d'abord en dollars, ce qui permet d'éviter les pertes dues aux taux de change. En soi, il s'agit également d'un signal que le dollar, en tant que devise majeure de réserve, a atteint son niveau optimal et que son rôle en tant que devise mondiale est désormais sur le déclin, tandis que le yuan poursuit son ascension.
Pour que le continent africain soit plus fort en tant que bloc commercial, il est essentiel d'adopter des devises internationales compétitives, loin de la révérence traditionnelle au dollar, à la livre ou plus récemment à l'euro.
Le commerce sino-africain a connu une croissance à pas de géant et il est plus prudent pour les économies africaines de détenir leurs réserves en yuans plutôt que dans une autre devise étrangère. Il existe également des dettes étrangères entre l'Afrique et la Chine, qui nécessitent d'être réglées en yuans plutôt qu'en dollars. Avec la multiplication prévue des prêts de la Chine à l'Afrique, les pays africains nécessiteront plus de devises chinoises pour rembourser leurs dettes.
Les défis à venir
Malgré les bénéfices profonds pour les nations africaines de détenir des yuans en tant que devises de réserve, il subsiste cependant des inquiétudes sur le fait que cela pourrait rendre les économies africaines fortement dépendantes à la devise chinoise, annulant les bénéfices réalisés en se séparant d'une dépendance trop forte à une devise unique pour les transactions internationales.
Par ailleurs, certains craignent que le yuan puisse engendrer un manque de liquidités pour les nations africaines, notamment à cause de son inconvertibilité, car tous les pays n'adopteront pas le yuan comme devise internationale pour régler leurs obligations entre eux. Cela fait écho à la participation limitée à la rencontre d'Harare de seulement 14 des 54 pays qui composent l'économie africaine.
La force du yuan (renminbi) est ancrée dans la stabilité du système de gouvernance de la Chine. Alors que l'UE s'effrite avec la débâcle du Brexit, l'euro risque de subir le même sort et le yuan pourrait représenter un défi considérable face aux autres principales devises internationales, en tant que devise de réserve préférée au monde.
L'auteur est un économiste kényan, consultant et commentateur régional sur le commerce et l'investissement.
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