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Plaidoyer pour la coopération dans les véhicules électriques

WEI HONGCHEN, membre de la rédaction  ·  2024-11-18  ·   Source: La Chine au présent
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Il fallait être à la 7e Exposition internationale d’importation de la Chine (CIIE) à Shanghai si vous vouliez vous familiariser avec les dernières tendances du secteur automobile. Sur les six espaces d’exposition, celui consacré aux automobiles a été particulièrement apprécié, avec les récentes technologies de pointe et les nouveaux modèles, notamment les véhicules électriques (VE). Les constructeurs automobiles allemands tels que BMW, VW et Mercedes Benz ont rivalisé pour susciter l’intérêt des consommateurs avec des modèles développés spécifiquement pour le marché chinois, pour lesquels high-tech et efficacité sont les maîtres-mots. 

Les VE sont actuellement au centre des tensions économiques entre la Chine et l’Union européenne (UE). Pour Ferdinand Dudenhöffer, expert allemand qui a longtemps été directeur du CAR-Center Automotive Research à Duisbourg, puis a fondé une nouvelle société, Ferdi Research GmbH, basée à Bochum (Allemagne), les constructeurs automobiles chinois sont déjà en avance sur leurs concurrents allemands dans de nombreux domaines. Il n’est pas favorable aux droits compensateurs imposés par la Commission européenne sur les VE chinois. Comme il l’explique à La Chine au présent, cela ne fait que nuire à l’UE.  

   

La Chine au présent : Quelle est la part de marché de la Chine pour les VE dans le monde ? 

Ferdinand Dudenhöffer : La Chine a développé depuis plusieurs décennies de manière très systématique un savoir-faire dans le domaine des batteries lithium-ion. CATL est aujourd’hui le plus grand fabricant de batteries au monde. Cela signifie que la Chine est la plus compétitive en termes de coûts. La balance penche donc en faveur des entreprises chinoises. Étant donné que les batteries représentent jusqu’à 40 % du coût d’un VE, les constructeurs chinois bénéficient d’un net avantage en termes de coûts et de prix. L’Europe a raté cette évolution parce que nous sommes peu visionnaires. La Chine a, quant à elle, acquis un avantage concurrentiel naturel au fil des décennies. La Corée du Sud dominait autrefois le secteur des batteries, mais c’est désormais la Chine qui détient une place centrale. 

 

La concurrence s’est donc intensifiée pour les entreprises allemandes ? 

C’est exact. Toutefois, les constructeurs automobiles allemands peuvent également profiter des avantages concurrentiels naturels de la Chine, s’ils travaillent avec des entreprises chinoises, par exemple dans le domaine des batteries. Le marché automobile mondial est vaste et offre un espace aux constructeurs allemands et chinois. Mais pour cela, nous avons besoin des Chinois et non du découplage, comme semble le vouloir la Commission européenne. 

 

Selon vous, quelles sont actuellement les plus grandes différences entre les constructeurs automobiles chinois et allemands ? 

Des enquêtes auprès de clients chinois donnent des résultats très intéressants. Pour résumer, les jeunes consommateurs chinois préfèrent acheter des produits nationaux. Pour eux, Porsche, BMW, Mercedes et Audi sont les voitures de la génération de leurs parents. La jeunesse chinoise veut des VE modernes dotés d’habitacles intelligents et de fonctions de conduite autonome. Et ils sont développés en Chine par Xiaomi, Nio, Xpeng et Chery entre autres. 

 

Et cela constitue un défi pour les constructeurs automobiles allemands ?  

Exactement. Alors que Tesla et les constructeurs chinois tels que BYD, Chery, Geely, Li-Auto, Nio, Xiaomi et XPeng sont en expansion grâce aux nouvelles technologies, les ventes des constructeurs automobiles allemands s’effondrent à une vitesse record. La valeur des marques presque sacrées des constructeurs automobiles allemands fond comme neige au soleil en Chine.

 

Dans quels domaines les constructeurs allemands sont-ils particulièrement en retard ? 

Les procédés de production tels que la technologie intégrée de moulage sous pression, qui réduit considérablement les coûts de production, ne sont pas à l’ordre du jour des constructeurs automobiles allemands. Mais les Chinois en raffolent. Avec le concept de « véhicule conçu autour du logiciel » (SDV), les géants technologiques chinois, tels que Huawei, Baidu et Tencent, travaillent en étroite collaboration avec le secteur automobile national et font passer l’automobile à un nouveau niveau. En Chine, il existe une excellente infrastructure numérique pour la voiture du futur, tandis qu’en Allemagne, des efforts sont déployés pour pallier les zones d’ombre. Nous sommes de plus en plus acculés en raison d’énormes désavantages en matière de coûts et de lenteur dans les sites allemands.  

 

Cela signifie donc un changement de cap pour les constructeurs automobiles allemands ? 

C’est vrai, et rapidement. Le bilan des prochains trimestres ne sera guère différent des mauvais résultats actuels. Un réalignement a également beaucoup à voir avec l’apprentissage auprès de Tesla et de la Chine. Vous ne pouvez pas faire ça en Allemagne. Pour ce faire, il faut se rendre en Chine pour le développement de véhicules. 

 

Fin octobre, la Commission européenne a décidé d’imposer des droits compensateurs pendant cinq ans sur les VE chinois. Qu’en pensez-vous ? 

Comme beaucoup dans le secteur automobile, je dis aussi que les droits de douane sont une catastrophe ! La Commission européenne nuit à l’Allemagne, au secteur automobile allemand et à notre bonne coopération avec les entreprises chinoises. Les droits eux-mêmes ne semblent guère fondés sur des faits. Ils semblent être très arbitraires, plutôt une action politique soutenue par la France. Maintenant que Donald Trump a remporté l’élection présidentielle aux États-Unis, l’Allemagne a besoin d’entretenir de bonnes relations avec la Chine. Parce que Trump va « harceler » l’Allemagne et le secteur automobile allemand. La Commission européenne agit contre l’Allemagne avec ses droits compensateurs. Si vous voulez mon avis, je dis que c’est dommage. La Commission européenne porte préjudice à son propre secteur automobile par ses actions, ce qui est incompréhensible.  

 

Et comment cette décision affectera-t-elle les fabricants et les clients ? Quel impact les droits compensateurs auront-ils sur les VE chinois ? 

Les prix des VE en provenance de Chine vont artificiellement augmenter. Cela signifie que moins de gens en achèteront et que le changement climatique ne ralentira pas. Dans le même temps, les opportunités de développement de la production de batteries en Europe sont réduites à néant à mesure que le marché des VE diminue. Si aucun VE n’est vendu, plus besoin d’usines de batteries, subventionnées par des milliards de dollars provenant de Bruxelles et des contribuables. De plus, nos constructeurs automobiles ont actuellement des difficultés à vendre leurs modèles électriques en Chine. Nous aurions certainement une chance pour notre secteur des batteries si nous vendions davantage de VE sur notre marché intérieur, l’Allemagne. La demande mondiale de VE allemands augmenterait alors considérablement. En bref, notre secteur automobile ne bénéficie pas des économies d’échelle qui seraient nécessaires pour être compétitif, comme en Chine. Les droits compensateurs ont non seulement un effet négatif à court terme, mais nuisent également à l’avenir du secteur automobile allemand. Bruxelles cause des dégâts au secteur automobile européen sur le long terme. 

  

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