|
|
|
|
Un héritage vert à préserver |
|
Xia Yuanyuan · 2019-05-29 · Source: Chinafrique | |
Mots-clés: Babusha; désertification; Chine; environnement |
Peu d’entre nous ont entendu parler de Guo Wangang. Qu'à cela ne tiennent, l’œuvre à laquelle il a consacré sa vie revêt une importance nationale en Chine. Loin des projecteurs de la gloire, cet écologiste de 67 ans porte une énorme responsabilité sur ses épaules : il est le gardien de la ferme forestière de Babusha à Gulang, un district de la province du Gansu, au nord-ouest du pays.
Les écologistes de la seconde génération travaillent ensemble à stabiliser les dunes du désert de Babusha. (XINHUA)
Guo n’est pas le seul à lutter contre la désertification dans la région. Son père et cinq autres agriculteurs locaux ont lancé cette initiative dès le début des années 1980. Maintenant, son fils et un nombre croissant de jeunes prennent la relève.
Le 30 mars, les autorités centrales ont décerné à Guo et à ses collègues le titre de « modèle de notre époque » pour leurs efforts inlassables dans la lutte contre la désertification.
Au cours des 38 dernières années, Guo et les autres agriculteurs, qui, ensemble, représentent trois générations, ont reboisé 14 467 hectares de désert et assuré la protection de 25 000 hectares de terres, permettant aux arbres et à la végétation de s’y régénérer. Ces efforts ont transformé leur ville natale – une région autrefois aride et inhospitalière où les terres agricoles étaient durement affectés par l’érosion des sols – en un espace vert et habitable.
Des pionniers verts
Dans les années 1970, Babusha, une étendue d’énormes dunes située à l’extrémité sud du désert de Tengger couvrant 5 000 hectares s’est progressivement avancée vers le sud, menaçant le développement social et économique et les moyens de subsistance des habitants du district de Gulang.
Face à cette menace, Shi Man a voulu agir. En 1981, cet agriculteur de 56 ans a volontairement pris l’initiative d’inverser cette tendance à la désertification. Très vite, cinq autres villageois se sont joints à lui. Après avoir signé un contrat avec le gouvernement local, les agriculteurs ont été autorisés à cultiver des arbres sur une superficie de 75 000 mètres carrés dans le but d’améliorer la capacité d’absorption du sol et d’empêcher le sable de progresser davantage.
Ensemble, ils ont planté en damier des bouleaux et des ormes, qu’ils ont entourés d’une barrière de sable pour protéger le sol. Étant donné les conditions naturelles difficiles, au début, le taux de survie des jeunes arbres n’était que de 30 %.
Malgré tout, Shi n’a jamais perdu son optimisme.
« Tant qu’il y aura un seul jeune arbre vivant, il y aura de l’espoir pour nos efforts de lutte contre la désertification », a-t-il dit. Malgré les nombreuses pertes parmi les arbres nouvellement plantés, les six fermiers étaient déterminés à ne pas succomber aux avancées du désert. Pas question pour eux de devenir des réfugiés écologiques. C’était un combat qu’ils se devaient de gagner.
« À cette époque, mon père, Guo Chaoming, et cinq autres compagnons de notre village, dont Shi Man, faisaient tout le travail de manière bénévole, malgré le fait qu’ils n’arrivaient même pas se nourrir eux-mêmes », a expliqué Guo Wangang.
Plus de 10 ans plus tard, les efforts de ces six écologistes courageux ont finalement commencé à porter fruit. Le rythme de la désertification s’est ralenti et la production céréalière a augmenté. La moitié des dunes de Babusha sont maintenant recouvertes d’une végétation florissante.
Guo Wangang inspecte des arbres dans le désert de Babusha. (XINHUA)
Les déserts reculent
Dans les années 1990, les six agriculteurs qui avaient lancé à l’origine les travaux de boisement du désert ont passé le flambeau vert à la génération suivante.
Malgré les difficultés dans la lutte contre l’avancée des déserts, la deuxième génération a pleinement assumé la responsabilité de ses pères. Pelles à la main, ces jeunes ont continué le travail amorcé par leurs parents : planter des arbres pour transformer les dunes en terre verte.
Mais ces écologistes de la deuxième génération se sont vite rendu compte qu’ils avaient besoin d’élargir leur équipe, car la lutte contre la désertification exigeait beaucoup plus de main-d'œuvre que ce que les six familles étaient en mesure de fournir. « Nous avons donc décidé de lancer une nouvelle entreprise », a expliqué Guo.
En 2009, avec Guo en tête, la ferme Babusha Luyuan Co. Ltd. a été créée. Lui et son équipe ont signé un contrat avec le gouvernement local pour étendre leur projet de boisement à une autre zone à risque de désertification à Heigangsha, également dans le district de Gulang, à 25 km de Babusha.
La ferme a introduit le concept de gestion moderne pour encourager davantage d’agriculteurs locaux à s’engager dans la lutte contre la désertification en participant aux efforts de la ferme. En plus de planter des arbres, la ferme favorise également le développement de la sylviculture et de l’agriculture afin d’augmenter les revenus des agriculteurs. Après plusieurs années de bonne gestion et de protection, la région de Heigangsha est maintenant recouverte de plantes et de fleurs, et est même devenue un habitat pour certains animaux sauvages.
« Planter des arbres a permis de restreindre l’avancée du désert. Les tempêtes de vent dans la région de Babusha ont diminué et la ligne de sable à Gulang a reculé de 15 km », a déclaré Guo.
De bénévoles à professionnels
Une autre transformation amorcée par les écologistes de la deuxième génération est l’adoption de méthodes novatrices et scientifiques pour lutter contre la désertification, au lieu des pioches et pelles traditionnelles.
En 2016, la ferme a entamé une réforme à grande échelle en mettant de l’avant de nouvelles idées scientifiques et novatrices en matière de lutte contre la désertification, comme l’utilisation d’outils et de techniques de surveillance par télédétection pour observer les changements dans les terres sablonneuses et renforcer les prévisions concernant les ravageurs.
Guo Xi, le petit-fils de Guo Chaoming, aujourd’hui écologiste de troisième génération, a hérité de la mission de patrouiller les forêts. Chaque jour, il conduit un camion arroseur dans la zone transformée pour arroser les arbres et les fleurs et surveiller l’état de la forêt au moyen d’une technique de télédétection.
Après près de quatre décennies, grâce aux efforts combinés de trois générations, le district de Gulang, autrefois menacé par la désertification, a été transformé en un « corridor vert ». C’est aujourd’hui une ferme forestière dynamique, où des fruits et légumes sont cultivés à l’abri d’une couverture végétale abondante. Et plus important encore, la production céréalière de la région a augmenté de manière significative, ce qui a entraîné une hausse des revenus des agriculteurs, selon Guo. Tous ces changements ont incité plus de 30 000 personnes des régions environnantes à s’installer dans ce district autrefois menacé de disparition.
Pour vos commentaires : xyy@chinafrica.cn
Liens: |
|
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine
京ICP备08005356号 京公网安备110102005860号