En apprenant l'inscription du Hoh Xil sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, Chuenpen Tashi, dont le père et l'oncle sont morts en patrouillant sur cette terre vierge, a été très ému.

M. Tashi est également patrouilleur de montagne au Hoh Xil, région située dans la préfecture autonome tibétaine de Yushu, au sein de la province chinoise du Qinghai (nord-ouest). Le Hoh Xil signifie "belle jeune femme, montagne bleue" en mongol.

Le site a récemment été inscrit sur la liste lors de la 41e session du Comité du patrimoine mondial à Cracovie, en Pologne. Il est ainsi devenu 51e site chinois de cette liste.

Le Hoh Xil, situé à une altitude moyenne de plus de 4 600 mètres, est l'habitat idéal des antilopes tibétaines. Il abrite également environ 230 espèces d'animaux, dont la gazelle tibétaine et le yack sauvage.

Des années de patrouilles ont permis l'augmentation de la faune sauvage, mais a également apporté son lot de malheurs à la famille de M. Tashi. En 1994, son oncle a été tué par des braconniers, et quatre ans plus tard, son père est mort en patrouillant dans les montagnes.

"Je suis vraiment très content pour le Hoh Xil", a indiqué M. Tashi. "Je patrouille dans les montages depuis toujours, et son inscription définitive sur la liste de l'UNESCO signifie beaucoup pour moi".

PATROUILLE DANS LES MONTAGNES A LA LUEUR DES BOUGIES

A l'extérieur du Bureau de la protection du Hoh Xil, M. Tashi et ses collègues chargent de la nourriture, des couettes et de l'huile dans un SUV. Avant de démarrer, il serre fort contre lui les membres de famille et les embrasse sur la joue.

Ainsi débute une patrouille des montagnes.

Actuellement, plus de 70 personnes sont employées par le Bureau administratif de la réserve naturelle nationale du Hoh Xil pour patrouiller afin de protéger les animaux sauvages. Plus de 90% des patrouilleurs sont originaires de l'ethnie tibétaine.

Dans les années 1980, le Hoh Xil a été assailli de braconniers venus chasser les antilopes tibétaines pour leur peau, transformée en châles.

Selon des statistiques, à la fin du 20e siècle, le nombre d'antilopes tibétaines au Hoh Xil était passé de plus de 200 000 à moins de 20 000 individus.

"Auparavant, le budget était limité, donc lors des patrouilles, nous devions vivre sous la tente et nous éclairer à la bougie", se souvient M. Tashi. "Les tentes ont souvent été attaquées par des ours".

Durant ces patrouilles difficiles, les patrouilleurs se nourrissaient de nouilles instantanées et de crêpes. En raison de la haute altitude, il fallait qu'ils utilisent un autocuiseur pour cuire les nouilles.

En 1996, la réserve naturelle a été créée pour protéger les animaux, et elle a été classée au niveau national en 1997.

Grâce aux intenses efforts de protection, la population d'antilopes tibétaines a commencé à augmenter durant ces années, et le Hoh Xil compte actuellement plus de 60.000 antilopes.

"Nous essayerons de laisser la zone intacte et de faire en sorte que les espèces prospèrent", a indiqué Wu Dejun, chef du Parti pour la préfecture autonome tibétaine de Yushu. "Nous lancerons également une campagne d'éducation pour que la population prenne davantage conscience de l'importance qu'il y a à mieux protéger le Hoh Xil."

"Je suis fier de cette terre", a affirmé M. Tashi. "Je continuerai à protéger les montagnes".