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Les ailes du progrès |
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EHIZUELEN MICHAEL MITCHELL OMORUYI* · 2025-03-03 · Source: La Chine au présent | |
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L’économie de basse altitude, secteur émergent répondant à des besoins divers dans les domaines commercial, industriel, civil et militaire, présente un potentiel de transformation majeur pour des industries telles que la logistique, le transport, le tourisme, les soins de santé, l’agriculture et les infrastructures. Alors qu’en Chine cette économie connaît une expansion rapide, l’Afrique pourrait tirer profit de cette dynamique, notamment grâce à l’utilisation accrue des drones dans des secteurs vitaux.
En Chine, l’économie de basse altitude se développe à un rythme impressionnant. Selon le Rapport sur le développement de l’économie de basse altitude de la Chine 2024, publié par le Centre chinois pour le développement de l’industrie de l’information, ce secteur a dépassé les 500 milliards de yuans en 2023, enregistrant une croissance de 33,8 %. D’ici fin 2025, il pourrait atteindre 1 500 milliards de yuans et dépasser les 3 500 milliards de yuans d’ici 2035, selon les projections de l’Administration de l’aviation civile de Chine.
En Afrique, le potentiel de l’économie de basse altitude est considérable pour stimuler le développement économique. L’utilisation des drones, notamment pour la surveillance agricole, la livraison de soins de santé, l’aide humanitaire ou encore la gestion des infrastructures dans des zones reculées, démontre déjà son efficacité. Ces technologies peuvent améliorer la connectivité sur de vastes distances, faciliter l’accès aux services essentiels, dynamiser les économies rurales, accélérer les interventions en cas de catastrophe et créer de nouvelles opportunités d’emploi, notamment dans la logistique et l’agriculture.
Le directeur des relations publiques de l’Agence de presse du Nigeria (d.) photographie un drone de livraison de JD.com, le 28 juin 2019.
Levier de croissance
L’agriculture demeure un pilier de l’économie africaine. D’ici 2050, la population du continent devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants, rendant indispensable l’amélioration de la productivité agricole. Face aux défis liés à l’augmentation des coûts de production et à l’instabilité climatique, l’adoption de pratiques agricoles innovantes devient cruciale pour maximiser les rendements tout en optimisant l’utilisation des ressources.
Dans ce contexte, la coopération avec la Chine joue un rôle déterminant. Leader de l’économie de basse altitude, la Chine a su moderniser son agriculture grâce aux avancées technologiques, notamment par l’usage des drones pour la pulvérisation des cultures, l’irrigation et la gestion du bétail. Le transfert de ces technologies aux pays africains leur offrirait une opportunité précieuse d’accroître leur production agricole, d’améliorer leur sécurité alimentaire et de renforcer leur position sur les marchés internationaux.
Par ailleurs, bien que l’Afrique ne soit pas encore un acteur majeur de l’économie de basse altitude dans le domaine du transport, l’essor des aéronefs innovants, des batteries performantes et de la gestion intelligente du trafic pourrait profondément transformer la mobilité urbaine et interrégionale. Ces avancées pourraient faciliter le transport dans les zones où les infrastructures sont limitées, favorisant ainsi la connectivité, l’intégration régionale et la création de nouvelles opportunités économiques.
Des participants au 2e Forum sur la coopération agricole sino-africaine observent un drone en démonstration dans un parc agricole à Sanya (Hainan), le 4 novembre 2023.
Le rôle de la Chine
Les investissements chinois dans les infrastructures aéronautiques africaines ont déjà contribué à l’essor de l’économie de basse altitude, notamment dans l’aviation générale. La Chine a soutenu la construction, la rénovation et la modernisation des aéroports africains, ainsi que la formation des professionnels du secteur. À ce jour, entre 27 et 38 milliards de dollars ont été investis dans 77 projets aéroportuaires en Afrique, dont environ un tiers financé par la Chine.
Outre le développement des infrastructures, la Chine se positionne également comme un fournisseur clé d’aéronefs de basse altitude, notamment de drones et d’avions légers, tout en assurant un soutien technique pour leur exploitation et leur maintenance. Un exemple marquant est l’accord signé en décembre 2024 entre Agogo Airtaxi, entreprise nigériane, et Aloong, fabricant chinois d’aéronefs. Cette collaboration prévoit la livraison de dix avions à huit places, avec une commande supplémentaire de 100 appareils sur les quatre prochaines années. Ces avions seront utilisés pour des missions de secours médical, d’intervention d’urgence et de logistique à courte distance. En parallèle, la coopération sino-africaine dans le domaine spatial contribue à fournir des données essentielles au développement de l’économie de basse altitude en Afrique.
Le tourisme de basse altitude constitue un autre axe prometteur de la coopération sino-africaine. Avec une demande croissante pour des expériences de voyage uniques et haut de gamme, ce secteur pourrait bénéficier du savoir-faire chinois en matière d’aviation légère et de gestion du trafic aérien.
La Chine pourrait ainsi aider les pays africains à exploiter ce marché en développant des offres de vols panoramiques au-dessus des parcs nationaux, des sites historiques ou des paysages isolés. Ces nouvelles perspectives sur la faune, les sites archéologiques ou les sentiers de montagne attireraient une clientèle en quête d’expériences inédites, générant des revenus supplémentaires pour les communautés locales.
De plus, l’essor du tourisme de basse altitude pourrait améliorer la connectivité entre les nations et les régions insulaires africaines, comme les Seychelles et Zanzibar, en facilitant les déplacements et en dynamisant l’économie du tourisme. Toutefois, pour maximiser les bénéfices de ce secteur, il sera essentiel d’adopter une approche durable, d’élaborer une législation adaptée et de planifier son développement avec soin.
L’économie de basse altitude représente une opportunité majeure pour la coopération sino-africaine, notamment dans les secteurs de l’agriculture, des transports et du tourisme. En s’appuyant sur l’expertise et les investissements chinois, les pays africains peuvent moderniser leurs infrastructures, accélérer leur développement économique et renforcer leur compétitivité sur la scène mondiale.
Pour tirer pleinement parti de ces opportunités, il est crucial que les pays africains mettent en place des politiques favorisant l’innovation, l’investissement et la durabilité dans ce secteur en pleine expansion. L’essor de l’économie de basse altitude en Afrique dépendra de la capacité des gouvernements et des acteurs économiques à structurer ce marché, à créer un cadre réglementaire adapté et à encourager les initiatives locales.
L’Afrique est à l’aube d’une transformation majeure. La coopération avec la Chine pourrait jouer un rôle clé pour propulser le continent dans une nouvelle ère où la technologie aérienne devient un moteur de croissance et d’innovation.
*EHIZUELEN MICHAEL MITCHELL OMORUYI est directeur exécutif du Centre d’études nigérianes de l’Institut d’études africaines à l’Université normale du Zhejiang.
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