Projet de démonstration intégrée « photovoltaïques + stockage d’énergie + application » au Parc Xihu de Beijing, le 20 décembre 2020.
Organisé par le China International Youth Exchange Center, le Salon mondial des jeunes scientifiques pour l’innovation vers la neutralité carbone s’est tenu du 25 au 26 novembre 2021 à Beijing. L’évènement visait à promouvoir les collaborations et les échanges transfrontaliers entre les jeunes scientifiques chinois et étrangers en matière de neutralité carbone.
La situation nationale
Le 21 septembre 2021, le président chinois Xi Jinping a déclaré, lors du débat général de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, que la Chine soutient fermement le développement d’énergies vertes et bas carbone dans les pays en développement et ne construira plus de nouveaux projets d’électricité au charbon à l’étranger, tout en déployant des efforts pour les « deux objectifs carbone » de la Chine : atteindre son pic de carbone avant 2030 et parvenir à la neutralité carbone d’ici 2060.
« La décision de ‘‘ne plus construire de nouveaux projets d’électricité au charbon à l’étranger’’, qui est tout à fait conforme à la politique nationale de réduction des émissions, s’inscrit dans le prolongement direct de la voie de développement vert et sobre en carbone de la Chine et des anciennes politiques de réduction des émissions, a déclaré Zhao Gang, chercheur à l’Académie chinoise des sciences et technologies pour le développement relevant du ministère des Sciences et Technologies. Il s’agit d’un engagement important pris par le gouvernement chinois pour lutter contre le changement climatique mondial et pour stimuler la construction conjointe de ‘‘la Ceinture et la Route’’ verte. »
D’après M. Zhao, la Chine et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel ont lancé ensemble, avant la proposition de l’initiative « la Ceinture et la Route », un projet baptisé « Parc industriel de la Route de la Soie verte », afin de promouvoir les échanges et la coopération entre la Chine et les pays participants dans le domaine du développement vert.
« En plus des pays en développement, la Chine et certains pays européens ont atteint un consensus dans le domaine du changement climatique, en faisant face à de nombreuses opportunités, a-t-il ajouté. Les deux parties présentent une forte complémentarité dans beaucoup de domaines tels que la transition énergétique, le système d’échange de quotas d’émission, la recherche et l’innovation scientifiques ainsi que la finance verte, et elles ont un énorme potentiel de coopération en matière de gouvernance climatique et de promotion du développement vert. »
À l’heure actuelle, la coopération sino-européenne dans ces domaines a engendré des résultats importants, entre autres, le parc écologique sino-allemand fondé à Qingdao, les projets de R&D sur les vélos électriques, les voitures électriques et les véhicules hybrides développés conjointement par le ministère chinois des Sciences et Technologies et le ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la Recherche, ainsi que le parc écologique sino-français créé à Chengdu (chef-lieu du Sichuan), qui sont tous considérés comme des modèles de coopération internationale en matière de développement vert et bas carbone.
« En tant que pays le plus peuplé du monde, la Chine doit se baser sur sa situation nationale pour formuler des politiques liées à son pic d’émission de carbone et à la neutralité carbone », a indiqué Mao Tao, directeur du bureau de la coopération internationale au Centre de coopération économique et technique internationale relevant du ministère de l’Industrie et de l’Informatisation. Selon lui, la Chine est en voie d’urbanisation et d’industrialisation, et son taux d’urbanisation est d’environ 63 % (celui des États-Unis a dépassé 80 %, tandis qu’en Europe, ce chiffre a atteint 90 % pour beaucoup de pays, voire 100 % pour certains).
« Le PIB par habitant des pays occidentaux était de 30 000 dollars au moment où ils ont atteint leur pic d’émissions de CO2. Ce pic a été naturellement atteint du fait que l’urbanisation et l’industrialisation sont pratiquement achevées dans ces pays. Quant au PIB par habitant de la Chine, qui vient de dépasser 10 000 dollars, il pourrait ne pas atteindre 20 000 dollars avant 2030, a expliqué M. Mao. La Chine doit travailler beaucoup plus dur que les pays occidentaux pour porter son attention à la fois sur son développement et sur le contrôle des émissions de carbone, tandis que le temps qui lui reste est plus court. »
Il a souligné qu’il n’est pas possible de compter toutes les émissions de CO2 produites par l’industrie manufacturière dans la moyenne chinoise, du fait que la Chine fournit une grande quantité de produits industriels au monde, qu’il faut regarder les émissions par habitant sous l’angle de l’ensemble de la chaîne industrielle et de la chaîne d’approvisionnement. En effet, l’industrie manufacturière chinoise représente 30 % du total mondial, se classant au premier rang mondial depuis 11 années consécutives.
L’innovation technologique
L’industrie électrique sans carbone constitue une partie importante de la concrétisation des « deux objectifs carbone » de la Chine. Selon Wang Xiaolong, directeur du département de R&D de l’Institut de recherche sur les technologies de l’énergie propre relevant du groupe Huaneng, la mise en place d’un nouveau système électrique basé sur les nouvelles sources d’énergie est particulièrement importante dans le cadre des exigences des « deux objectifs carbone ». À cette fin, son équipe a développé un système technologique de neutralité carbone « 3+X ».
« X représente les technologies émergentes, telles que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CCUS), l’un des moyens importants pour atteindre l’objectif de neutralité carbone », a expliqué Wang Xiaolong. Sous la direction du ministère des Sciences et Technologies, le groupe Huaneng a mené des échanges et des collaborations avec des établissements occidentaux, pour améliorer cette technologie qui est devenue aujourd’hui un atout de l’entreprise.
« En vue de l’objectif de neutralité carbone, les technologies énergétiques et bas carbone de pointe deviendront, dans le prochain cycle d’économie mondiale, la frontière technologique, le centre d’intérêt du marché ainsi qu’un nouveau terrain de compétition », a indiqué Wang Can, professeur à la faculté de l’environnement relevant de l’Université Tsinghua.
Il a précisé que la stratégie de neutralité carbone de tous les pays vise à rechercher la compétitivité industrielle et commerciale. Par exemple, l’UE souligne la nécessité de parvenir à la décarbonisation profonde avant 2035 et à l’industrialisation des technologies clés ; les États-Unis prévoient d’accroître leurs efforts de R&D dans l’énergie hydrogène, le stockage d’énergie et l’énergie nucléaire avancée, pour former de nouvelles compétitivités industrielles ; le Japon espère se forger un avantage concurrentiel en matière de production (à partir d’énergies renouvelables), de stockage, de transport et d’utilisation de l’hydrogène.
« La Chine souhaite également étendre son marché technologique existant par le biais de la coopération internationale », a conclu M. Wang.
Des efforts conjugués
La participation des entreprises joue un rôle indispensable dans la R&D et l’application des technologies.
Étant l’une des plus grandes entreprises laitières de Chine, le Groupe Yili a réussi à intégrer les « deux objectifs carbone » dans sa stratégie de développement. Il a commencé il y a plus de dix ans à mener l’inventaire de ses émissions de carbone et à calculer l’empreinte carbone en son sein et dans la chaîne industrielle. Ses usines ont remplacé leurs chaudières à charbon par des chaudières au gaz naturel, à l’exception de celles situées dans des régions où il n’y a pas d’approvisionnement local en gaz naturel. Grâce à la récupération de chaleur résiduelle et à des thermopompes, l’économie d’énergie dépasse 100 millions de yuans chaque année. En 2020, 24 usines du Groupe Yili ont passé la certification du système de management de l’énergie, et 19 usines ont été classées usines vertes au niveau national par le ministère de l’Industrie et de l’Informatisation.
En appliquant les technologies de l’intelligence artificielle et de la protection de l’environnement les plus avancées, Mitsubishi Electric (China) a développé, dans le processus visant à atteindre l’objectif de neutralité carbone, une solution globale baptisée « E-JIT » qui est destinée à encourager le développement de la Chine vers un modèle écologique. Ni Yueyong, directeur du département protection de l’environnement de l’entreprise, a expliqué que cette solution intègre les technologies et l’expérience accumulées au fil des décennies par l’industrie manufacturière japonaise dans beaucoup de domaines tels que la fabrication, l’économe d’énergie et l’environnement.
Selon le rapport Zéro net d’ici à 2050 : feuille de route pour le secteur mondial de l’énergie publié par l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), parmi les technologies clés pour réaliser le « zéro émission nette » en 2050, 50 % d’entre elles ne sont pas encore matures.
« En plus des efforts intensifiés pour la R&D des technologies pour former une compétitivité internationale, cela nous oblige aussi à attacher de l’importance à l’innovation dans le domaine de la conception institutionnelle et du financement, pour accompagner l'innovation technologique, a fait remarquer Tang Xu, professeur à l’Université chinoise du pétrole. Il s’agit d’une garantie de base pour atteindre la neutralité carbone. »
