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La relance économique chinoise suscite l'optimisme |
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TAO XING* · 2024-10-31 · Source: La Chine au présent | |
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Les sociétés de bourse chinoises ont connu un pic d’activité pendant les congés de la Fête nationale du 1er au 7 octobre. Elles ont répondu à de nombreuses demandes d’ouverture de comptes ou de réinitialisation de mots de passe pour des comptes inactifs, et fourni des services de consultation en ligne 24/24 suite au fort rebond des marchés boursiers chinois juste à la veille des congés.
Sous l’effet des mesures de relance annoncées le 24 septembre, l’indice composite de référence de Shanghai a gagné plus de 15 % du 26 au 30 septembre, tandis que l’indice composite de Shenzhen a bondi de plus de 23 %. La valeur combinée des transactions à Shanghai et à Shenzhen a atteint un nouveau record en une seule journée de 2 600 milliards de yuans le 30 septembre. La reprise du marché s’est poursuivie après les congés, le volume des transactions atteignant 2 480 milliards de yuans le 8 octobre.
L’optimisme à l’égard des actions chinoises s’est également fait sentir à l’étranger. L’indice Nasdaq Golden Dragon des actions chinoises cotées aux États-Unis a progressé de 11 % lors de la séance du 26 septembre à New York, soit la plus forte hausse depuis plus de deux ans et demi.
Le discours autour des investissements en Chine a également changé. Dans une interview accordée à la chaîne d’information économique américaine CNBC le 26 septembre, le milliardaire américain David Tipper a déclaré que le moment était venu d’acheter en masse des actions chinoises.
L’équipe de stratégie d’investissement en Asie de JP Morgan a de son côté écrit dans un rapport en ligne le 1er octobre qu’elle augmentait ses perspectives de valorisation des actions chinoises et faisait passer la vision stratégique de « négative à neutre ». Goldman Sachs a aussi revu à la hausse ses prévisions pour les actions chinoises, les qualifiant de « surpondérées ». Ses analystes ont écrit dans une note publiée sur le site officiel de la société le 5 octobre que les actions chinoises pourraient encore augmenter dans une fourchette de 15 % à 20 %.
Des boursicoteurs suivent les cours dans un bureau de Nanjing (Jiangsu), le 8 octobre 2024.
Des mesures incitatives attendues
Tous ces changements sont le fruit d’une série de mesures plus importantes que prévu annoncées par la Banque populaire de Chine (BPC), la banque centrale chinoise, lors d’une conférence de presse conjointe le 24 septembre. Ce plan comprend la relance monétaire, le soutien au marché immobilier et le renforcement du marché des capitaux. Ces initiatives ont ravivé l’enthousiasme des investisseurs et renforcé la confiance des marchés dans la reprise économique et le développement de qualité de la Chine.
En termes de relance monétaire, la BPC a réduit le taux de réserves obligatoires (TRO), soit la part des dépôts que les banques sont tenues de conserver en réserve, de 0,5 point de pourcentage le 27 septembre, suite à l’annonce de son gouverneur Pan Gongsheng lors de la conférence. Avec la réduction du TRO, les banques commerciales sont autorisées à détenir moins de réserves, libérant ainsi environ 1 000 milliards de yuans de liquidités à long terme à injecter sur les marchés financiers.
Pour stabiliser et revitaliser le secteur immobilier, la BPC et l’Administration nationale de régulation financière ont lancé un train de mesures le 29 septembre, dans le prolongement de la conférence.
Les taux hypothécaires pour les résidences principales et secondaires doivent être réduits d’au moins 0,3 point de pourcentage en deçà du taux préférentiel d’ici le 31 octobre 2024 afin d’alléger le fardeau financier des propriétaires. Le taux d’apport minimum pour les prêts hypothécaires commerciaux pour les particuliers sera abaissé à au moins 15 % pour les achats de résidences principales et secondaires. Le mécanisme de tarification des taux d’intérêt des prêts hypothécaires commerciaux pour les particuliers sera affiné afin que les taux puissent être ajustés de manière dynamique en fonction des accords conclus entre les emprunteurs et les banques.
La BPC augmentera aussi les financements aux institutions financières, si elles émettent des prêts pour aider les entreprises publiques locales à acquérir des logements commerciaux construits mais invendus à des prix raisonnables pour les convertir en logements abordables.
Selon M. Pan, les nouvelles mesures devraient permettre de réduire encore davantage les intérêts des emprunteurs, ce qui pourrait bénéficier à 50 millions de ménages, soit environ 150 millions de personnes. Cette mesure devrait abaisser les dépenses des ménages au titre des intérêts d’environ 150 milliards de yuans par an en moyenne, ce qui contribuera à stimuler la consommation et l’investissement.
Pour soutenir le marché financier, la BPC introduira de nouveaux outils de politique monétaire pour assurer le développement stable des marchés boursiers. Il s’agit notamment de mettre en place un programme de swap qui permet aux organismes qui émettent des valeurs mobilières ou des fonds, et aux compagnies d’assurance d’accéder aux liquidités de la BPC en contrepartie du nantissement de leurs actifs. M. Pan a noté que cette initiative renforcera la capacité de ces organismes à obtenir des fonds et à augmenter leurs avoirs en actions.
La BPC a annoncé le 10 octobre qu’elle avait décidé de créer un mécanisme de swap pour ces organismes à hauteur de 500 milliards de yuans pour commencer.
Mieux gérer les anticipations
« Les initiatives récentes de la Chine s’alignent sur la logique appropriée de gestion des anticipations en matière de politique macroéconomique, une raison majeure de la récente envolée du marché », a déclaré Tian Xuan, vice-doyen et professeur titulaire de la chaire de finance à l’École de finance BPC de l’Université Tsinghua. Et d’ajouter que même des changements mineurs dans la politique monétaire peuvent influencer les anticipations, affectant ainsi les comportements en matière de production, d’investissement et de consommation, ce qui peut conduire à des fluctuations économiques. « Cela signifie que les acteurs économiques ne réagissent pas seulement aux politiques actuelles mais anticipent également celles à venir », a-t-il expliqué. La capacité de gestion des anticipations est en passe de devenir un nouvel instrument de choix dans la régulation macroéconomique. Cette théorie souligne que les décideurs politiques doivent se concentrer sur la manière dont leurs actions façonnent les anticipations du public, car celles-ci déterminent en dernier ressort l’orientation de l’économie, a-t-il noté. « L’objectif des mesures politiques doit être de devancer les attentes du marché. Réagir seulement quand les anticipations sont négatives conduit souvent à des dysfonctionnements. En période d’exception, la mise en place de politiques d’exception doit être audacieuse, en se concentrant sur le fait d’aller au-delà des anticipations et sur des mesures préventives pour gérer les anticipations à l’égard des mesures. »
Deux jours après la conférence de presse sur les mesures financières, le Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) a tenu une réunion, le 26 septembre, pour analyser la situation économique actuelle et présenter de nouvelles initiatives. La réunion a souligné l’importance de mettre en œuvre efficacement les politiques existantes, d’accélérer la mise en place de nouvelles mesures politiques et de les rendre plus ciblées et efficaces, dans le but d’atteindre les objectifs de développement socioéconomique fixés pour cette année.
« Les politiques couvrent la sphère monétaire, fiscale et industrielle. Une mise en œuvre efficace est essentielle », a précisé Liu Ying, directrice du département de recherche coopérative de l’Institut Chongyang d’études financières de l’Université Renmin de Chine. Elle a également souligné qu’en tant que grand pays manufacturier, la Chine devrait accélérer le développement des industries émergentes et d’avenir, telles que l’économie de basse altitude et l’information quantique, et favoriser de nouvelles forces productives de qualité. Le concept de « nouvelles forces productives de qualité » fait référence à la transition de la Chine vers une croissance axée sur l’innovation, le progrès technologique et le développement de haute qualité dans différents secteurs de l’économie. « Nous devons réfléchir à nos points de croissance économique, puis les saisir, les développer et les améliorer pour une croissance plus rapide. »
Des touristes affluent sur le site pittoresque du mont Mingsha et de la source du Croissant à Dunhuang (Gansu) lors des vacances de la Fête nationale, le 5 octobre 2024.
Consolider la confiance
Comme l’a souligné Zheng Shanjie, directeur de la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR), lors d’une conférence de presse le 8 octobre, l’économie chinoise est confrontée à des difficultés. L’environnement extérieur devient de plus en plus complexe et difficile. Les marchés internationaux sont confrontés à la volatilité, le protectionnisme commercial mondial est en hausse, et les facteurs d’incertitude et d’instabilité se multiplient, ce qui peut avoir un impact négatif sur la Chine par le biais des canaux commerciaux, d’investissement et financiers. Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international, la croissance économique mondiale devrait en effet s’établir à 3,2 % cette année, en baisse par rapport à l’année dernière. Les principales économies connaissent une croissance faible et un lourd endettement, et nombre d’entre elles ont récemment procédé à des baisses de taux d’intérêt.
Sur le plan intérieur, l’économie chinoise subit également une pression croissante à la baisse. Depuis juillet, les principaux indicateurs économiques, notamment la production industrielle, l’investissement et la consommation, ont connu des fluctuations. Certains secteurs sont confrontés à une concurrence accrue, tandis que d’autres ont du mal à s’adapter aux changements induits par l’optimisation et la transformation. En outre, certaines entreprises augmentent leur production sans voir leur chiffre d’affaires ou leurs bénéfices augmenter proportionnellement, et certains secteurs connaissent des difficultés d’exploitation, avec des risques considérables qui subsistent dans certains domaines.
La réunion du Bureau politique du Comité central du PCC tenue le 26 septembre a souligné l’importance d’adopter une vision globale, objective et lucide de la situation économique actuelle, d’affronter les difficultés avec franchise et de rester confiant.
« Rester confiant » est le thème général de la stratégie économique de la Chine, comme cela a également été exprimé lors de deux réunions précédentes organisées par le Bureau politique cette année. Lors de sa réunion du 30 avril, le Bureau politique a déclaré que l’économie chinoise disposait toujours d’une base solide, de nombreux atouts, d’une forte résilience et d’un énorme potentiel. Il a appelé à des efforts pour renforcer la confiance dans les activités économiques. La réunion du 30 juillet a par ailleurs été axée sur la sensibilisation aux risques, la préparation aux pires scénarios et le maintien de la détermination stratégique et de la confiance dans le développement du pays.
Le fait de « rester confiant » est corroboré par la stabilité des performances économiques de la Chine. Les fondamentaux de l’économie chinoise restent inchangés, avec des conditions favorables telles qu’un vaste marché, une forte résilience économique et un grand potentiel, a déclaré M. Zheng lors de la conférence de presse. Soutenu par les politiques existantes et nouvellement introduites, le sentiment du marché s’est amélioré, avec notamment une hausse de l’indice des directeurs d’achat, un indicateur économique qui mesure l’activité dans les secteurs manufacturier et des services, une remontée des marchés boursiers et une consommation robuste pendant les congés de la Fête nationale, a-t-il noté.
Selon M. Zheng, une série de mesures de réforme propices au développement économique seront mises en œuvre, notamment l’élaboration de directives sur la construction d’un marché national unifié, une nouvelle liste négative pour l’accès au marché et des mécanismes pour assurer une augmentation des investissements dans les secteurs d’avenir. La liste négative fait référence à la liste de secteurs ou d’industries dans lesquels les investissements étrangers sont limités, interdits ou soumis à des conditions spécifiques. La Chine élargira le catalogue des industries qui encouragent les investissements étrangers, dévoilera un nouveau groupe de grands projets d’investissement étranger, et ouvrira davantage sa politique de transit sans visa.
Au fur et à mesure que les nouvelles mesures produiront des effets, la vitalité économique de la Chine sera davantage libérée, la confiance du marché se renforcera et les bases d’un développement de haute qualité et d’une performance économique stable seront davantage consolidées, a remarqué Zhao Chenxin, directeur adjoint de la CNDR, lors de la conférence de presse du 8 octobre.
La Chine est confiante quant à sa capacité à maintenir une croissance économique stable et à atteindre son objectif de croissance annuelle d’environ 5 %, a déclaré M. Zheng lors de la conférence de presse.
*TAO XING est journaliste à Beijing Information.
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