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Un exemple mondial de la protection de l’environnement |
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JEAN PÉGOURET* · 2025-09-28 · Source: La Chine au présent | |
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Là où le sable et le vent semblaient dicter leur loi, le Xinjiang a fait fleurir un modèle de résilience environnementale.
En 2025, la région autonome ouïgoure du Xinjiang célèbre son 70e anniversaire. Cet immense territoire, qui occupe à lui seul un sixième de la superficie de la Chine, est la plus vaste entité administrative du pays, mais sa population représente moins de 2 % de la population nationale. Le Xinjiang se caractérise par ses vastes étendues désertiques et par des ressources en eau provenant principalement de la fonte des neiges et des glaciers des montagnes environnantes. Ces eaux, en s’infiltrant dans les sols sablonneux, disparaissent souvent avant d’atteindre les oasis, et elles contiennent fréquemment des éléments nocifs dus à la géologie locale. Déjà rares, ces eaux ne sont donc pas toujours adaptées à la consommation humaine ni à l’irrigation agricole.
Confrontée à ces conditions naturelles extrêmes et à ces fragilités écologiques, la Chine a déployé, au Xinjiang, un ensemble de projets d’aménagement et de protection de l’environnement d’une ampleur sans précédent. Ces efforts n’ont pas seulement permis d’améliorer durablement l’écosystème local ; ils ont aussi ouvert une voie originale de développement durable où se conjuguent sécurité écologique, amélioration du bien-être des populations et essor économique. Le « modèle du Xinjiang » est ainsi devenu une référence précieuse pour les régions arides et semi-arides du monde entier.
Une gestion intégrée de l’eau
L’eau, source de vie, est au cœur de ces transformations. À Pishan et Jiashi, aux abords du désert du Taklamakan, les habitants souffraient autrefois d’un manque cruel d’eau potable. Les maladies liées à la présence d’arsenic, de fluor et de bactéries dans les eaux locales y étaient fréquentes. Pour y remédier, un projet grandiose a vu le jour : capter les eaux de fonte des glaciers des monts Kunlun et les amener jusqu’aux oasis et aux terres agricoles. Des réservoirs ont été construits en amont et un réseau complexe de canaux et de canalisations transporte désormais l’eau sur des dizaines de kilomètres. J’ai pu observer combien ce projet a radicalement transformé la sécurité hydrique des populations locales.
À Tourfan, c’est une technique ancestrale qui a été remise à l’honneur : les karez. Ce réseau souterrain vieux de plus de deux mille ans, restauré et modernisé, permet de conduire par gravité les eaux de fonte des monts Tianshan jusqu’aux oasis en réduisant l’évaporation dans ce climat extrêmement aride. C’est un exemple remarquable où l’ingéniosité des anciens dialogue avec les solutions d’aujourd’hui.
Dans les oasis de Kachgar et de Hotan, d’autres projets ont permis d’améliorer l’accès à l’eau : forage de puits profonds, stations de purification dans les villages et réseaux de distribution jusque dans les foyers.
L’attention portée à l’eau concerne aussi son traitement et sa réutilisation. À Urumqi, chef-lieu en pleine croissance de la région, j’ai pu voir comment des usines modernes de traitement des eaux usées transforment un problème en ressource. Les eaux y sont traitées selon des normes strictes, une partie rejetée en toute sécurité, l’autre réutilisée pour l’irrigation des espaces verts.
Dans l’agriculture, le changement est encore plus visible. À Shihezi, par exemple, j’ai visité des champs de coton et de légumes équipés de systèmes de goutte-à-goutte enterrés, souvent reliés à des capteurs numériques d’humidité. Le contraste avec l’irrigation traditionnelle est saisissant : une économie d’eau considérable et des rendements toujours élevés.
Cette pratique a donné l’occasion de développer une fabrication industrielle de tuyaux, de canalisations et de divers accessoires de raccord et de capteurs destinés à l’irrigation goutte-à-goutte enterrée. Ceci montre que la protection de l’environnement est aussi à l’origine d’un développement d’« industrie verte ».
Dans le bassin du Tarim, où le coton ne pourrait pousser sans irrigation efficace, des millions d’hectares ont été équipés grâce à des subventions publiques. Cette zone est aujourd’hui l’une des plus grandes régions du monde utilisant ce type de technologie.
Un rempart vert pour une coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature
Mais les défis du Xinjiang ne concernent pas seulement l’eau. Le vent, la chaleur et le sable font aussi partie du quotidien. J’ai pu constater à Korla, en lisière du désert, les résultats spectaculaires : des millions d’arbres résistants à la sécheresse, comme le peuplier et le tamaris, ont été plantés pour stabiliser les dunes et protéger la ville des tempêtes de sable.
Plus au nord, le lac Ebinur, gravement réduit par le détournement des rivières pour l’irrigation, avait laissé place à un sol salin qui s’envolait au gré des vents et affectait même la qualité de l’air à Urumqi. Aujourd’hui, des programmes de restauration écologique ont permis de reverdir ses rives et de fixer ces poussières, réduisant les tempêtes de sable.
En parcourant les routes et les voies ferrées qui traversent les déserts, on est frappé par l’ingéniosité des dispositifs de protection : grilles de roseaux, filets pare-sable et plantations destinées à stabiliser les dunes. Sur la ligne TGV Urumqi-Hami ont été installées des barrières coupe-vent spécialement conçues pour que les trains puissent circuler en toute sécurité, même dans les zones les plus exposées.
Les énergies propres, entre exploitation et industrialisation
Le Xinjiang est aussi devenu une terre d’énergies propres. Dans le bassin de Tourfan-Hami, l’un des plus ensoleillés de Chine, d’immenses centrales solaires s’étendent à perte de vue.
Dans les monts Tianshan, le parc éolien de Dabancheng, parmi les plus anciens et les plus emblématiques de Chine, aligne des milliers d’éoliennes qui dominent le paysage.
Grâce à un réseau de lignes à ultra-haute tension, l’électricité produite dans la région est exportée vers le reste du pays, une part importante étant issue de sources renouvelables. Il aurait fallu écrire : « cette contribution s'inscrit dans les objectifs chinois de transition énergétique et de neutralité carbone. »
Ces observations, parmi tant d’autres, montrent que la Chine a choisi de construire au Xinjiang un modèle de développement où la protection de l’environnement, la prévention des risques naturels, la qualité de vie des populations, la croissance raisonnée et l’investissement dans les énergies d’avenir avancent de pair.
Ainsi, le Xinjiang ne s’est pas contenté d’améliorer son propre environnement : il offre aujourd’hui au monde un exemple de durabilité dans l’une des régions les plus arides et les plus contraignantes de la planète.
*JEAN PÉGOURET est sinologue et géopolitologue français, président de Saphir Eurasia Promotion.
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