He Yafei, ancien vice-ministre des Affaires étrangères et actuellement chercheur à l'Institut d'études financières Chongyang de l'Université Renmin de Chine, s'est exprimé sur le 9e Sommet des BRICS qui se déroulera prochainement à Xiamen. Beijing Information vous en propose une version éditée.

Le mécanisme des BRICS joue un rôle de baromètre pour les pays en développement. L'unité et la coopération entre ses membres permettent de renforcer la voix au chapitre des pays en développement et de prendre des décisions sur les affaires politiques et économiques mondiales.

A l'ère de la multipolarisation et de la mondialisation économique, la croissance économique mondiale reste faible et les risques financiers s'accumulent depuis la crise financière de 2008. Dans ce contexte, les pays des BRICS ont été confrontés à des défis, tels que des déséquilibres de la croissance économique ainsi que des divergences intérieures entre les membres. Certains pays occidentaux affirment que les BRICS sont en panne, voire même en ruine, faisant preuve d'un sentiment de supériorité car ils se sentent menacés par l'essor inéluctable des pays en développement. Ils exagèrent donc les faiblesses des BRICS et se réjouissent même de voir des économies des BRICS connaître un ralentissement en raison des retombées des politiques monétaires occidentales.

Le bloc des BRICS a cependant gagné en maturité au cours de ces dix dernières années, passant d'un simple concept à une plateforme vitale d'échanges et de dialogues en matière de politique, d'économie, de finance, de développement et de culture pour les grands pays en développement. Au cours de ce processus, il a établi un cadre de coopération d'ensemble, à plusieurs niveaux et dans de multiples domaines. Aujourd'hui, avec une force de cohésion accrue, les BRICS représentent plus que jamais la voix et les intérêts des pays en développement dans les affaires internationales.

Le développement du mécanisme des BRICS va de pair avec l'émergence des pays en développement et le rétrécissement considérable de l'écart avec les pays développés occidentaux. L'histoire mondiale ainsi que les modèles politiques et économiques ont connu un changement – un changement qui peut être considéré comme une des caractéristiques les plus importantes et la tendance historique de la société internationale au XXIe siècle.

En premier lieu, les cinq pays des BRICS représentent 43 % de la population mondiale et 23 % de son PIB. Ils constituent ainsi un moteur majeur de la croissance économique mondiale et une force indispensable pour surmonter les déséquilibres économiques mondiaux et promouvoir un développement intégré. Ces économies émergentes ont montré leur importance dans la croissance économique mondiale et leur capacité de gouvernance dans la crise financière de 2008. Au cours de la décennie écoulée, elles ont contribué à plus de 50 % de la croissance économique mondiale – la Chine à elle seule contribuant à hauteur de 30 %.

Les pays des BRICS possèdent de vastes marchés domestiques et extérieurs, et ont un potentiel immense de développement et une large marge de manœuvre politique. Ils ont aujourd'hui plus de voix au chapitre au sein des institutions et systèmes internationaux tels que l'ONU et le G20, et plus de poids pour faire face aux problèmes mondiaux comme le changement climatique et les questions énergétiques. Il n'est plus possible d'aborder ce genre de défis mondiaux sans participation ni coopération des BRICS et d'autres économies en développement.

En second lieu, les BRICS constituent une des plus importantes plateformes pour la gouvernance mondiale d'aujourd'hui. Le bloc joue un rôle considérable pour promouvoir la transformation d'une « gouvernance par l'Occident » en une « co-gouvernance par l'Occident et l'Orient ». De plus, l'innovation du mécanisme coopératif des BRICS pourra améliorer l'ordre international.

Les BRICS, cette plateforme parvenue à maturité, stable et dynamique, est déjà entrée dans une nouvelle phase. Au sommet du G20 à Hangzhou en 2016, le président Xi Jinping a souligné que la participation des pays en développement à la gouvernance économique mondiale ne signifiait pas le remplacement ou le rejet de la structure actuelle de gouvernance, mais qu'elle constitue plutôt un processus à long terme d'interaction et de complémentarité entre les économies en développement et développés. Le renforcement de la coopération des BRICS ne vise pas à renverser l'ordre international actuel, mais à améliorer la gouvernance mondiale de sorte qu'elle puisse s'adapter aux changements. Ainsi, les pays occidentaux ne doivent pas craindre que les BRICS établissent une structure de gouvernance en dehors du système international actuel.

Troisièmement, les BRICS vont promouvoir et guider le développement commun des pays en développement, ce qui favorisera une croissance économique mondiale à long terme et durable, neutralisera l'impact négatif de la mondialisation et réduira l'écart entre les pays riches et pauvres. Avec leurs ressources respectives, les pays des BRICS ont pu se compléter l'un et l'autre en matière de structure industrielle. La coopération d'ensemble et dans des domaines multiples entre ces pays bénéficie aujourd'hui à un grand nombre de pays en développement.

La Nouvelle banque de développement des BRICS (NDB) est une plateforme visant à renforcer la coopération gagnant-gagnant entre les BRICS et d'autres pays. En 2016, la NDB a annoncé sa première liste de prêts et émis ses premières obligations vertes. Parmi les objectifs principaux de la Banque, on peut noter qu'elle permet aux BRICS d'obtenir des financements pour le développement ; qu'elle permet les échanges financiers, tels que les swaps de devises, entre les pays des BRICS, afin d'augmenter leur capacité économique pour résister aux turbulences de l'économie mondiale ; et qu'elle fournit de nouveaux canaux de financements pour d'autres pays en développement.

Le septième Sommet des BRICS en 2015 avait adopté la Stratégie pour le partenariat économique des BRICS, qui a réaffirmé que le groupe renforcerait la coordination des politiques et approfondira la coopération afin de relever les défis communs dans divers domaines, tels que le développement économique et la gouvernance environnementale. Nous sommes convaincus que ce Sommet des BRICS pourra donner une nouvelle impulsion au développement mondial, et aider à résoudre des défis mondiaux.

Les pays des BRICS ont attaché tout au long de leur développement une grande importance à la réduction de la pauvreté. La Chine s'est efforcée d'éliminer ce fléau et a obtenu des résultats remarquables. Au cours de ces dernières décennies, la Chine a sorti plus de 700 millions de sa population de la pauvreté. Des pays comme l'Inde travaillent également à cet égard. Ces expériences fructueuses des BRICS contribueront à enrichir le contenu de la coopération Sud–Sud, à élargir son champ d'application, à réduire le fossé entre riches et pauvres, et à promouvoir dans le monde entier le développement commun. Offrir un tel environnement pacifique pour un développement stable, c'est évidemment favorable au maintien de la justice et de l'équité internationale.