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L'Europe n'est pas prête à enrayer la progression du terrorisme |
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· 2016-08-11 · Source: Xinhua | |
Mots-clés: terrorisme |
L'Europe nous a montré un visage méconnu cet été.
En effet, une vague d'attentats terroristes a semé la terreur et choqué le monde entier. Des grandes destinations touristiques telles que Paris, Nice, Munich et Ansbach ont été touchées en plein coeur.
L'Europe, la France et l'Allemagne traversent une période difficile. En un peu plus d'un an, la France a été la cible de quatre attentats graves : l'attaque contre le journal satyrique Charlie Hebdo, les attentats du 13 novembre à Paris, l'attaque au camion de Nice et la prise d'otages de Saint-Etienne-du-Rouvray. L'Allemagne, quant à elle, a été la cible de quatre attaques en une semaine et peine à trouver une issue favorable à la crise des réfugiés.
Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite pour les élections présidentielles françaises de 2017, a critiqué récemment le gouvernement du président François Hollande en affirmant dans les médias que l'attaque de Nice n'aurait pas eu lieu si toutes les mesures de sécurité avaient été prises.
L'ancien ministre semble toutefois très optimiste. En effet, malgré le niveau d'alerte terroriste très élevé, la France et l'Europe sont encore loin d'être prêtes à combattre le terrorisme, car trois problèmes très difficiles à résoudre demeurent.
SANS UN SYSTEME DE SECURITE SOLIDE, L'UNION EUROPEENNE RESTE FRAGILE
L'Union européenne s'est étendue très rapidement ces dernières années, ce qui a permis à l'intégration économique et politique de progresser. En revanche, l'intégration de la sécurité n'a progressé que lentement. Or, la vague d'attentats terroristes met à l'épreuve la sécurité commune de l'Union.
Dans une interview, les journalistes du quotidien allemand BILD ont demandé récemment au président français François Hollande pourquoi il n'existait pas encore un système européen de fichage des personnes dangereuses. Le président a avoué que sa mise en place avait été retardée et que ces retards étaient le problème majeur de l'Europe.
L'état d'urgence a été prolongé en France et le niveau d'alerte est très élevé en Europe. Mais les remparts de la lutte contre le terrorisme ne sont pas assez solides. Selon Li Wei, un expert chinois de la lutte contre le terrorisme, l'Europe doit faire de l'intégration de la sécurité commune sa priorité, car sans elle, l'intégration économique et politique et la libre-circulation dans l'espace européen restent très fragiles. Malheureusement, les considérations économiques et politiques ont pris le pas sur la sécurité.
Les failles des services de renseignement ont choqué l'Europe. Selon le rapport de Georges Fenech, président de la Commission d'enquête parlementaire, la communication entre les services de renseignement, les forces d'intervention et les forces militaires est extrêmement confuse en cas d'attentat terroriste. "Notre rapport pose la question de la pertinence de la force Sentinelle. Souvenez-vous qu'elle était présente devant le Bataclan et qu'aucun ordre ne lui a été donné pour ouvrir le feu", a-t-il déploré.
Depuis les fusillades de Toulouse en 2012, la France a connu plusieurs attentats graves. La question se pose de savoir si le gouvernement français est capable de gérer ces problèmes de sécurité à l'heure où ses services de renseignement sont remis en question. Comme l'a souligné Georges Fenech, il est vital de ''comprendre comment les auteurs des pires attaques terroristes que l'Hexagone ait connues depuis l'après-guerre ont pu se déplacer à leur guise, alors qu'ils étaient, dans leur quasi-totalité, fichés, surveillés, condamnés ou sous le coup d'un mandat d'arrêt.''
LE TERRORISME EST ETROITEMENT LIE A LA DELINQUANCE ET A L'INTEGRATION DES IMMIGRES
L'intégration des immigrés et la délinquance des jeunes sont depuis longtemps deux problèmes insolubles en France. A présent, la radicalisation vient compléter ce tableau. La lutte contre le terrorisme devient donc de plus en plus complexe.
Depuis les fusillades de Toulouse, un dénominateur commun important des attaques a été que les attentats ont été perpétrés par des Français issus de l'immigration, nés et scolarisés en France, qui sont passés de la délinquance à la radicalisation puis au terrorisme très rapidement.
Selon le spécialiste du djihadisme français Gilles Kepel, 'la classe politicienne [française] [...] donne le sentiment de courir derrière l'événement''. Ce sont des Français qui lancent des attaques contre les Français, et ils connaissent bien la ville où ils habitent et les points faibles du dispositif de sécurité mis en place par la police.
LES FRAPPES MILITAIRES NE SONT PAS LA SEULE SOLUTION
Après l'attentat de Nice, le président français François Hollande a déclaré que la France renforcerait ses actions militaires en Syrie et en Irak. "Nous allons continuer à frapper ceux qui nous attaquent dans leur repaire", a-t-il ainsi déclaré.
De Nicolas Sarkozy à François Hollande, les frappes militaires ont été la solution privilégiée aux problèmes de la France. Au Mali, en Libye, en Syrie et en Irak, les Rafales et le porte-avions Charles de Gaulle ont souvent été déployés.
Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. A l'époque de Jacques Chirac, la France soutenait la Palestine et s'opposait à la guerre en Irak. Le pays avait même exprimé devant le Conseil de sécurité des Nations unies sa forte opposition à l'intervention militaire en Irak. Grace à cette politique, la France a joui d'un grand prestige au Moyen-Orient à cette époque. Mais depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, le renversement du régime de Mouammar Kadhafi et les bombardements en Syrie aux côtés des Etats-Unis ont attisé les conflits dans la région, qui ont à leur tour nourri le terrorisme contre la France. Chaque frappe aérienne contre l'Etat islamique entraîne de nouvelles attaques terroristes. Ainsi, la France est entrée dans un terrible engrenage dont elle peinera à se sortir.
Lors d'un Forum mondial pour la paix, l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a déclaré que les interventions militaires en Irak, en Afghanistan et en Libye n'avaient pas réussi à éradiquer le terrorisme. ''Au contraire, elles ont favorisé le terrorisme. Il nous faut comprendre que l'utilisation de la force peut être utile dans des circonstances très limitées, mais elle n'est pas la meilleure solution", a-t-il souligné.
Selon lui, l'adoption de nouveaux outils, l'élaboration de nouvelles politiques et mesures sécuritaires, judiciaires et financières et le contrôle d'Internet peuvent contribuer à résoudre le problème du terrorisme.
Au lendemain de l'attentat de Nice qui a fait 84 morts, le Premier ministre français Manuel Valls a déclaré avec gravité que ''la France va devoir vivre avec le terrorisme''. De fait, si la France et l'Europe ne parviennent pas à trouver rapidement de bonnes solutions pour résoudre les causes fondamentales du terrorisme, la menace des attentats continuera de planer sur le continent pendant encore longtemps.
Source : Xinhua
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