La République de Corée subit un énorme contrecoup venu à fois de l'intérieur et de l'extérieur à cause de sa décision de déployer le THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), un système de défense antimissiles américain sophistiqué sur la péninsule coréenne.

Presque immédiatement après que Séoul a annoncé sa décision, des milliers de personnes vivant à proximité des sites candidats se sont rassemblés pour protester contre le déploiement possible. Le 15 juillet, à Seongju, à 200 km au sud–est de Séoul, des opposants en colère ont jeté des œufs et des bouteilles d'eau au premier ministre Hwang Kyo-ahn. Il s'agissait de la troisième journée consécutive de manifestations. Les résidents craignent que le bruit et les ondes électromagnétiques du radar du THAAD ne menacent gravement leur santé, que le déploiement ruine le pilier économique de la ville, la culture du melon, et porte atteinte à l'environnement.

Face à la forte opposition de la population, on ne peut s'empêcher de se demander si le déploiement du THAAD pourra vraiment garantir la sécurité nationale de la Corée du Sud.

L'efficacité militaire du THAAD sur la péninsule coréenne est contestée. Selon le ministère de la Défense de la Corée du Sud, le déploiement du THAAD vise à répondre à la menace croissante d'une attaque de missiles de la Corée du Nord. Cependant, le système THAAD a été conçu pour intercepter des missiles balistiques intercontinentaux à une altitude de plus de 50 km, a déclaré Kim Yen-un, chercheur au Centre d'études coréennes de l'Institut des études d'Extrême-Orient de l'Académie des sciences de Russie. Même si la Corée du Nord utilise des armes nucléaires contre la Corée du Sud, ses missiles vont croiser à une altitude beaucoup plus basse. Selon d'autres experts militaires, les missiles de la Corée du Nord croisant à une altitude de moins de 20 km sont capables de frapper l'ensemble de la République de Corée en 10 minutes. De plus, la Corée du Nord pourrait recourir à des moyens techniques pour diviser ses missiles portant des ogives en plusieurs parties de sorte que le radar du THAAD identifie difficilement  les vraies ogives. Par conséquent, l'utilisation du THAAD pour contrecarrer les menaces nucléaires de la Corée du Nord équivaut à employer un canon pour tuer un moustique.

La décision de Séoul ne profite donc guère à la dénucléarisation de la péninsule coréenne et risque d'aggraver les tensions régionales. Face à cette grave provocation, Pyongyang peut accélérer ses projets nucléaires pour y répondre.

De plus, les milieux commerciaux sud–coréens se préoccupent aussi de l'impact négatif du déploiement du THAAD sur l'économie du pays. Peu après que Séoul a fait part de sa décision, des sociétés sud–coréennes dépendant fortement du marché chinois ont vu le cours de leurs actions fortement chuter. Par exemple, LG Household & Health Care a baissé de 4,5 %. Et les secteurs cosmétiques, touristiques et de la vente au détail s'inquiètent du mécontentement des consommateurs chinois, lesquels constituent l'une de leurs principales sources de bénéfices.

Beijing Information