Alors qu'il n'était encore qu'un enfant prodige grandissant sur l'île espagnole de Majorque, Rafael Nadal rêvait de gagner ne serait-ce qu'un seul titre de l'Open de France. Aujourd'hui, il en compte dix... Nadal a toujours été une superstar modeste, évitant les manifestations excessives lors de ses victoires avec la même assiduité qu'il range les bouteilles de boisson devant les tribunes se trouvant devant sa chaise. Mais il n'a pas pu éviter les éloges ni même l'évidence dimanche après avoir écrasait tout suspense lors d'une nouvelle finale de l'Open de France contre un adversaire de qualité, balayant Stan Wawrinka en trois sets, 6-2, 6-3, 6-1, en deux heures et cinq minutes. « Rafa, c'est l'un des plus beaux exploits de l'histoire du sport ! », a déclaré Fabrice Santoro, ancienne vedette française devenue commentateur, alors qu'il s'approchait de Rafael Nadal sur le terrain très peu de temps après que son 10e titre soit devenu réalité.
C'est sans aucun doute un résultat qui restera dans l'histoire du tennis et même du sport : aucun autre joueur masculin n'a gagné plus de sept titres simples de la même compétition du Grand Chelem. Et c'est aussi certainement l'heure d'un nouveau numéro favori pour Nadal : naguère footballeur très prometteur, il a longtemps privilégié le numéro 9, traditionnellement porté par les avant-centres. Mais, définitivement, le n° 10 est le chiffre magique qui n'a cessé de lui apporter de la joie et de l'accomplissement ce printemps. Il avait déjà remporté un record en obtenant son10e titre simples sur l'argile de Monte-Carlo et de Barcelone.
Qu'il l'ait réussi à Paris aussi n'est une surprise pour personne, et certainement pas les organisateurs du tournoi qui ont déployé une bannière n° 10 dans les stands au-dessus du court Philippe Chatrier après sa victoire et fait peindre un autre n° 10 sur le podium. « Je fais de mon mieux pour tous les événements, c'est la vérité », a déclaré Rafael Nadal. « Mais le sentiment que j'ai ici est impossible à décrire et difficile à comparer à un autre endroit. Pour moi, les nerfs, l'adrénaline que je ressens quand je joue sur ce court sont impossible à comparer à un autre sentiment. Pour moi, c'est l'événement le plus important de ma carrière, sans aucun doute ». La victoire de dimanche est un couronnement de ce qui peut être considéré comme la performance la plus dominante de l'Espagnol à Roland Garros. Il n'a pas perdu un seul un set dans ses sept matchs et a perdu un total de 35 jeux, le deuxième total le plus petit obtenu par un champion masculin lors d'un événement du Grand Chelem depuis que tous les matchs se jouent au meilleur des cinq sets, n'arrivant que derrière l'impassible et légendaire Suédois Bjorn Borg, qui fut le meilleur joueur de terre battue masculin de l'histoire jusqu'à l'émergence de Rafael Nadal, et ne laissa que 32 jeux sur la route vers le titre de 1978.
La victoire de dimanche a également mis fin à une disette de grands titres de trois ans pour Rafael Nadal, qui avait remporté son 9e Open de France en 2014 avant d'être détrôné par Novak Djokovic et ralenti par des blessures et une certaine perte de confiance. Son adversaire, Stan Wawrinka, un puissant Suisse de 32 ans, n'avait jamais perdu dans ses trois dernières finales du Grand Chelem. Il avait battu Rafael Nadal lors de l'Open d'Australie de 2014 et Novak Djokovic lors de l'Open de France de 2015 et l'Open des États-Unis de 2016. La victoire de l'Espagnol à Paris lui permet aussi de réduire l'écart avec Roger Federer dans le classement du nombre de titres de Grand Chelem remportés. Le Suisse reste pour le moment au-dessus avec 18, mais avec sa victoire de dimanche, son 15e, Nadal rejoint l'Américain Pete Sampras à la deuxième place et il pourrait bien prendre un jour la première place, sa carrière -il est âgé de 31 ans seulement- étant loin d'être finie.
