Musée de l’origine du panda géant à Dengchigou (PHOTO : YU XIANGJUN) 

Au cœur de la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, se trouve un district que peu de personnes connaissent, bien que les animaux pelucheux qui y ont été découverts scientifiquement soient connus et adorés dans le monde entier. Baoxing, dans la ville de Ya’an, est plus connu comme la terre des pandas géants. Aujourd’hui, il est devenu un haut lieu de la biodiversité et un refuge pour de nombreuses espèces menacées.

Le 22 avril, une centaine d’invités, notamment 14 jeunes étrangers venant de 10 pays, des experts de la culture, des représentants d’organisations du tourisme et de l’éducation ainsi que des médias, se sont réunis à Baoxing pour célébrer le 155e anniversaire de la découverte scientifique du panda géant et le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Les invités ont participé à une série d’activités, telles que le lancement du Centre international d’échanges culturels sur le panda géant, une visite au Camp international de découverte de l’origine du panda géant avec quatre individus, et un dialogue sur la culture du panda géant.

Dans une époque marquée par des changements géopolitiques et des conflits, que pouvons-nous apprendre de l’histoire de la découverte du panda ?

Inspirer l’amour de la nature

L’intérêt du public pour le panda géant a commencé à se manifester au milieu du XIXe siècle, lorsque le naturaliste et missionnaire français Armand David a consigné pour la première fois des données scientifiques sur l’espèce en 1869. Au cours des 12 années qu’il a passées en Chine, le Père David a découvert 189 nouvelles espèces d’animaux et de plantes et a envoyé à Paris des dizaines de spécimens qui étaient auparavant inconnus. Le 11 mars 1869, il écrivait dans son journal : « En revenant de notre excursion, nous sommes invités à nous reposer chez un certain Li, le principal propriétaire de cette vallée, qui me régale de thé et de sucreries. Je vois chez ce païen une peau plate du fameux ours blanc et noir, qui me paraît assez grande : c’est une espèce très remarquable, et je me réjouis en entendant dire à mes chasseurs que j’obtiendrai certainement cet animal dans un court délai ; dès demain, me dit-on, les chasseurs vont se mettre en campagne pour tuer ce carnassier qui paraît devoir constituer une nouveauté intéressante pour la science. »

D’animal chassé pour sa peau à trésor national chinois apprécié dans le monde entier, le sort des pandas s’est considérablement amélioré. Grâce à la publication de la découverte du panda géant par le Père David, nous pouvons l’admirer aujourd’hui. Au début, la popularité du panda a suscité des tentatives de capture et d’élevage en captivité de la part d’autres nations. Grâce aux efforts déployés par le gouvernement chinois pour protéger la faune sauvage, le panda géant a été sauvé du bord de l’extinction.

« Depuis longtemps, je nourris deux rêves liés à la Chine : visiter la Grande Muraille et voir le panda géant », a déclaré Ana Maria Crivat, doctorante originaire de Roumanie à l’Université Jiaotong de Xi’an, lors d’un dialogue sur le panda l’après-midi du 22 avril. « Aujourd’hui, je suis ravie d’annoncer que ces deux rêves sont devenus réalité. Je suis impatiente de montrer des photos du panda géant à ma famille restée en Roumanie. » Cette fascination pour le panda géant, emblème de la Chine et de la conservation de la faune, et le désir de partager les efforts de la Chine pour protéger cette espèce, ont été des sentiments partagés par tous les participants au dialogue.

Promouvoir la conservation de la nature

Entre 1869 et 2023, 165 réserves naturelles ont été créées dans le Sichuan, couvrant plus d’un quart de la superficie de la province. Beaucoup d’entre elles sont exclusivement réservées au panda géant. En mai  1950, la Chine a interdit de chasser les pandas géants. Cependant, malgré ces efforts, le nombre de pandas à l’état sauvage a connu une baisse alarmante, la première enquête nationale sur le panda géant menée par la Chine entre 1974 et 1977 a révélé la présence de 2 459 pandas à l’état sauvage, malheureusement, une deuxième enquête menée entre 1985 et 1988 a montré que leur nombre avait diminué à 1 114. Face à cette réalité, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé le panda géant comme une espèce en danger en 2008 et l’a inscrit sur sa liste rouge des espèces menacées.

La réserve naturelle nationale de Wolong, première réserve de pandas géants en Chine, a été construite en 1978 à Wenchuan, un autre district du Sichuan. L’objectif principal de cette réserve, ainsi que des réserves ultérieures, est de restreindre les activités humaines susceptibles d’avoir un impact sur les pandas, telles que l’exploitation forestière et l’agriculture. Par exemple, à Baoxing, 82 % des terres sont incluses dans le Parc national des pandas géants, qui abrite 181 pandas.

Pour renforcer la protection des pandas géants, de nombreux villageois du Sichuan ont participé au projet « L’homme fait place à la nature » et à la migration écologique en déménageant des réserves naturelles. En 1983, par exemple, 800 habitants ont quitté la réserve naturelle nationale de Tangjiahe, un habitat important du panda géant, pour s’installer dans de nouveaux villages construits à l’extérieur de la réserve.

En 2023, Baoxing a franchi une étape importante dans la promotion de l’éducation écologique en créant le Camp international de découverte de l’origine du panda géant, ce qui permet au public de mieux connaître les pandas géants à travers des activités interactives et l’observation directe des quatre pandas qui y vivent.

Les efforts de conservation de la faune ne se limitent pas à la Chine. Des organisations internationales de conservation de la faune, en collaboration avec le gouvernement chinois et la population locale, ont contribué à augmenter le nombre de pandas sauvages.

Selon l’Administration nationale des forêts et des prairies de Chine, le nombre de pandas géants est passé de 1 100 dans les années 1980 à 1 900 récemment, marquant une victoire importante pour la conservation de la faune.

En septembre 2016, l’UICN a annoncé que le panda géant était déclassé de la catégorie « en danger » à celle d’espèce « vulnérable » sur la liste mondiale des espèces menacées d’extinction, avec une croissance de la population de près de 17 % au cours de la dernière décennie. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a déclaré que les pandas géants sont un symbole vivant de la conservation de la faune. En protégeant les pandas, nous protégeons également l’environnement dans lequel nous vivons. Cela profite non seulement à l’ensemble de la faune et de la flore, mais aussi à l’humanité.

Contribuer au dialogue international

La découverte scientifique du panda géant témoigne de l’importance des échanges internationaux. L’histoire unique d’un missionnaire français qui a documenté les détails du panda géant en Chine et les a partagés au reste du monde souligne la valeur de la coopération dans le domaine de la science et de la technologie.

Depuis l’Antiquité, les animaux jouent un rôle clé dans la diplomatie. Par exemple, Charlemagne (748-814) a reçu divers types d’animaux de différents pays comme cadeaux diplomatiques, dont un éléphant d’Asie de la part du calife de Bagdad. À l’époque contemporaine, c’est la « diplomatie du panda » de la Chine qui a le plus attiré l’attention, et Baoxing y a beaucoup contribué.

Depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le district a fourni 123 pandas géants au pays. Sur les 24 pandas qui ont été offerts en cadeaux à des pays étrangers, notamment les États-Unis, le Japon, la France, le Royaume-Uni et le Mexique, 17 pandas provenaient de Baoxing.

En 1972, la visite historique du président Richard Nixon en Chine a marqué un tournant dans les relations sino-américaines. En signe de bonne volonté, le Premier ministre chinois de l’époque, Zhou Enlai, a offert un couple de pandas géants, Hsing-Hsing et Ling-Ling, aux États-Unis. Le parc zoologique national de Washington (Smithsonian National Zoological Park) est devenu leur foyer et plus de 20 000 visiteurs se sont pressés dans le parc pour les voir le premier jour où ils ont été montrés au public.

Les pandas géants, avec leur apparence unique, sont devenus un symbole de la Chine. De plus, grâce aux efforts déployés par la Chine pour prévenir leur extinction, ils sont devenus des ambassadeurs de la conservation de la faune et de la flore. Lors de sa création en 1961, le WWF a conçu son logo distinctif en s’inspirant d’un panda géant né à Baoxing et vivant plus tard dans le zoo de Londres. Dès lors, il est devenu un symbole de la conservation de la faune et de la flore au niveau mondial.

Ces ursidés poilus et espiègles ont captivé le cœur du public du monde entier, et joué un rôle clé dans la diplomatie chinoise. Leur histoire continue d’inspirer tous ceux qui ont participé à l’activité du 22 avril à Baoxing, les motivant à diffuser leur connaissance des pandas géants.