« Pour réaliser ses objectifs en matière de pic des émissions de carbone et de neutralité carbone, la Chine publiera des plans de réalisation et une série de mesures de soutien visant à plafonner ses émissions de CO2 dans les zones et secteurs clés, et mettra également en place un cadre politique ‘1+N’ », a déclaré mardi 12 octobre le président Xi Jinping dans un discours prononcé par liaison vidéo à Beijing au sommet des dirigeants de la 15e réunion de la Conférence des parties (COP15) à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique.
La Chine, pays hôte de la COP15, s’est engagée à plafonner ses émissions de CO2 d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Et quel est le rapport entre la réalisation de ces deux objectifs et la protection de la biodiversité ?
Guo Peiyuan, directeur général du cabinet conseil chinois indépendant SynTao, estime que la réalisation de ces deux objectifs est étroitement liée au changement climatique. « Si l’humanité n’arrive pas à bien se préparer pour faire face à ce problème, notamment l’augmentation des incidents météorologiques extrêmes et l’accélération de la désertification, cela impactera les habitats des espèces et nuira à la diversité biologique », a-t-il déclaré à Beijing Information, « Et si la biodiversité peut être conservée efficacement, le nombre et la superficie des habitats des espèces augmenteront, aidant ainsi l’humanité à lutter contre le changement climatique et la Chine à réaliser ses objectifs ».
« Si la question climatique attire l’attention de tous, c’est parce qu’elle exerce un impact énorme et désastreux sur l’habitat humain et l’écosystème de la Terre », a noté Zhou Jinfeng, secrétaire général de la Fondation chinoise pour la conservation de la biodiversité et le développement vert, à Beijing Information. Prenons l’exemple de l’écosystème marin : lorsque le changement climatique élève la température moyenne de la surface de la Terre d’un degré, les êtres humains ne le perçoivent pas particulièrement, mais elle sera fatale pour le corail. Surnommés la « forêt tropicale de l’océan », les récifs coralliens abritent en effet une variété d’espèces marines et constituent l’un des écosystèmes les plus sensibles. Si la température de la mer dépasse une certaine limite, le corail abandonnera les zooxanthelles et blanchira. Si les zooxanthelles ne reviennent pas, le corail mourra. Dans les cas graves, l’équilibre de l’écosystème des récifs coralliens sera détruit et une grande quantité d’espèces marines disparaîtront en conséquence.
« L’essentiel du problème climatique, c’est la crise de biodiversité », a confirmé M. Zhou. Selon lui, il faut se garder d’appliquer la même solution toute faite. « Pour réaliser l’objectif de réduction des émissions de carbone, des forêts artificielles avec une seule espèce d’arbre ont été plantées dans plusieurs régions en Chine, avec pour résultat une perte de biodiversité et un affaiblissement des écosystèmes. Le reboisement n’est absolument pas l’unique remède pour réduire les émissions de carbone, car les habitats naturels sont limités », a-t-il remarqué. Dans la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité, il faut prendre des mesures appropriées en fonction des situations spécifiques afin d’obtenir un résultat 1+1>2, préconise-t-il enfin.