Le port de Xiamen au coucher du soleil

Le 5 novembre 2022, la biennale internationale de la gravure pour enfants IBK’22 s’est déroulée au Centre d’art contemporain nordique à Xiamen (Fujian). Organisée en l’honneur de Hans Christian Andersen, elle s’est tenue sur le site des docks d’Aotou, dans le district de Xiang’an, vieux de 200 ans, et témoin de la prospérité commerciale sur l’ancienne Route maritime de la Soie. La frénésie des échanges de marchandises a aujourd’hui disparu et a fait place à des activités spécifiques sous le signe de l’art moderne et de la culture de la Route maritime de la Soie.

Ailleurs, les activités portuaires offrent un visage différent. En entrant dans la salle de commande à distance du terminal intelligent Hairun du port de Xiamen, l’opérateur de pont roulant Wu Wenfeng effectue avec aisance des opérations de manutention sur un cargo de 100 000 tonnes de déplacement. De janvier à septembre, le port a traité 9,1 millions d’EVP, dont 6,96 millions pour l’import-export, ses 127 itinéraires de commerce extérieur desservant 146 ports dans 54 pays et régions.

Ce ne sont là que deux scènes ordinaires d’une journée à Xiamen, dont l’économie maritime diversifiée alimente le développement et la prospérité. En 2021, son PIB maritime a atteint 164,5 milliards de yuans, soit 23,4 % du PIB total, une part qui devrait dépasser les 30 % d’ici 2025. Le développement de haute qualité de l’économie maritime a permis à cette ville qui vit de la mer et doit son charme à la mer de s’engager dans un tout nouveau parcours à la faveur de la mer, celui de prospérité.

Des secteurs émergents au service de l’économie maritime

En 2021, les secteurs maritimes émergents de Xiamen ont réalisé une valeur ajoutée de près de 64 milliards de yuans, soit 38,74 % de celle de l’économie maritime de la ville, pour devenir son moteur de croissance.

Au Port des produits de biopharmaceutique marine de Xiamen, situé dans le district de Haicang, on assiste à l’essor d’une grappe d’entreprises exploitant les organismes marins, de la biopharmaceutique marine à la cosmétique à base de produits marins, en passant par la mariculture et les produits agro-industriels verts. Des matériaux ont été produits à l’aide d’une biotechnologie avancée, telles que le coenzyme Q10, le DHA issu des microalgues, un nouveau peptide issu du requin, la glucosamine de la marque Blue Bay, et l’astaxanthine.

La société Xiamen Wantai Canghai Biotechnology s’y est installée en 2008. Elle a depuis développé et mis sur le marché le premier vaccin bivalent chinois contre le cancer du col de l’utérus et le premier vaccin recombinant contre l’hépatite E au monde. À l’heure actuelle, la deuxième phase de son projet d’expansion pour la production du vaccin nonavalent contre le cancer du col de l’utérus est sur le point d’être achevée. Une fois lancée, la production de ce vaccin atteindra 60 millions de doses par an.

Les enzymes outils sont les principales matières premières pour la détection des acides nucléiques. Auparavant 80 % des enzymes outils haut de gamme qu’utilisait la Chine dépendaient des importations. Afin de remédier à ce déficit, l’entreprise Zeesan Biotech a collaboré avec l’Université de Xiamen et l’Institut N°3 d’océanographie relevant du ministère chinois des Ressources naturelles, et réussi le pari de la R&D avec les gènes de micro-organismes marins et de poissons. Rien que l’année dernière, ces outils enzymatiques ont été exportés vers une cinquantaine de pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie du Sud-Est, avec des ventes de plus de 200 millions de yuans. En 2021, la valeur ajoutée du secteur des produits pharmaceutiques et biologiques marins de Xiamen s’est élevée à près de 5,4 milliards de yuans, soit une croissance de 25,64 % en glissement annuel.

Parallèlement, la filière de fabrication des équipements émergents haut de gamme de Xiamen n’a de cesse de croître avec l’approfondissement de l’initiative « la Ceinture et la Route ». En 2020, le constructeur naval Xiamen Shipbuilding Industry a livré à l’entreprise de transport maritime Siem Car Carriers un navire roulier au GNL d’une capacité de 7 500 véhicules. Il s’agissait du premier de ce type au monde, comblant ainsi le vide technologique auquel la Chine avait jusqu’ici fait face dans la conception et la construction autonomes des grands rouliers à double carburant. Le 1er mars 2022, le Viking Glory, un navire roulier à passagers haut de gamme construit par Xiamen Shipbuilding Industry a été mis en service. Il s’agissait du premier ferry de croisière du genre naviguant dans les eaux d’Europe du Nord, considéré comme « le navire le plus adapté au changement climatique, le plus intelligent et le plus respectueux de l’environnement au monde ». Selon les statistiques, en 2021, la filière de fabrication des équipements émergents haut de gamme de Xiamen a réalisé une valeur ajoutée de près de 24,4 milliards de yuans, soit une hausse de 10,65 % en glissement annuel.

Dans l’économie nationale de cette puissance maritime qu’est la Chine, le secteur maritime s’affirme de jour en jour comme un nouveau pôle de croissance. Le Rapport 2020 sur le développement de l’économie maritime en Chine montre que ce secteur a contribué à hauteur de 9,1 % à la croissance du PIB et que les secteurs émergents constituent un nouveau moteur de croissance dans le développement de l’économie maritime.

« Les secteurs maritimes émergents de Xiamen, dont l’importance est déjà bien visible dans l’économie maritime en expansion, joueront un rôle crucial dans l’extension de la chaîne industrielle, la montée en gamme industrielle et l’apport de nouvelles dynamiques de croissance », a déclaré Zeng Dongsheng, directeur général du Bureau de développement maritime de Xiamen.

Des coureurs au bord de la mer à Xiamen

Les poumons de l’économie maritime

Si l’océan est comme l’oxygène pour Xiamen, l’innovation technologique constitue les poumons de son économie maritime.

Dans le village de Shixun dans le district de Tong’an, le parc de reproduction de crevettes Baili Longcheng vient d’être mis en service. D’une superficie de 20 ha, il a nécessité un investissement d’environ 350 millions de yuans. Classé au niveau national comme centre de reproduction de crevettes de sélection, l’élevage aquicole abritera une banque de germoplasme de la crevette à pattes blanches (Litopenaeus vannamei), une excellente ressource génétique importée. Une fois lancée, la production de post-larves de qualité atteindra 40 milliards par an.

Kang Yingde, directeur général de l’entreprise d’aquaculture Baili Longcheng, a annoncé une autre construction à Oucuo dans le district de Xiang’an, un incubateur de technologie marine dédié à la résolution d’une série de problèmes dans la reproduction, la croissance et l’élevage des crevettes. Une fois la construction terminée, la production annuelle devrait atteindre 1 à 1,5 milliard de yuans, générant directement une valeur ajoutée des filières en aval de 20 à 30 milliards de yuans.

Le terminal Hairun a été le premier terminal à conteneurs classique du pays à subir une transformation intelligente de l’ensemble des processus. Il a adopté une feuille de route technologique axée sur une nouvelle génération d’automatisation, allant des équipements aux systèmes d’information. Depuis la mise à l’essai de la production au début de cette année, le rendement global a augmenté de plus de 10 %. Le pontier Wu Wenfeng a fait remarquer la fluidité et le rendement exceptionnels du fonctionnement du terminal, malgré la quasi-absence de personnel. Et de conclure : « Cela tient à une technologie plus intelligente, qui procure au terminal portuaire plus d’avantages en termes de coût, de rendement et de performance. »

Au terminal à conteneurs Xiamen Yuanhai, entièrement automatisé, de gigantesques ponts roulants font la navette sur une étendue d’acier et quadrillée de plusieurs kilomètres carrés, entre l’aire d’empilement des conteneurs et le quai. Les véhicules de transport sans pilote font des arrêts précis au centimètre près. La plateforme de logistique intelligente de conteneurs permet la numérisation, donc un enregistrement sans papier des bons de livraison, une répartition intelligente et contrôlable à distance des camions porte-conteneurs, un fonctionnement intelligent des portails et un partage tous azimuts des données dynamiques des conteneurs, améliorant considérablement l’efficacité de la logistique portuaire. Aujourd’hui, le port de Xiamen s’inscrit dans une dynamique d’innovation continue, qui constitue le moteur de son développement de haute qualité. Son débit annuel de conteneurs est passé de 7,2 millions d’EVP en 2012 à plus de 12 millions en 2021, ce qui a hissé le port de Xiamen au 13e rang mondial.

L’innovation technologique promeut le développement de qualité de l’économie maritime. À ce sujet, Chen Changsheng, vice-président du comité municipal de la Conférence consultative politique du peuple chinois et chef du groupe d’experts maritimes de Xiamen, a annoncé qu’en vue de développer les nouvelles économies numériques maritimes telles que le secteur « océan + Internet » et les mégadonnées océaniques, la municipalité était en train de créer un certain nombre de structures de coopération entre industrie, enseignement et recherche. Et d’ajouter : « Ultérieurement, Xiamen construira un parc industriel de niveau national qui intégrera la technologie de communications maritimes, la 5G maritime, la numérisation maritime, l’Internet des objets par satellite et la robotique sous-marine, pour former des industries maritimes émergentes de meilleur aloi, dans la perspective de fortifier son secteur maritime au-delà de la prospérité économique. »

L’envol du secteur culturel

Le 5 novembre 2022, la galerie internationale d’art contemporain « Dream of Ocean » s’est ouverte au Centre d’art contemporain nordique à Xiamen, avec 34 artistes de Chine, de Suède, du Danemark, de Norvège, d’Allemagne, des Philippines et d’Afrique du Sud, qui ont exposé 86 créations artistiques.

Cette 3e édition s’est déroulée dans le cadre de la Semaine internationale de l’océan de la ville. L’artiste philippin Bong H. Antivola y apporte chaque année ses nouvelles créations. D’une main de maître, il a transformé de la ferraille recyclée en sculpture d’une espèce d’hippocampe disparue, appelant à la protection de l’océan et de l’environnement écologique.

D’après Ke Jingjing, directrice des opérations du Centre d’art contemporain nordique, la galerie « Dream of Ocean » fait de l’art un pont entre le public et la culture maritime, et noue des liens entre le tourisme culturel maritime et le domaine de l’art pour encourager un développement coordonné de la culture et de l’économie de la mer.

À l’heure actuelle, un quartier des arts prend forme à Aotou, abritant notamment le Centre d’art contemporain nordique, le Musée des beaux-arts Chaokuang et le Musée des beaux-arts Rong, et caractérisé par la culture de Nanyin, une des plus anciennes formes musicales en Chine, et l’art de la mosaïque céramique. « Cela produit un effet d’agglomération, qui favorisera la construction de la zone pilote de développement de l’économique maritime à Aotou. En mariant le tourisme culturel maritime au domaine de l’art, ce projet servira à la reconversion professionnelle des pêcheurs et au développement de l’économie locale », a déclaré Lin Zhigen, un responsable du groupe de travail de cette zone pilote d’Aotou.

Selon Zeng Dongsheng, directeur général du Bureau de développement maritime de Xiamen, si le secteur culturel maritime a émergé à Aotou, il fleurit déjà un peu partout ailleurs dans la ville. « Le quai des pêcheurs de Shapowei, le village de pêcheurs de Zengcuo’an à vocation de création culturelle et de loisirs, et le charmant village de pêcheurs de Fengtou à Wutong sont des exemples qui puisent dans la culture maritime pour se transformer en sites culturels aux couleurs locales sur le littoral. C’est bénéfique pour le développement de qualité de l’économie maritime de Xiamen. »