Au terminal Hairun, un pont roulant orange fonctionne automatiquement, soulevant lentement des conteneurs de 40 pieds l’un après l’autre, les posant sur un véhicule porte-conteneurs autonome bleu. Ces conteneurs sont ensuite transportés dans une aire de stockage et placés sous une grue à portique.

Ayant grandi à Durban, la plus grande ville portuaire d’Afrique du Sud, Kashveer Raghunath n’est pas étranger aux terminaux portuaires. Mais lorsqu’il est entré dans le terminal Hairun, situé aux postes d’amarrage 4 à 6 de la section Haicang du port de Xiamen, ce qu’il a vu était totalement différent de ce qu’il avait vu dans sa ville natale.

M. Raghunath a remarqué que les opérateurs des ponts roulants se trouvaient à 2 km du terminal, dans la zone d’exploitation intelligente du building du terminal Hairun, où les machines sont surveillées et commandées par ordinateur. Les opérateurs peuvent contrôler les machines en appuyant simplement sur des leviers de commande et des boutons.

Haute technologie à portée de main

En juillet 2020, le terminal Hairun a été sélectionné par le groupe Xiamen Port Holding comme projet pilote du processus d’automatisation des terminaux traditionnels chinois, le pont roulant est d’ailleurs l’un des principaux axes de la transformation intelligente.

Su Jie, 42 ans, opérateur de pont roulant qui s’occupe du chargement et du déchargement depuis plus de 20 ans, apprécie beaucoup les changements apportés par cette transformation.

Il y a trois ans, il devait travailler dans une cabine située à une cinquantaine de mètres de haut pour faire fonctionner le pont roulant. « Je travaillais dans une petite cabine et je m’appuyais sur ma vision et mon expérience pour faire fonctionner le pont roulant. Il ne m’était jamais venu à l’esprit que je pourrais un jour contrôler le pont roulant depuis un bureau », déclare-t-il.

Xu Zhihong, vice-président du terminal Hairun, précise que dans les terminaux traditionnels, de nombreux opérateurs souffrent de maladies professionnelles en raison de la rigueur du travail et du stress, et doivent généralement changer d’emploi vers la quarantaine. Aujourd’hui, le système intelligent permet de faire fonctionner les équipements à distance, transformant les emplois de col bleu en emplois de col blanc.

L’opération à distance permet également à de plus en plus de femmes de travailler en tant qu’opératrices. Les grues à portique sont principalement responsables du chargement et du déchargement des conteneurs, ainsi que des marchandises en vrac. Auparavant, « en raison des conditions de travail difficiles et dangereuses, et des exigences physiques élevées, les femmes ne se lançaient pas dans ces postes », explique M. Xu. Aujourd’hui, plusieurs opératrices travaillent au terminal Hairun grâce au système d’exploitation intelligent. Avec trois écrans et une console devant elles, les opératrices peuvent soulever un conteneur de 30 tonnes en quelques secondes.

Amélioration de l’efficacité

Les ponts roulants et les grues à portique intelligents, ainsi que les véhicules à guidage automatique, ne sont pas les seules technologies intelligentes utilisées dans le terminal. Aujourd’hui, l’intelligence se retrouve dans toutes les fibres du terminal, notamment pour la numérisation automatique, l’identification des remorques ainsi que la dématérialisation des factures et des documents.

Jiang Jingyang, directeur du service de la supervision de la sécurité, de la technologie et de l’information de l’Administration portuaire de Xiamen, déclare que depuis 2020, le port de Xiamen passe de l’automatisation à l’intelligence grâce aux technologies telles que l’intelligence artificielle, les mégadonnées et la 5G.

La transformation et la modernisation du port ont joué un rôle important dans l’amélioration de l’efficacité de la manutention des marchandises. Au terminal Hairun, par exemple, la transformation intelligente a permis d’obtenir trois résultats majeurs : une augmentation de 10 % de la productivité générale, une réduction des coûts de main-d’œuvre d’environ 30 millions de yuans et une amélioration du niveau de service. L’efficacité de la circulation des véhicules a été multipliée par trois et celle du dédouanement dans l’ensemble du port a augmenté de 20 %. En termes de transformation verte et à faible émission de carbone, le taux d’économie d’énergie du terminal a atteint 18,9 %.

« Au cours du premier semestre de l’année, le terminal Hairun a continué à être optimisé et modernisé, atteignant un débit total de conteneurs de 483 200 EVP, soit une augmentation de 13,36 % en glissement annuel. Au second semestre, le terminal a continué de se moderniser », indique M. Xu.

Réduction de l’empreinte carbone

Le port de Xiamen vise également à une exploitation verte conformément aux objectifs de la Chine en matière de réduction des émissions de carbone et de neutralité carbone.

« Nous utilisions des grues de quai et des grues ferroviaires pour le chargement et le déchargement, et des camions pour le transport des marchandises, qui sont des sources d’émissions de carbone », commente Wen Mingcheng, directeur général adjoint de Xiamen Yuanhai Container Terminal Co. Ltd.

Aujourd’hui, cette situation s’est inversée. Xiamen, l’une des premières villes pilotes en Chine à mettre en place un système de transport à faible émission de carbone, a accéléré la construction de ports bas-carbone. Le débit de fret du port de Xiamen a augmenté, tandis que les émissions de carbone ont régulièrement diminué.

Selon les données publiées par l’Administration portuaire de Xiamen, par rapport à 2020, les émissions de CO2 du port par unité de production auront diminué de 10 % d’ici à 2025 et de 28 % d’ici à 2030, tandis que les émissions de CO2 par activité de transport auront baissé de 5 % d’ici à 2025 et de 12,5 % d’ici à 2030.

« Le terminal Hairun m’a impressionné par toutes ses installations de haute technologie. L’exploitation du port de Xiamen, axée sur la technologie, sert de modèle aux ports du monde entier », conclut M. Raghunath.