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Les gardiens du lac

XIA YUANYUAN, membre de la rédaction  ·  2023-07-09  ·   Source: La Chine au présent
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Éclatantes fleurs d’algues dans le lac Erhai (PHOTO : DONG MENGLIANG)

Sa peau s’est assombrie sous le soleil, ses chaussures sont recouvertes de poussière. Portant un chapeau de paille, Zhang Fusuo, membre de l’Académie chinoise d’ingénierie et professeur à l’Université d’agriculture de Chine (UAC), se définit désormais comme un villageois avant d’être un professeur.

M. Zhang a élu domicile à Gusheng, un village millénaire niché au cœur du bassin du lac Erhai, dans la pittoresque préfecture autonome bai de Dali (Yunnan). Le lac Erhai, malgré l’attention qu’il a reçue pour sa conservation écologique, est aux prises avec une grave pollution, des concentrations élevées d’azote et de phosphore dans le sol, et de faibles rendements agricoles. Faute de coordination entre les efforts de protection du lac Erhai et le développement agricole, les agriculteurs n’ont pas connu d’amélioration significative de leurs revenus. Ainsi, M. Zhang s’est décidé à changer la donne.

Dans la perspective de trouver un compromis entre la sauvegarde du lac Erhai et une agriculture durable et qualitative, l’UAC, l’Université d’agriculture du Yunnan et le gouvernement de la préfecture autonome bai de Dali ont uni leurs forces pour créer le premier STB – Science and Technology Backyard – du village en février 2022. « Le STB du village Gusheng a pour objectif de préserver la pureté du lac Erhai tout en soutenant le développement agricole local », explique M. Zhang.

En association avec le personnel enseignant et les étudiants de l’UAC, ce spécialiste en nutrition des plantes a établi 14 STB au sein du village de Gusheng.

 

Des chercheurs bravent une forte pluie pour prélever des échantillons d’eau dans le village de Gusheng, à Dali, en août 2022. (PHOTO AIMABLEMENT FOURNIE)

La traque des polluants

Cernée par des chaînes de montagnes au sud, à l’ouest et à l’est, Dali est une charmante ville où règne en son centre le majestueux lac Erhai, qui s’étend sur une superficie de 252 km². Renommée pour sa nature splendide et la culture unique de l’ethnie bai, cette petite ville attire une foule de touristes. Néanmoins, le lac, cœur battant de la vie à Dali, a subi une pollution extrême depuis les années 1980, émettant une odeur nauséabonde et faisant face à trois grandes proliférations d’algues bleu-vert en 1996, 2003 et 2013.

« L’une des principales priorités pour la conservation du lac Erhai était de déterminer l’origine des polluants », explique M. Zhang. La source d’eau du lac Erhai provient principalement des monts Cangshan. C’est donc à pied et en tricycle électrique qu’ils ont exploré cette région, étudié le système hydrique, mis en place des points de surveillance et analysé des échantillons pour localiser la source de pollution. « Les enseignants et les étudiants se devaient d’être prêts à tout moment, de jour comme de nuit, pour effectuer des prélèvements, surtout après une averse, et plus particulièrement en cas d’orage », ajoute M. Zhang.

Depuis avril 2022, un millier de personnes des STB y ont été mobilisés pour effectuer des surveillances synchronisées de la quantité et de la qualité de l’eau, prélevant plus de 3 000 échantillons et analysant plus de 20 000 indicateurs des échantillons d’eau. Ces efforts ont permis de constituer une solide base de données pour identifier la source de pollution du lac Erhai.

« Les résultats des analyses ont révélé des surprises. Contrairement aux estimations gouvernementales qui attribuait environ 70 % de la pollution à l’agriculture, nous avons découvert que ce chiffre se situait plutôt entre 30 % et 50 %. D’autres sources de pollution de l’eau ont été identifiées, comme les décharges rurales, les jardins des maisons et les champs de légumes », révèle Tang Bowen, un étudiant en master de l’UAC. Il a supervisé le traçage et la surveillance de la source de pollution.

Pour éradiquer la pollution, il est impératif d’agir à la source. Bowen et ses camarades de classe ont œuvré à sensibiliser les villageois à l’importance du tri et à l’élimination des déchets. À présent, ils peuvent recevoir presque quotidiennement jusqu’à 30 kg de déchets alimentaires, destinés à être transformés en engrais organique grâce à des méthodes rentables de valorisation des déchets.

« L’eau du lac devient de plus en plus claire. Parfois, nous avons même la chance d’observer des carassins sauter hors de l’eau », témoigne Liang Wanqiao, un habitant du village de Gusheng.

Selon Yang Guozong, secrétaire du Comité préfectoral du Parti communiste chinois pour la préfecture autonome bai de Dali, la qualité de l’eau des 27 plus grandes rivières se déversant dans le lac Erhai a atteint un taux de pureté de 100 %. Par ailleurs, la transparence du lac a atteint son niveau le plus élevé depuis près de deux décennies.

 

Vue aérienne du village de Gusheng (PHOTO : DONG MENGLIANG)

Vers une agriculture durable

La plaine fertile du bassin, s’étendant depuis le pied des monts Cangshan jusqu’aux rives du lac Erhai, est un espace privilégié pour l’agriculture. Dans les champs du village de Gusheng, chaque rizière est identifiée par un panneau indiquant la variété de riz ainsi que la quantité d’engrais utilisée. C’est ici que l’équipe de M. Zhang a établi son terrain d’expérimentation pour une agriculture verte à forte valeur ajoutée.

« Il y a un an, notre objectif était d’aider le village à contrôler la pollution du lac Erhai. Cependant, aujourd’hui, notre vision a évolué », confie Jin Kemo, responsable des STB de Gusheng et professeur associé de l’UAC. Actuellement, en plus de préserver la clarté des eaux cristallines du lac Erhai, les STB de Gusheng assistent le village dans la recherche de méthodes pour développer une agriculture à la fois écologique et rentable.

Le village de Gusheng, qui compte plus de 1 400 résidents, tirait autrefois l’essentiel de ses revenus de la culture de l’ail. À cette époque, la superficie dédiée à la plantation de l’ail dans le bassin du lac Erhai s’étendait sur près de 200 000 mu (13 333 hectares), générant des bénéfices annuels de plus de 5 000 yuans (702 dollars) par mu (0,067 hectare), un rendement bien supérieur à celui de la culture céréalière conventionnelle. Cependant, la culture de l’ail, nécessitant quantité d’eau, d’engrais et de pesticides, provoquait inévitablement une pollution du lac Erhai. Lors de la saison des pluies, une grande partie de ces produits chimiques restait dans les champs pour finalement se déverser dans le lac.

Bien que l’état de l’environnement du lac Erhai se soit amélioré, les habitants n’en ont pas tiré les bénéfices, un constat insatisfaisant pour l’équipe de M. Zhang. C’est dans cette perspective qu’ils ont envisagé de développer une agriculture écologique à forte valeur ajoutée. Les STB de Gusheng se sont donc fixés deux objectifs principaux : réduire les émissions d’azote provenant des engrais de 30 % à 50 %, et augmenter la valeur de la production agricole d’au moins 10 000 yuans (1 404 dollars) par mu.

En 2018, Dali a mis en place une interdiction de vente et d’utilisation d’engrais azotés et phosphorés, ainsi que de pesticides hautement toxiques pour protéger le lac Erhai. Toutefois, cette décision a posé un défi complexe : comment apporter les nutriments nécessaires aux cultures tout en minimisant l’impact sur l’environnement ?

Lors des tests de sol effectués dans le village de Gusheng, Xu Jiuliang, membre de l’équipe et professeur associé de l’UAC, a fait une découverte surprenante. « Nous avons constaté que la teneur en matière organique du sol atteignait 5 %, ce qui indique un sol fertile qui ne nécessite pas un apport d’engrais pour y planter des cultures », explique-t-il.

L’équipe a donc encouragé les habitants à adopter des engrais écologiques pour la culture du riz et à utiliser des paillis biodégradables pour retenir l’humidité et conserver les nutriments dans le sol. Ces innovations ont eu un impact positif sur la production de riz, augmentant de 30 %. Elles ont également permis de réduire la pollution de l’eau causée par l’azote et le phosphore de 30 %, et de diminuer de moitié les coûts liés à l’utilisation d’engrais. Le rendement du riz est passé à 808 kg par mu, contre 680 kg précédemment, avec une augmentation de 1 590 yuans (223 dollars) par mu. De plus, l’utilisation de modèles efficaces de rotation des cultures a permis d’atteindre une valeur de production annuelle d’environ 20 000 yuans (2 809 dollars) par mu.

 

Deux chercheuses de STB du village de Gusheng discutent avec un agriculteur. (PHOTO : SHAO KE)

Un modèle inspirant

Depuis 2009, M. Zhang et son équipe consacrent plus de 300 jours par an à travailler aux côtés des agriculteurs dans les régions rurales. L’UAC a mis en place 139 STB à travers le pays, rendant ce modèle très populaire parmi les agriculteurs. De surcroît, des étudiants d’écoles supérieures chinoises sont également engagés dans les STB, travaillant à l’élaboration de solutions pratiques aux défis agricoles.

Selon M. Zhang, la réussite du modèle STB réside dans l’assistance apportée aux agriculteurs pour qu’ils maîtrisent et utilisent les technologies adéquates. Pour gagner leur confiance, il est indispensable de travailler et vivre à leurs côtés. Les techniciens agricoles jouent un rôle crucial en motivant et en encourageant les agriculteurs à agir, tout en collaborant avec eux sur le terrain. Ces expériences sont précieuses et méritent d’être partagées.

Le scientifique néerlandais et lauréat du prix Nobel, Oene Oenema, qui a visité plusieurs STB en Chine, en a été fortement impressionné. Il a confié que les STB s’efforcent de rendre l’agriculture plus durable. Selon lui, ils sont en mesure d’obtenir des rendements plus élevés tout en minimisant la pollution environnementale.

Depuis 14 ans, le modèle STB a été adopté dans d’autres pays en développement. En 2019, afin de partager l’expérience chinoise, l’UAC a proposé des classes d’initiation à la science et à la technologie en Chine et en Afrique. À ce jour, plus de 60 étudiants en agronomie provenant de 13 pays africains, dont l’Éthiopie, la Tanzanie, le Mozambique, le Malawi et le Burkina Faso, ont profité de cette initiative. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture promeut continuellement ce modèle de coopération à l’échelle mondiale, le considérant comme un exemple typique de responsabilisation des petits agriculteurs dans le processus de production.

 

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