L'évolution de l'histoire |
Grâce au travail assidu des scientifiques voués aux études historiques, anthropologiques, archéologiques, génétiques, linguistiques, la tibétologie s'est développée et plusieurs mystères concernant l'histoire et les prédécesseurs tibétains ont été éclaircis. Des généticiens ont tiré des conclusions par l'étude du groupe sanguin et de l'ADN : Les Han et les Tibétains descendent des mêmes ancêtres éloignés. Selon l'archéologie, plusieurs civilisations préhistoriques du Tibet avaient des relations étroites avec celles de la même période de la nation chinoise. D'après les documents historiques en langues chinoise et tibétaine, le plateau tibétain maintenait un contact étroit avec l'intérieur du pays dans les domaines économique, politique et culturel. 1 Du VIIe au XIIe siècle Au début du VIIe siècle, la puissante dynastie des Tang fut fondée dans les plaines centrales de la Chine, mettant fin à une période de confusion et de division de 300 ans. Parallèlement, la tribu Spurgyal s'est soulevée à Yarlung, dans la région Shannan, et a conquis toutes les tribus tibétaines et fondé la dynastie des Tubo, premier pouvoir unifié sur le plateau Qinghai-Tibet. À la suite des deux mariages entre la dynastie des Tubo et la dynastie des Tang, les échanges politiques, économiques et culturels se sont élargis et approfondis, les contacts personnels entre les deux peuples ont augmenté. D'une autre part, les conflits culturels, frictions économiques, collisions politiques et confrontations armées se sont produits à cause de l'expansion militaire du royaume des Tubo, de la puissante dynastie des Tang, de la culture différente entre les régions du haut plateau et la plaine centrale. Historiquement, l'influence et la pénétration mutuelles de cultures différentes, la prospérité et le développement des échanges économiques, les conflits et le rapprochement des intérêts politiques ont permis au peuple tibétain et aux peuples des autres ethnies de resserrer leurs relations comme jamais auparavant. La paix est le désir de tous les peuples. La dynastie des Tang et le royaume des Tubo ont connu huit alliances au cours de leur histoire, après quoi la stabilité est revenue. Le monument à l'Alliance Tang-Tubo devant le monastère de Jokhang à Lhassa et le monument à l'Amitié entre la nièce et l'oncle ont été dressés après la huitième alliance Tang-Tubo. En 842, divers conflits ont éclaté au sein des Tubo. Pendant la seconde moitié du IXe siècle, un grand soulèvement esclavagiste a renversé le système dominant du royaume des Tubo, et des forces locales nombreuses ont tenté de s'emparer du pouvoir. Pendant quelque 400 ans, les Tibétains garderaient une relation étroite avec les dynasties des Song du Nord et du Sud, des Xia de l'Ouest, des Liao et des Kin. À partir du XIIIe siècle, certains événements importants de l'histoire du Tibet seront étroitement liés au contexte historique chinois et au changement global de la nation. 2 La dynastie des Yuan (1271-1368) En 1227, le khanat mongol renversa la dynastie des Xia de l'Ouest. En 1247, le pandit Gonggar Gyaincain, de la secte Sagya, et Godan, un prince mongol, se rencontrèrent à Liangzhou (l'actuelle ville de Wuwei, dans la province du Gansu) pour discuter de la soumission pacifique du U-Zang (actuellement Lhassa, Xigaze, Ngari) au khanat mongol. Tous les chefs de tribu avaient un rôle à jouer. En 1271, le Mongol Kubilay Khan adopta le nom de régent de « Dayuan ». Le U-Zang devint une partie du territoire des Yuan et fut intégré officiellement à la Chine. Avec l'unification du pays, les Yuan adoptèrent des politiques et mesures d'une grande influence. – Établir le Conseil d'administration générale pour s'occuper des affaires tibétaines (renommé en 1288 Conseil des affaires de pacification). Les fonctions de chef de ce conseil étaient cumulées en général par le premier ministre et celles des chefs adjoints étaient assumées par un moine recommandé par le dishi (tuteur religieux de l'empereur). – Nommer des ecclésiastiques et laïques comme fonctionnaires supérieurs du Comité central dans la région locale. Lorsque Kubilay accéda au trône en 1260, il conféra à Phagspa, de la secte Sagya, le titre de guoshii pour diriger les affaires bouddhiques du pays et les affaires locales d'U-Zang, et en 1270, le titre de dishi. C'était un poste suprême de clerc nouvellement institué dans l'histoire chinoise. Dès lors, l'installation des organes administratifs et la nomination et la révocation des fonctionnaires du U-Zang furent décidées par le gouvernement central. – La division administrative locale du Tibet. Le gouvernement central des Yuan implanta trois bureaux de commissaires à la pacification relevant du Conseil des affaires de pacification, à savoir U-Zang(Tibet antérieur), Zang(Tibet postérieur) et Ngari Korsum. Au U-Zang, treize myriarchies (groupes de 10 000 foyers) et quelques milliarchies (1 000 foyers) furent établis et percevaient des impôts. La dynastie des Yuan établit un commissaire impérial à Sagya, chef lieu du U-Zang, afin d'aider les commissaires à la pacification à gouverner des foyers. L'établissement de ces trois régions avait pour but de faciliter la gestion administrative locale du Tibet, et joua un rôle de base dans la division administrative locale du Tibet sous les dynasties des Ming et des Qing. 3 La dynastie des Ming (1368-1644) La dynastie des Yuan fut renversée en 1368 et céda la place à la dynastie des Ming. Dès sa prise du trône, l'empereur des Ming envoya des édits au Tibet pour encourager les tribus à se soumettre à l'autorité de la cour des Ming et à remettre les sceaux d'autorité délivrés par les Yuan. Les Ming nommèrent les chefs de tribu à de nouveaux postes et leur délivrèrent des sceaux d'autorité, tout en continuant d'exercer le pouvoir sur le Tibet. Les Ming mirent fin au système de titre de la dynastie des Yuan et établirent un système particulier consistant à conférer des titres différents aux chefs religieux et aux chefs politiques, à leur délivrer des sceaux pour qu'ils gèrent leur propre région. Personne ne put leur succéder à leur poste dans l'autorisation de l'empereur. Pour l'essentiel, les Ming poursuivirent le système introduit par les Yuan en ce qui concerne la division administrative et l'établissement des organes militaires et civils. Le gouvernement central des Ming appliqua le système administratif militaire, et nomma les chefs ecclésiastiques et laïques fonctionnaires militaires et civils à divers échelons. La nomination et la révocation des fonctionnaires à tous les échelons relevait du gouvernement central. 4 La dynastie des Qing (1644-1911) En 1644, la dynastie des Qing fit de Beijing sa capitale. Le gouvernement central des Qing exerça la souveraineté au Tibet selon les règles établies. Si les officiels nommés par la dynastie précédente remirent les sceaux délivrés par les Ming, ils purent cependant garder leur poste. En 1652, le Ve dalaï-lama arriva à Beijing où l'empereur Shunzhi lui accorda une audience. En 1653, l'empereur lui conféra un titre honorifique et fixa sa position politique et religieuse au Tibet. Depuis lors, les dalaï-lama successifs se virent attribuer leur poste officiel par la cour impériale. Sur la base de l'expérience des Yuan et des Ming, les Qing réajustèrent leur gestion administrative sur le Tibet selon la situation. Par exemple : – Envoyer un amban (envoyé) au Tibet pour assumer l'entière responsabilité du Tibet. Établir l'égalité des fonctions de l'envoyé, du dalaï-lama et du panchen-lama. La tâche de l'envoyé était de surveiller le gouvernement local du Tibet dirigé par le dalaï-lama. Tous les galoin (fonctionnaire du gouvernement local du Tibet) recevaient leur nomination de la cour impériale des Qing, et les autres officiels, de l'envoyé et du dalaï-lama. – Réajuster le système de gestion des pouvoirs politique et religieux du Tibet, définir le cadre du système de gestion administrative et la structure du pouvoir local, par exemple, l'abolition du régime monarchique et l'établissement de l'administration locale gérée par le gouvernement local du Tibet. – Conférer des titres aux dalaï-lama et panchen-lama, consolider et poursuivre le système de réincarnation de ces deux tulku. Effectuer la nomination des successeurs du dalaï-lama ou du panchen-lama sous la présidence et la surveillance de l'envoyé impérial au Tibet en recourant au tirage au sort, et soumettre le résultat au gouvernemental central pour approbation. – Le pouvoir de décision dans les affaires extérieures et la défense de la région tibétaine appartient au gouvernement central. – Tracer des limites entre Tibet et Qinghai, Sichuan et Yunnan ; déterminer la zone de juridiction et les attributions du dalaï-lama et du panchen-lama et la zone relevant directement de l'envoyé au Tibet. Pendant la guerre de l'Opium en 1840, dans les régions côtières du sud-est du pays comme Ningbo et Dabaoshan, les officiers et soldats tibétains venus du Sichuan, du Qinghai et du Gansu ont infligé de lourdes pertes aux forces britanniques. En même temps, les impérialistes britanniques ont envoyé des soldats envahir Ngari et d'autres régions tibétaines. Sous la surveillance et la direction de l'envoyé, le XIIIe dalaï-lama et le IXe panchen-lama ont dirigé conjointement la résistance de l'armée et du peuple tibétains aux agresseurs. 5 La République de Chine (1912-1949) Puis vint la Révolution de 1911. L'année suivante fut fondée la République de Chine. La Constitution provisoire de la République de Chine stipulait que le Tibet était l'une des 22 provinces de la République. Dans la Constitution officielle promulguée plus tard, les articles concernant le Tibet insistaient aussi sur le fait que le Tibet était partie intégrante du territoire de la Chine. En juillet 1912, la République de Chine a établi un organisme central chargé d'administrer les régions peuplées de Tibétains et de Mongols – le Bureau des affaires mongoles et tibétaines (en mai 1914, ce Bureau devint le Conseil des affaires mongoles et tibétaines) et nommé le représentant impérial au Tibet relevant directement du Conseil des affaires d'État. Ce chef poursuivit les attributions de l'envoyé impérial au Tibet de la dynastie des Qing. En 1927, la République de Chine transféra sa capitale à Nanjing et constitua un gouvernement nationaliste. En 1929, le Conseil des affaires mongoles et tibétaines fut réorganisé en Comité des affaires mongoles et tibétaines. En avril 1940, le Comité des affaires mongoles et tibétaines installa au Tibet un bureau considéré comme un organisme du gouvernement central. Lors du décès et des funérailles du XIIIe dalaï-lama et du IXe panchen-lama et pour l'intronisation du XIVe dalaï-lama et du Xe panchen-lama, selon la coutume historique, le gouvernement local du Tibet et l'Assemblée des khanpo (responsable de monastère) du panchen-lama informent immédiatement le gouvernement central. En décembre 1933, le XIIIe dalaï-lama mourut à Lhassa. Le gouvernement local du Tibet rapporta l'événement au gouvernement central qui, le même mois, lui conféra le titre posthume de « Grand maître d'intelligence parfaite, de bienveillance immense et défenseur du pays » et délégua aux obsèques Huang Musong, président du Comité des affaires mongoles et tibétaines. Le 31 janvier 1934, le gouvernement de Nanjing ratifia que le tulku Razhen Khutukhtu gérerait les affaires du Tibet. En 1938, sous la présidence de Razhen, régent du Tibet, on trouva, selon la règle bouddhique, au Qinghai, l'enfant-incarnation du XIIIe dalaï-lama, qui s'appelait Lhamo Toinzhub. En 1940, le gouvernement nationaliste émit un édit approuvant que « Lhamo Toinzhub, enfant du Qinghai, soit reconnu sans tirage au sort comme XIVe dalaï-lama ». Wu Zhongxin, président du Comité des affaires mongoles et tibétaines, et Razhen présidèrent conjointement l'intronisation. Au début de 1949, l'envoyé spécial du gouvernement nationaliste assista à l'intronisation de l'enfant-incarnation du IXe panchen-lama au monastère de Taer, au Qinghai, et donna lecture d'une ordonnance selon laquelle Guangbo Cidain devenait officiellement le Xe panchen-lama. En août de la même année, l'envoyé spécial du gouvernement de Nanjing se rendit au Qinghai pour présider la cérémonie d'intronisation. Selon les données de la République de Chine, on trouvait des délégués du dalaï-lama, du gouvernement local du Tibet et du panchen-lama au parlement, organe suprême de l'État, et à l'assemblée populaire à tous les niveaux. Tous ces délégués occupèrent un poste officiel dans les affaires d'État. 6 La République populaire de Chine Le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine fut proclamée. Le jour même, le Xe panchen erdini, l'un des deux grands tulku de la lignée Gelug du bouddhisme tibétain, exprima son soutien au gouvernement populaire central et son vif désir que le Tibet soit libéré le plus tôt possible. Les dirigeants chinois prirent tous les moyens pour obtenir la libération pacifique du Tibet. Mais le gouvernement local du Tibet qui était alors contrôlé par les forces séparatistes locales appuyées par les impérialistes étrangers n'accepta pas ces moyens et, au contraire, prit des mesures militaires et politiques pour résister à l'Armée populaire de Libération. Vu l'inefficacité des efforts, en octobre 1950, l'Armée populaire de Libération libéra Qamdo manu militari. Puis, le comité populaire de libération relevant directement du Conseil d'administration du gouvernement fut établi, et les comités populaires de libération des districts furent créés. La bataille de Qamdo stimula le changement politique du Tibet. Des négociations pacifiques furent entreprises. Entre avril et mai 1951, les représentants plénipotentiaires du gouvernement populaire central et du gouvernement local du Tibet commencèrent à négocier à Beijing. Le 23 mai, la signature solennelle de l' « Accord entre le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet sur la méthode de libération pacifique du Tibet » (en abréviation l'Accord en 17 articles) eut lieu à Beijing. Ensuite, le XIVe dalaï-lama et le Xe panchen-lama adressèrent chacun au Comité central un télégramme pour témoigner leur soutien à cet Accord en 17 articles afin de sauvegarder l'unité et la souveraineté de la patrie. La libération pacifique du Tibet a eu lieu selon l'Accord. En 1954, le dalaï-lama et le panchen-lama se rendirent à Beijing pour participer à la première Assemblée populaire nationale. Au cours de cette session, le dalaï-lama fut élu vice-président du Comité permanent, et le panchen-lama, membre du Comité permanent. Le 22 avril 1956, le Comité préparatoire de la Région autonome du Tibet fut établi à Lhassa. Le dalaï-lama était président, le panchen-lama, premier vice-président. La réforme du Tibet est le principe déterminé par l'Accord en 17 articles. Mais au milieu du siècle dernier, le système de servage féodal éliminé par l'Europe il y a quelques centaines d'années, était encore considéré par les propriétaires de serfs comme le système idéal. Par conséquent, le gouvernement populaire central et les forces patriotiques tibétaines menèrent une lutte acharnée et compliquée contre la couche supérieure et les forces conservatrices du Tibet concernant l'application de l'Accord en 17 articles. Le 10 mars 1959, pour sauvegarder les intérêts acquis, la clique réactionnaire au sein de la couche supérieure du Tibet déclara l' « indépendance du Tibet » et déclencha une rébellion armée. Le 28 mars, le gouvernement central ordonna de dissoudre les autorités locales du Tibet dont la plupart des fonctionnaires avaient participé à la rébellion, et déclara que le Comité préparatoire de la région autonome du Tibet exercerait les fonctions de gouvernement local du Tibet. Le Xe panchen-lama suppléait le directeur du Comité préparatoire. En juin 1959, le Comité préparatoire de la région autonome du Tibet adopta la Résolution sur la réforme démocratique, et en septembre, la Résolution sur l'abolition de la propriété foncière des propriétaires de serfs et l'application de la propriété foncière des paysans, pour encourager les masses à pratiquer la réforme démocratique dans toute la région. L'essentiel de la réforme démocratique était réalisé à la fin de 1961. Les gouvernements populaires des districts, des préfectures et des bourgs étaient établis. En mars 1962, le Comité préparatoire distribua les « Directives concernant les élections aux échelons de base dans la région autonome du Tibet (projet) », puis 92 % des cantons et bourgs procédèrent à l'élection. En juillet et août 1965 eurent lieu les élections au niveau de district pour choisir 301 députés qui assisteraient à l'assemblée populaire de la région autonome du Tibet. La première session de la première Assemblée populaire de la région autonome du Tibet s'est tenue du 1er au 9 septembre 1965 à Lhassa, et la fondation de la région autonome du Tibet a été annoncée le 1er septembre. |