Le barrage des Trois-Gorges sur le fleuve Yangtsé, à Yichang (Hubei), le 20 avril 2022

Une équipe d’ingénieurs chinois et leurs homologues américains travaillent actuellement sur un projet de stockage d’énergie par gravité à Rudong (Jiangsu), non loin de Shanghai. Ce projet d’une capacité de 100 MWh et qui a nécessité un investissement de plus de 100 millions de dollars devrait entrer en service en 2023.

À ce sujet, Neil Bush, président de la Fondation George H.W. Bush pour les relations américano-chinoises, a déclaré lors de la 3e Conférence internationale sur la neutralité carbone et l’investissement vert à Shanghai le 8 novembre 2022 : « Pour lutter contre le changement climatique, nous devons voir de nombreuses autres collaborations de ce type invitant les meilleures technologies à être appliquées en Chine et dans le monde. »

Le projet à Rudong implique plusieurs partenaires internationaux. D’abord, China Tianying (CNTY), une société de gestion environnementale, qui est chargée de sa construction. Ensuite, Energy Vault, un développeur suisse de stockage de l’énergie qui a signé, début 2022, un contrat de licence de 50 millions de dollars avec Atlas Renewable, la filiale holding de CNTY basée à Houston aux États-Unis, pour l’utilisation de sa technologie exclusive de stockage d’énergie et de sa suite logicielle de gestion de l’énergie sur le marché chinois de l’électricité. Et enfin, le Centre national américain pour le développement durable (NCSD) qui fournit des conseils politiques.

« Il s’agit d’une parfaite opportunité axée sur le marché avec un soutien intégré en matière de politique, d’investissement et de technologie », s’est félicité Eric Fang, président du NCSD. « L’objectif de la Chine d’atteindre le pic de ses émissions de CO2 d’ici à 2030 et de réaliser la neutralité carbone d’ici à 2060 motive la collaboration technologique », a-t-il déclaré.

En effet, le projet à Rudong a bénéficié du soutien de l’ambassade de Chine aux États-Unis et de l’Association chinoise pour l’investissement, mais aussi de la part du NCSD et de Neil Bush avec ses institutions. D’après M. Bush, son établissement et ses propres activités commerciales visent à rassembler les différentes parties et à forger des liens diplomatiques et commerciaux.

L’attrait du marché chinois

Fin novembre de l’année dernière, la capacité totale de production d’électricité installée en Chine a atteint 2,51 milliards de kilowatts, soit une hausse de 8,1 % en glissement annuel, selon les données de l’Administration nationale chinoise de l’énergie (ANE).

L’immense marché chinois de l’énergie attire de nombreuses entreprises étrangères, comme en a témoigné la Conférence mondiale 2022 de promotion des investissements dans la région de la Grande Baie Guangdong-Hong Kong-Macao, tenue à Guangzhou (Guangdong) le 21 décembre. Siemens Energy AG y a annoncé la création d’une filiale à Shenzhen. Selon Xinhua, le géant allemand de la technologie énergétique avait fourni ces dernières années à la région 18 turbines à gaz lourdes et 41 turbines à gaz industrielles, avec une puissance totale de plus de 10 GW pouvant alimenter près de 17 millions de foyers en électricité.

Le marché chinois des énergies renouvelables a poursuivi son expansion au cours des onze premiers mois de l’année dernière, dans l’élan du développement vert du pays. À la fin de novembre dernier, la capacité installée de l’énergie éolienne avait augmenté de 15,1 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 350 millions de kilowatts, et celle de l’énergie solaire s’était élevée à 370 millions de kilowatts, soit une hausse annuelle de 29,4 %, selon l’ANE.

De plus, la Chine a réaffirmé son soutien à l’innovation technologique et au développement vert lors de la Conférence centrale annuelle sur le travail économique à Beijing les 15 et 16 décembre 2022, au cours de laquelle les dirigeants chinois ont fixé les priorités économiques du pays pour 2023. Le pays augmentera ses importations de technologies de pointe et se forgera de nouveaux avantages concurrentiels dans la poursuite de ses objectifs carbones.

« Notre plan de croissance est en phase avec le développement vert et les politiques carbones de la Chine », a indiqué M. Fang, soulignant qu’il y voyait un énorme marché des énergies renouvelables. « Le stockage de l’énergie et la transition énergétique, la décarbonisation, les investissements dans la technologie de l’hydrogène et la transformation numérique de l’industrie manufacturière sont également des secteurs de croissance clés en Chine », a-t-il précisé. Outre le stockage de l’énergie basé sur la gravité, M. Fang et ses partenaires développent des technologies éolienne, photovoltaïque, de l’hydrogène et de l’ammoniac entre autres. Leurs investissements dans ces domaines s’élèveraient, selon lui, à des centaines de millions de dollars au cours des trois prochaines années. « En outre, nous espérons promouvoir la coopération technologique entre la Chine et les États-Unis dans le cadre de leur Déclaration conjointe de Glasgow sur le renforcement de l’action climatique dans les années 2020 », a-t-il ajouté.

Ce document, publié lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Glasgow au Royaume-Uni en avril 2021, a défini les domaines prioritaires de la coopération sino-américaine, dont l’intégration de l’énergie solaire, du stockage de l’énergie et d’autres solutions d’énergie propre.

L’industrie automobile à énergies nouvelles en plein essor en Chine a aussi fait naître des ambitions auprès d’entreprises internationales, à l’instar de Yasaki (China) Investment. Le fabricant de composants automobiles a annoncé être prêt à faire de nouveaux investissements dans le pays, selon Xinhua.

Un technicien inspecte les toitures photovoltaïques d’une entreprise située dans l’arrondissement de Jimo, à Qingdao (Shandong), le 4 mai 2022.

Confiance dans la reprise économique chinoise

Sur fond d’économie mondiale morose et de protectionnisme croissant, les décideurs politiques chinois ont réitéré l’engagement du pays à ouvrir davantage son marché. La preuve en est que les investissements directs étrangers dans la partie continentale de la Chine ont augmenté de 12,2 % en glissement annuel pour atteindre 178 milliards de dollars au cours des onze premiers mois de 2022, selon les statistiques du ministère chinois du Commerce.

La Chine redoublera d’efforts pour attirer les capitaux étrangers. Elle élargira l’accès à son marché, ouvrira davantage son secteur de services modernes et veillera à ce que les entreprises à capitaux étrangers bénéficient du même traitement que les nationales, selon un communiqué de presse officiel à l’issue de la Conférence centrale sur le travail économique.

Après que les nouvelles mesures de réponse au COVID-19 de la Chine ont assoupli les restrictions sur les activités socio-économiques début décembre 2022, de nombreux gouvernements locaux ont organisé des salons commerciaux internationaux et envoyé des délégations à l’étranger pour attirer des investissements. Par exemple, la Foire de Guangzhou a vu signer plus de 800 projets d’investissement totalisant 2 500 milliards de yuans.

M. Fang s’est montré optimiste quant à la reprise économique de la Chine compte tenu de l’ajustement de sa politique sanitaire. « C’est une étape importante pour soutenir le développement économique du pays et revenir progressivement à la normale », a-t-il déclaré. « L’engagement en face à face est crucial pour la coopération internationale lorsqu’il s’agit de consultations sur la collaboration technologique, le développement de la chaîne d’approvisionnement et la protection de la propriété intellectuelle », a-t-il poursuivi.

L’Administration chinoise de l’immigration a annoncé que les demandes de passeports des citoyens chinois pour le tourisme et les visites à l’étranger étaient de nouveau recevables depuis le 8 janvier 2023, et que les services pour les demandes de visas ordinaires et de titres de séjour des étrangers n’allaient pas tarder à reprendre.

Han Wenxiu, directeur adjoint du Bureau de la Commission des affaires financières et économiques du Comité central du Parti communiste chinois, a déclaré le 17 décembre 2022 que la politique sanitaire ajustée du pays aurait un effet positif majeur sur sa reprise économique tout au long de 2023, malgré les fluctuations à court terme. Il a aussi ajouté que le rythme de la reprise s’accélérerait au premier semestre, et encore davantage au deuxième trimestre, à mesure que la vitalité économique reprendra.

« La Chine, en tant que l’un des principaux moteurs économiques du monde, continuera de jouer un rôle dans la stabilisation de l’économie mondiale dans l’ère post-pandémique », a soutenu M. Fang.

*TAO XING est journaliste à Beijing Information.