Photo prise le 26 juillet 2024 montrant de la fumée aux couleurs du drapeau national français lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 à Paris, en France. (Xinhua/Wan Xiang)
Des organismes de recherche français ont récemment noté que les Jeux olympiques de Paris devraient stimuler l'économie française à court terme, mais que les effets positifs à long terme restent à observer.
Les JO de Paris 2024 devraient rehausser le PIB de la France au troisième trimestre de 0,3 point de pourcentage, portant le taux de croissance durant cette période jusqu'à 0,5%, selon une note publiée le mois dernier par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Les ventes de billets et les recettes de diffusion audiovisuelle ont un effet direct positif sur l'activité économique française au troisième trimestre, soit une contribution de 0,25 point de pourcentage, précise-t-on de même source.
Un autre facteur de "l'effet JO", si faible en raison de son incertitude, repose sur le nombre des touristes. Il ne contribuera que secondairement à la croissance du PIB au troisième trimestre, de l'ordre de 0,05 point de pourcentage.
Selon l'Insee, l'augmentation du nombre de touristes entraînera une hausse de l'utilisation des transports, ainsi qu'un surcroît de l'activité dans l'hôtellerie-restauration.
Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture de l'institut, a déclaré que la situation était comparable à l'impulsion donnée à l'économie britannique par les Jeux olympiques de Londres 2012, qui ont contribué entre 0,2 et 0,4 point de pourcentage à la croissance de 1% du PIB au troisième trimestre de la même année.
Le Centre de droit et d'économie du sport (CDES) de l'Université de Limoges a estimé qu'entre 2018, date du début des préparatifs des JO de Paris, et 2034, dix ans après l'événement, les retombées économiques de "l'effet JO" pour la région Ile-de-France, se situeront entre 6,7 et 11,1 milliards d'euros, avec une médiane d'environ 9 milliards d'euros.
Sur ce montant, 70% proviendraient de la construction et de l'organisation d'événements, soit 2,5 et 3,8 milliards d'euros respectivement, et 30% du tourisme, soit environ 2,7 milliards d'euros.
Le CDES estime que 84% de "l'effet JO" sera libéré pendant la phase de préparation et de déroulement des Jeux, tandis que le reste se fera sentir dix ans après les Jeux, principalement dans le secteur du tourisme, rapportant 201 millions et 1,2 milliard d'euros dans ce domaine à la région Ile-de-France.
Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme, estime lui aussi que l'impact positif des Jeux olympiques sur l'industrie touristique française continuera à se faire sentir dans les années à venir, parce que les JO "ont donné une image exceptionnelle de la France".
L'Office du tourisme de Paris s'attend à accueillir 15,3 millions de touristes pendant les Jeux, alors que Paris accueille habituellement environ 12 millions de visiteurs entre juillet et août.
Selon l'office, Paris a accueilli 650.000 touristes du 24 au 27 juillet, soit une augmentation de 16%, avec le nombre des Français qui a augmenté de 17,3% et celui des étrangers de 14,8%. La veille de la cérémonie d'ouverture, le nombre de touristes à Paris a augmenté de 34,6% en glissement annuel.
La fréquentation touristique à Paris a enregistré une baisse entre juin et juillet, ce qui avait été prévue, note Corinne Menegaux, directrice de l'Office du tourisme de Paris. Elle a souligné néanmoins que le mois d'août est traditionnellement très calme à Paris, mais que pour cette année il sera "très bon".
Actuellement, l'Office du tourisme de Paris prévoit que le premier week-end d'août, le taux d'occupation des hôtels parisiens sera près de 90%, le taux de réservation durant les Jeux paralympiques augmentera de 5 à 10% par rapport à la même période l'année dernière.
Les statistiques issues de la même source montrent aussi que pendant toute la période olympique, le taux d'occupation des hôtels parisiens sera supérieur à 80%, en hausse de 20% par rapport à l'année précédente, avec une augmentation de 60% du nombre de nuits réservées dans des meublés de tourisme.
Dans les régions Centre-Val de Loire, Champagne et Normandie, qui sont plus proches de Paris en voiture, l'"effet olympique" est également très évident. Selon Atout France, ce phénomène est en partie lié à la fréquentation des touristes étrangers venus dans la capitale.
Les épreuves olympiques étant réparties dans plusieurs villes de France, il existe plus de 1.000 centres de préparation aux Jeux un peu partout dans le pays, qui servent de base d'entraînement et de récupération aux 206 délégations olympiques. En fait, toutes les villes qui accueillent des événements olympiques et fournissent des sites d'entraînement bénéficieraient de l'"effet JO".
A Marseille, où se déroulent les épreuves olympiques de football et de voile, un cabinet financier a estimé que la ville littorale accueillera 825.000 spectateurs pendant les Jeux, avec des retombées économiques de 179 millions d'euros.
La ville de Clichy, dans les Hauts-de-Seine, près de Paris, a été choisie par la délégation britannique en 2022. Plus de 1.000 personnes, dont les 327 athlètes de la délégation britannique, leurs familles et leur personnel, y séjourneront dans cette petite ville pendant les Jeux.
Un lycée de la ville, qui a été rénové grâce à un investissement de la délégation britannique, est devenu un centre de haute performance pour la Team GB, ce qui représente aussi une amélioration qualitative de l'infrastructure sportive locale.
En termes d'emploi, les JO créeront près de 90.000 emplois en Ile-de-France dans des domaines tels que l'hôtellerie et la restauration, la sécurité, la logistique et le tourisme, selon les médias français.
Le Comité international olympique, quant à lui, prévoit que les JO de Paris créeront un total de 181.000 emplois et formeront 30.000 personnes à des compétences professionnelles.
Les professionnels du secteur estiment que l'accueil des Jeux renforcera sans aucun doute le "soft power" de Paris et de la France. Comme l'a déclaré Corinne Menegaux, "l'effet positif des JO doit se mesurer sur le long terme".