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Le protectionnisme n’est point la solution |
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MA LI, membre de la rédaction · 2024-08-02 · Source: La Chine au présent | |
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Stand des véhicules électriques de la marque chinoise BYD lors du Salon international de l’automobile IAA Mobility, à Munich (Allemagne), le 6 septembre 2023
Le 4 juillet, la Commission européenne a annoncé sa décision d’instituer un droit compensateur provisoire sur les importations de véhicules électriques chinois (VE) à partir du 5 juillet, à un taux allant de 17,4 % à 37,6 % pour une période maximale de quatre mois. Dans ce délai, une décision finale sur les droits définitifs doit être prise par un vote des États membres de l’UE. Si cette décision est adoptée, les droits deviendraient définitifs pour une période de cinq ans. Toutefois, les résultats du premier vote consultatif entre les États membres montrent que les gouvernements de l’UE sont profondément divisés sur la décision d’imposer ces droits. Le fort taux d’abstention reflète le scepticisme de nombreux États membres de l’UE quant aux avantages et aux inconvénients de cette décision.
La décision de l’UE d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les VE chinois pourrait être qualifiée de contre-productive, car elle nuit aux intérêts de nombreuses parties, sans que personne en bénéficie.
Pour les entreprises chinoises de VE, il s’agit d’un coup dur. Sur le marché européen, ces entreprises ont progressivement gagné la faveur des consommateurs grâce à la qualité et au prix raisonnable de leurs produits. Cependant, la hausse des droits de douane, allant jusqu’à 37,6 %, a considérablement augmenté le coût de leurs produits sur le marché de l’UE. Par conséquent, elles courent le risque de voir leur part de marché, déjà moindre, se réduire. Cela affecte non seulement les entreprises établies comme SAIC et BYD, mais aussi les nouveaux acteurs comme Nio et Leapmotor, qui prévoient d’étendre leurs activités en Europe.
Pour les consommateurs européens, l’augmentation des droits de douane signifie un coût plus élevé pour l’achat de véhicules électriques chinois. Cela pourrait inciter les consommateurs à réduire leur demande de véhicules électriques, sapant ainsi les efforts de l’UE pour promouvoir les véhicules électriques et la transition énergétique.
Reste à savoir si les droits de douane profiteront à l’industrie automobile européenne. La réponse est négative. Bien que l’UE prétende que cette mesure vise à protéger les constructeurs automobiles locaux, des entreprises comme BMW, Volkswagen et Mercedes-Benz ont exprimé leur désaccord, affirmant que cette décision serait préjudiciable à l’industrie automobile européenne, en particulier allemande.
En effet, cette mesure risque de déclencher une escalade du conflit commercial, perturbant l’ordre normal du marché et entravant le développement sain de l’industrie. Elle pourrait également perturber la coopération mutuellement bénéfique entre la Chine et l’Europe sur les véhicules à énergies nouvelles et fausser la chaîne de l’industrie automobile et la chaîne d’approvisionnement mondiales. Par exemple, la hausse des droits de douane a entraîné une flambée du prix de la Tesla Model 3 fabriquée en Chine en Allemagne et en France, tandis que les prix des véhicules Tesla en Israël ont été réduits de 10 %, ce qui contraste fortement avec la situation en l’Europe.
En outre, l’impact négatif de l’augmentation des prix sur l’économie européenne dans son ensemble ne peut être ignoré. Cette mesure pourrait accroître l’inflation à l’avenir et aggraver les difficultés de l’économie européenne, déjà confrontée à de multiples problèmes. Gitta Connemann, présidente de l’association syndicale des petites et moyennes entreprises, a critiqué l’UE pour ne pas avoir consulté les États membres et les entreprises concernées au préalable. Elle a souligné que de telles mesures ne feront qu’affecter l’économie à long terme et pourraient même aggraver l’inflation.
L’économiste allemand Ferdinand Dudenhöffer a critiqué sans détours la décision de l’UE d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les VE chinois, affirmant que cela ne pouvait non seulement pas protéger les entreprises automobiles européennes, mais aurait également un impact négatif sur elles. Il plaide pour une concurrence libre sur le marché et une coopération amicale entre toutes les parties.
L’Association de l’industrie automobile allemande a appelé à l’abandon des droits de douane temporaires et à la résolution de la question par le dialogue. Hildegard Müller, présidente de cette association, espère que l’UE et la Chine entameront un dialogue et s’efforceront de minimiser les risques. Elle a souligné que les échanges économiques et commerciaux avec la Chine fournissaient de nombreux emplois en Allemagne, et qu’une grande partie des fonds nécessaires à la transition des entreprises allemandes provenaient également du marché chinois.
La popularité des VE chinois sur le marché européen est le résultat de la concurrence sur le marché et du choix des consommateurs. L’imposition temporaire de droits de douane va à l’encontre du principe de la concurrence loyale et du libre-échange. La Commission européenne ignore les faits et les règles de l’OMC, ne tient pas compte des appels des gouvernements et des industries de plusieurs États membres de l’UE, et insiste pour prendre des mesures de protectionnisme commercial. Cela nuit non seulement aux droits et aux intérêts légitimes de l’industrie chinoise des VE, mais perturbe et fausse également la chaîne de l’industrie automobile et la chaîne d’approvisionnement mondiales, entravant la création d’un environnement commercial international juste et équitable.
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